Agriculture : « Il a tenu sa promesse. » A 18 ans, Lucas sauve la ferme familiale

Le feuilleton de l'été en Lot-et-Garonne a pris fin. Le jeune agriculteur a réussi à racheter la ferme de ses grands-parents, menacée de vente aux enchères.

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Jeudi 16 octobre, l’atmosphère était lourde dans la petite salle du tribunal d’Agen. À quelques mètres du juge, Lucas Wafflart, 18 ans, le regard fixé sur le pupitre des enchères. Face à lui, un autre candidat, représenté par une avocate, faisait grimper les prix sans ciller. Malgré les questions sur place, l’identité de ce dernier ne fut jamais dévoilé. « Je voulais juste sauver la maison de mes grands-parents », lâchera plus tard le jeune homme, soulagé mais encore tremblant. La ferme familiale de Mauvezin-sur-Gupie (Lot-et-Garonne), où ses grands-parents vivent depuis plus de quarante ans, était en liquidation judiciaire depuis plusieurs années. Mise à prix à 11 000 euros pour cette seconde vente, elle s’est finalement envolée à 115 000 euros, remportée par l’association Plan rouge agricole, mandatée pour Lucas.

Une histoire devenue symbole

L’affaire avait pris une ampleur nationale. Tout a commencé en juin, lors d’une première vente aux enchères. Le jeune homme, alors soutenu par la Safer de Nouvelle-Aquitaine, croyait avoir racheté la ferme de 37 hectares pour un peu plus de 10 000 euros, avant qu’un particulier ne dépose une surenchère de dernière minute. De quoi relancer toute la procédure. Entre indignation et solidarité, le Lot-et-Garonne s’est alors mobilisé : élus locaux, syndicats agricoles et anonymes ont prêté main forte au jeune agriculteur. Sur les réseaux sociaux, le mot d’ordre était clair : « Ne venez pas surenchérir ». Cette vague de soutien s’est traduite par une cagnotte en ligne dépassant les 130 000 euros, de quoi donner un nouvel espoir à Lucas et à sa famille.

« On aurait pu faire ça autrement »

Malgré cette solidarité, la vente de jeudi n’a pas échappé à la tension. Dans la salle, une trentaine d’agriculteurs, membres de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, commentent : « Certains sont prêts à briser des familles pour une parcelle de terre », déplorait José Pérez, président du syndicat, en sortant de l’audience. « Lucas aurait pu démarrer sa vie d’agriculteur dans des conditions correctes. Là, il part déjà avec 115 000 euros de dette symbolique. » Malgré tout, la victoire est là : la ferme reste dans la famille, et ses occupants ne seront pas expulsés.

À la sortie du tribunal, Lucas ne cachait pas son émotion. « Le plus important, c’est que mes grands-parents puissent finir leurs jours dans leur maison », confie-t-il, les yeux rougis. L’étreinte avec ses parents et les applaudissements du comité de soutien ont mis un terme à des mois d’angoisse. Dans quelques années, une fois ses études agricoles terminées, il reprendra officiellement l’exploitation, que Plan rouge agricole lui transmettra. En attendant, il continue sa formation.

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