En apprenant que son fils Louis, aujourd’hui âgé de 12 ans, était atteint de troubles du spectre autistique (TSA), Marilyne, originaire de Casteljaloux, a choisi de se battre pour lui offrir une vie pleine de progrès et d’opportunités. Elle a décidé de créer un espace dédié aux enfants autistes et à leurs familles dans le Lot-et-Garonne. Aujourd’hui, elle nous parle de ce projet, encore en construction, mais déjà porteur d’espoir pour de nombreuses familles.
Quidam Hebdo : Vous avez évoqué la détection de l’autisme chez votre fils. Pouvez-vous revenir sur cette période et ce qui vous a motivée à agir ?
Maryline Laborde : Lorsque Louis a été diagnostiqué à 2 ans et demi, nous avons immédiatement compris que nous avions deux options : soit sombrer dans le déni, soit partir au combat. Avec son père, nous avons choisi de l’aider à progresser. Ce chemin nous a fait découvrir de nombreuses lacunes dans l’accompagnement des familles d’enfants autistes, ce qui nous a poussés à créer cette association.
Q.H. : Quelles difficultés avez-vous rencontrées en tant que parent d’un enfant autiste ?
M.L. : La principale difficulté, c’est l’isolement. Trouver des solutions de garde, gérer les démarches administratives, et en parallèle travailler ou simplement prendre du temps pour soi, tout devient un véritable casse-tête. De plus, les structures spécialisées manquent cruellement. Il y a une attente de plusieurs années pour intégrer un établissement adapté, et en attendant, nos enfants stagnent à la maison.
Q.H. : Comment avez-vous eu l’idée de créer Les Extraordinaires d’Aquitaine ?
M.L. : À l’origine, c’était un projet pour mon fils. Nous voulions lui offrir des opportunités d’apprentissage et de socialisation. Mais rapidement, j’ai réalisé que d’autres familles se trouvaient dans la même impasse. L’idée s’est élargie pour créer un lieu qui offre du répit aux parents tout en aidant les enfants à progresser.
Q.H. : Votre projet ne se limite pas aux enfants. Quels sont les services que vous proposez aux parents ?
M.L. : Nous organisons des ateliers pour les aider à monter un dossier MDPH, un véritable parcours du combattant. Nous les mettons aussi en contact avec des professionnels spécialisés, comme des orthophonistes ou ergothérapeutes. Enfin, nous proposons des moments d’échanges entre parents pour partager expériences et conseils dans un cadre bienveillant.
Q.H. : Quelles activités envisagez-vous pour les enfants dans ce lieu ?
M.L. : Nous avons imaginé des ateliers de jardinothérapie pour travailler la patience et la concentration, des séances de médiation animale avec un « maine coon » “spécialisé”, et un espace « Snoezelen » (espace multisensoriel) pour les aider à se relaxer. Nous avons également prévu des activités éducatives comme la “Légo-thérapie”, pour travailler sur la communication et la socialisation.
Q.H. : Vous avez mentionné l’importance de la médiation animale. Pouvez-vous détailler son impact ?
M.L. : La médiation animale a des effets incroyables sur les enfants autistes. Elle les aide à sortir de leur bulle, à développer des interactions et à apaiser leurs émotions. Avec l’aide d’un chat sensibilisé à ce type d’accompagnement, nous espérons créer un lien unique qui leur sera bénéfique.
Q.H. : Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez pour concrétiser ce projet ?
M.L. : Le financement est le premier frein. Comme notre structure n’est ni scolaire ni médicale, nous ne bénéficions pas des aides de l’État. Trouver un local est également un défi. Nous avons le soutien moral de nombreuses familles et associations, mais les démarches administratives et les fonds manquent encore pour démarrer concrètement.
Q.H. : Avez-vous déjà commencé à aider des familles ?
M.L. : Oui, depuis la création de l’association, j’ai accompagné plusieurs parents dans leurs démarches administratives et partagé mon expérience. Nous recevons des appels et messages presque quotidiennement. Cela prouve qu’il y a un réel besoin et que notre projet a sa place.
Q.H. : Que diriez-vous à des parents qui viennent de recevoir un diagnostic d’autisme pour leur enfant ?
M.L. : Je leur dirais qu’ils ne sont pas seuls. C’est une épreuve difficile, mais il existe des solutions, des personnes bienveillantes pour les aider. Il faut croire au potentiel de chaque enfant et ne pas hésiter à demander de l’aide.
Q.H. : Le Lot-et-Garonne est un département rural. Pensez-vous que cela rend votre projet encore plus indispensable ?
M.L. : Absolument. Les familles éloignées des grandes villes n’ont presque aucune solution adaptée à proximité. Créer un lieu dans cette région permettrait de répondre à un besoin criant et d’éviter à ces parents de devoir renoncer à leur travail ou de se démener pour accéder à des services souvent très éloignés.
Q.H. : Quel message souhaitez-vous transmettre aux décideurs et à la société en général ?
M.L. : Changer le regard sur l’autisme et le handicap en général. Ces enfants, ces extraordinaires, comme on les appelle, ont leur place dans la société. Il faut des structures adaptées pour les aider à s’épanouir et pour soutenir leurs familles. C’est un investissement qui profite à toute la communauté.
Pour contacter l’association : https://www.facebook.com/profile.php?id=100090037759620
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