« Si on passe un coup de fil, 1000 tracteurs montent sur Paris », préviennent les agriculteurs réunis aujourd’hui à Agen

Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblées à Agen pour dénoncer la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse et, plus largement, l’accumulation de normes pesant sur l’agriculture. Un moratoire, signé par des élus, doit être transmis au Premier ministre.

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Les mannequins « pendus » par les manifestants sur la place de la préfecture.

La colère du monde agricole s’exprime une nouvelle fois, ce vendredi 19 décembre, place Armand-Fallières à Agen. À l’appel de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne (CR 47), plus de 400 personnes manifestent pour alerter sur la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et sur ce qu’ils considèrent comme « une asphyxie réglementaire du secteur. » Des dizaines de mannequins pendus aux grilles et aux arbres symbolisent la détresse des exploitants, déjà éprouvés par l’abattage de cheptels et l’incertitude économique. Autour des agriculteurs, maires, sénateurs députés et élus répondent à l’appel. Tous étaient invités à signer un moratoire destiné à « sauver l’agriculture française », un document qui doit être transmis à Matignon.

Les élus n’ont pas hésité à répondre à l’appel en signant le moratoire, confirmant ainsi leur présence au rendez-vous.

« Suspendre tout ce qui nous entrave »

À la tribune, Karine Duc, présidente de la chambre d’agriculture, a donné le ton. Refusant « une cérémonie des pleurs », elle a appelé à l’action et à l’unité. « Tout ce qui nous entrave doit cesser. Cette pause permettra de revoir structurellement, point par point, les évolutions à porter, avec pour seule boussole la souveraineté agricole », a-t-elle déclaré. Selon elle, ce moratoire vise à « soulager, guider et reconstruire notre agriculture », en suspendant les normes et contraintes jugées excessives. Même ligne du côté de José Pérez, président de la CR 47, qui a dénoncé une situation paradoxale : « Je ne vois pas pourquoi on autorise à produire dans d’autres pays et, en France, on nous autorise à déproduire. À un moment donné, il faut arrêter. » Pour les manifestants, la réglementation européenne est déjà suffisamment lourde, sans y ajouter des exigences nationales supplémentaires.

La question de l’avenir a également été au cœur des discours. « On pourrait innover, planter, investir, mais à quoi bon si demain on n’a plus les moyens de produire ? », a lancé Karine Duc, inquiète pour les jeunes agriculteurs. « Ce moratoire doit redonner l’envie de reproduire dans ce pays, l’envie de retravailler. » Puis le ton est monté d’un cran. Karine Duc et José Pérez ont adressé un avertissement clair au gouvernement. « Travaillez bien pendant les fêtes si vous ne voulez pas voir arriver mille tracteurs. Demain, on passe un coup de fil, et mille tracteurs peuvent monter à Paris », ont-ils prévenu, déterminés à maintenir la pression tant que leurs revendications resteront sans réponse.

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