C ’est un changement de paradigme notoire et qui compte s’installer dans la durée. Plus que jamais, la question climatique va prendre une part importante dans les politiques, qu’elles soient nationales ou locales. A Agen, Jean Dionis et son conseil municipal ont planté ce lundi, au cours d’une séance extraordinaire, les premières graines de ce que sera la politique de la ville dans les années à venir. « Nous avons connu un été 2022 marqué par les canicules et les sécheresses, reprenait en préambule le maire d’Agen. Nous sommes dans une situation qui se dégrade encore avec un niveau de Garonne qui reste exceptionnellement bas. Cela a un impact sur la production agricole qui est en baisse. Un de nos dictons disait que l’épreuve était de passer l’hiver. Traverser l’été en sera une aussi. Il y a une prise de conscience très large de l’opinion publique. C’est le terreau qui va nous permettre de prendre des décisions fortes. »
Devant l’assemblée municipale, le premier édile estime que chacun devra se mettre dans cette démarche de prise de conscience, de manière ordonnée. « Dans un premier temps, on va à l’école et on cherche à comprendre. Nous devons être humbles dans cette démarche. Puis nous devrons lancer un grand brainstorming transversal qui concernera toutes les commissions, les instances et dans lequel l’opposition aura sa place. Pour le débat d’orientation budgétaire en février, puis le vote du budget en avril, il y aura une forte ligne économique mais aussi celle de l’adaptation au changement climatique. »
Des effets d’ici vingt ans
Dans cette démarche de compréhension, la municipalité avait invité deux spécialistes du climat, Jean-François Berthoumieu, directeur général de l’Association climatologique de moyenne Garonne (ACMG) et Hervé Douville, l’un des auteurs du sixième rapport du GIEC (ndlr, groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ayant abordé le changement du cycle de l’eau. Dans un long exposé, le scientifique a rappelé que « le climat du XXIème siècle n’est pas déjà écrit. Il nous reste des marges de manœuvre mais ça reste très incertain. Ce sont les émissions futures qui vont piloter l’ampleur du changement à venir. Si tout le monde prend des mesures drastiques, les effets seront constatés dans une vingtaine d’années. Il faut multiplier les rayons d’action et ne pas se limiter aux actions individuelles. Les municipalités, les Départements, les Régions, l’Etat et même l’Union européenne doivent s’y mettre. Cela peut servir d’exemple pour le monde entier. »
Après un long débat avec l’ensemble des élus, Jean Dionis ressortait « trois lignes fortes » de la démonstration effectuée par Hervé Douville. « A notre niveau, nous allons devoir sortir du carbone, qu’il s’agisse des chaudières, de la flotte de véhicules ou de l’administration. Nous devons aussi réfléchir à la nécessité de faire un service public avec moins d’énergies. Enfin, face à l’accélération d’événements météorologiques forts, nous avons l’obligation d’avoir un plan de prévention des risques. » Après l’apprentissage, les actions viendront donc dans les semaines et mois à venir.
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