
Pour Ludovic Biasotto, le président du syndicat Valorizon, le centre d’enfouissement de Monflanquin est un peu comme « Disneyland » : un site fascinant, presque un village à lui seul, où l’on en prend plein les yeux… et plein le nez. Le jeudi 30 octobre, un groupe de visiteurs, principalement composé d’élus, a pris ses tickets pour aller visiter l’Installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) et sa nouvelle attraction : son unité de méthanisation. L’ouvrage est encore en cours de construction mais promet de faire sensation dès 2026 en fournissant du gaz vert pour environ 3000 foyers. A priori, rien de nouveau sous le soleil. Le Lot-et-Garonne en compte déjà une douzaine, nombre qui devrait même atteindre la « cinquantaine à l’horizon 2050 », si l’on en croit Pascal de Sermet, président de la Sem Avergies, bras armé de la force publique (et pas que) en matière d’énergies renouvelables. Seulement voilà, cette unité n’est pas tout à fait comme les autres. Les fournisseurs de matière première ne sont pas les agriculteurs mais bien les citoyens, à travers leurs poubelles. À l’exception de l’Agglo d’Agen qui gère elle-même ses déchets, le reste du département confie cette imposante tâche au syndicat Valorizon. Et une grande partie des « sacs noirs » finissent à Monflanquin, dans des « casiers ». En l’absence d’oxygène (anaérobie), la matière organique présente se dégrade et se transforme en biogaz, contenant majoritairement du méthane. Celui-ci est, par unité de masse, près de trente fois plus « réchauffant » que le CO2. Un véritable fléau écologique qu’il faut combattre. Cette lutte n’est pas nouvelle. Depuis de très nombreuses années déjà, Valorizon capte le gaz et le brûle via une torchère pour limiter son impact dans l’atmosphère. Désormais, le but est de pouvoir le réutiliser à des fins énergétiques.
L’appui du leader mondial
Avergies a ainsi investi 4,5 millions d’euros pour développer une infrastructure complexe. Le modèle économique a bien été étudié avec un amortissement en huit ans. La fermeture de l’ISDND programmée en 2034 ne mettra pas fin au projet puisque les déchets enfouis continueront d’émettre du méthane pendant encore longtemps. Parce que la valorisation gazière est beaucoup plus complexe sur les centres d’enfouissement que dans les terres agricoles, la Sem a fait appel au leader mondial. L’entreprise iséroise Waga (pour « Wasted gas », gaz perdus en anglais) dispose d’un savoir-faire unique et amène donc sa « Waga box » du côté des Bastides en Haut-Agenais Périgord. « Notre objectif est d’obtenir du méthane à 99%, compressé à la valeur demandée par GRDF pour être réinjecté dans le réseau aux côtés du gaz naturel », résume Julien Sauvé, chargé de développement commercial en France. Le procédé se déroule en plusieurs phases très techniques visant à éliminer tous les indésirables comme le sulfure d’hydrogène (H2S), les molécules d’air et le dioxyde de carbone. Pour cela, Waga utilise des cuves de charbon, de la cryogénie, des « tubes spaghetti » et d’autres solutions encore nécessitant un diplôme d’ingénieur pour bien les comprendre. La mise en service effective est prévue à la fin du mois de janvier 2026.

Le territoire monflanquinois n’étant pas raccordé au gaz, cette prouesse technologique ne profitera pas à ses habitants. Le bassin villeneuvois en sera finalement le bénéficiaire. Au-delà de cette considération, c’est le Lot-et-Garonne dans son ensemble qui en sort grandi et poursuit son ambition de devenir autonome voire exportateur d’énergie verte.





Laisser un commentaire