« Je cherche Angela. » Ces trois mots suffisent désormais à Agen pour signaler une situation d’urgence. Derrière ce code discret, un dispositif national contre le harcèlement de rue et les violences sexistes, porté localement par l’association féministe La Mèche, en partenariat avec l’Agence du commerce, la mairie d’Agen, l’Agglomération et le Conseil départemental de Lot-et-Garonne. Grâce à ce projet, une vingtaine de commerces du centre-ville sont devenus des “lieux refuges” identifiables grâce à un autocollant “Angela” sur leur vitrine. Toute personne harcelée ou se sentant menacée peut y entrer et prononcer le mot de code : le personnel, formé à réagir avec calme, assure sa sécurité et peut prévenir les secours ou un proche.
Ce phénomène pas si rare…
« Ce projet, nous l’avions en tête depuis des années, mais il fallait du temps et de l’énergie pour le concrétiser », assure Fabienne Doux, coprésidente de La Mèche. Entièrement composée de bénévoles, l’association a trouvé un relais essentiel dans l’Agence du commerce d’Agen, qui a mobilisé et convaincu les commerçants. « Notre rôle, c’était d’être facilitateur, souligne Clémence Brandolin-Robert, première adjointe au maire. Ce dispositif répond à un vrai besoin : la sécurité des femmes dans l’espace public, qui sont aussi les premières consommatrices du centre-ville. » A noter qu’en France, près de 11 300 outrages sexistes ont été enregistrés depuis la loi de 2018.
Pour la mise en œuvre, le Planning Familial 47 a formé les 22 participants lors de séances de quatre heures. « Il fallait apprendre à écouter sans juger, à garder son calme, à orienter vers les bons relais. Ces gestes simples peuvent tout changer pour une victime en état de choc », rappellent les parties prenantes du projet.
Au-delà de la prise en charge d’urgence, Angela vise aussi à sensibiliser la population au harcèlement de rue et aux violences de genre. « Le simple fait d’afficher le sticker Angela sur une vitrine suscite des questions, des échanges », note Fabienne Doux. « C’est une manière d’ouvrir la discussion, de rappeler que le harcèlement n’est jamais anodin et qu’il faut en parler. » Le Conseil départemental soutient également le dispositif à travers une campagne d’affichage sur douze grands panneaux en ville.
Un dispositif qui tend à se renforcer
Aujourd’hui, 19 commerces et établissements sont officiellement labellisés “Angela”, couvrant un large périmètre du centre-ville, de la place du Pin au boulevard Carnot. L’association espère désormais étendre le réseau, notamment autour de la gare et dans les quartiers plus fréquentés le soir. « Les commerces de nuit sont particulièrement concernés. Nous sommes prêts à organiser de nouvelles sessions de formation pour toutes celles et ceux qui souhaitent rejoindre le dispositif. » Un appel est donc lancé aux établissements volontaires pour continuer à faire d’Agen une ville plus sûre, plus solidaire, et plus attentive aux violences invisibles du quotidien.
Les commerces adhérents //
Les Montreurs d’Images (12 rue Jules Ferry) – Appart City (34 rue Lafayette) – Optic 2000 (1 place Wilson) – Mademoiselle Azalée (61 bd de la République) – La Rue aux Herbes (32 bd de la République) – Krys (43 bd de la République) – Le Corner (104 bd de la République) – Garance (70 rue Montesquieu) – Facettes Vintage Friperie (95 rue Montesquieu) – Histoires de Café (11 rue des Cornières) – Agence du Commerce (24 pl. Jean-Baptiste Durand) – Cosy Coffee (15 pl. des Laitiers) – Chez BB (40 rue Molinier) – Just’lui (13 rue des Héros de la Résistance) – Le Florida (95 bd Carnot) – Vanarom’s (40 rue Grenouilla) – Blue Fox Coffee (107 cours Victor Hugo) – CPAM (2 rue Diderot) – Tabac Jasmin (3 pl. Jasmin).
Renseignements //
Les établissements souhaitant rejoindre le dispositif peuvent contacter La Mèche à l’adresse : contact@associationlameche.org
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