
Au début de l’été, Lucas Wafflart, 18 ans, pensait avoir entre les mains la clé de son avenir. Grâce à la SAFER et au soutien actif de la Coordination rurale 47 (CR 47) et de la Chambre d’agriculture, la ferme familiale de Mauvezin-sur-Gupie, mise en vente après une liquidation judiciaire, lui était promise. Une première vente aux enchères, organisée le 19 juin, avait permis à la SAFER de se porter acquéreuse pour 10 045 euros, avec un projet clair : conserver l’exploitation pour Lucas, le temps qu’il termine ses études et puisse s’installer.
Mais le 30 juin, coup de théâtre. Un retraité de Marmande, ancien commerçant, dépose une surenchère à 11 050 euros. Un geste inattendu qui, en un instant, menace de balayer les efforts consentis pour préserver l’exploitation dans la famille. Les grands-parents de Lucas, toujours installés sur la ferme, voient planer le spectre d’une expulsion.
Une vague d’indignation et un soutien massif

Face à ce retournement de situation, la CR 47 et la Chambre d’agriculture montent immédiatement au créneau. José Pérez, coprésident de la CR 47, se dit « écœuré » et dénonce « un acte injuste, indigne des valeurs rurales ». Pour lui, l’enjeu dépasse la simple vente : « C’est tout le symbole de la transmission qui est en jeu, le droit d’un jeune à reprendre la ferme familiale », martèle-t-il.
La mobilisation est immédiate : appels à l’État, interpellation du préfet, pression médiatique et même une cagnotte en ligne pour aider Lucas qui dépasse les 100 000€. La situation se tend encore lorsque l’identité du retraité est dévoilée sur les réseaux sociaux, déclenchant un flot de menaces à son encontre. Bouleversé, l’intéressé assure n’avoir pas eu connaissance de l’histoire familiale entourant la ferme. Finalement, le 4 juillet dernier, l’homme de 80 ans annonce son retrait de la procédure, mettant un terme à la surenchère. Cette décision ouvre la voie à la confirmation du projet initial : la SAFER conserve l’exploitation pour Lucas, qui pourra la récupérer une fois son bac en poche et ses études agricoles terminées. En attendant, la famille pourra racheter la ferme pour le montant initial de 10 045 euros, dans un délai de trois ans.
« Un cas d’école »
Au-delà du soulagement, cette affaire a mis en lumière les difficultés croissantes rencontrées par les exploitations familiales, de plus en plus confrontées à des procédures de liquidation. « On voit trop souvent des fermes partir à vil prix, sans considération humaine », souligne José Pérez, qui voit dans ce dossier « un cas d’école ». Pour Lucas, cette issue heureuse résonne comme une renaissance. « Je veux juste récupérer la ferme et que tout ça s’arrête », confiait-il, épuisé, il y a quelques jours. La CR 47 promet, elle, de rester vigilante : « Nous ne lâcherons jamais un jeune qui veut s’installer », assurent ses responsables.
LA cr 47 devrait dans ses publications mettre le portrait de Lucas avec son visage poupin, car il est l’exemple de la lutte pour la survie de notre terre et de l’agriculture. C’est avec des jeunes de cette trempe que la France se relèvera.