Agen : les ambitions de l’aéroport de La Garenne pour sortir d’une turbulente trajectoire

Alors que l'État projette de retirer ses contrôleurs aériens d'ici 2028, l’aéroport d’Agen-La Garenne tente de se réinventer. Malgré un trafic modeste, les acteurs locaux refusent de céder et redoublent d'efforts, avec notamment de nouvelles têtes sur le tarmac.

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Derrière une léthargie qu’on peut parfois associer à l’aéroport d’Agen se cache actuellement une bataille discrète mais déterminée pour préserver et développer l’infrastructure aérienne de la préfecture du Lot-et-Garonne. Le directeur du Syndicat mixte pour l’aérodrome départemental (Smad), Francis Viaud, ne manque ni d’idées ni de ténacité. Pour lui, et cela ne date pas d’hier, la relance passe par une aviation d’affaires renforcée et une optimisation des espaces disponibles. Mais c’est une autre menace qui plane au-dessus de l’aérodrome : la suppression annoncée des contrôleurs aériens par la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC), une décision jugée incompréhensible et lourde de conséquences.

Une « centralisation déguisée »

Prévu pour 2028, le retrait des neuf contrôleurs aériens affectés à la tour d’Agen s’inscrit dans une logique nationale de rationalisation budgétaire. L’État mise sur un recentrage des moyens humains sur les grands hubs régionaux comme Bordeaux ou Toulouse, au détriment des aéroports dits « non stratégiques ». Mais localement, la pilule ne passe pas. Au Smad, dont la présidence est assurée par le maire d’Agen Jean Dionis, on dénonce une décision « injuste et technocratique ». Il estime qu’au-delà du simple aspect économique, c’est l’équilibre territorial qui est en jeu : « Supprimer ce service, c’est affaiblir un équipement essentiel à notre attractivité. » En guise de substitution, l’État propose de remplacer les contrôleurs par un service AFIS (Aerodrome Flight Information Service), opéré par des agents formés localement. Mais cette solution, bien qu’accompagnée d’un soutien logistique, représenterait un coût que les collectivités devront assumer.

Un moteur économique qui cherche à redémarrer

En parallèle de ce bras de fer avec Paris, le Smad continue à défendre une vision ambitieuse de l’aéroport. Malgré un décollage timide, il croit encore à l’essor de l’aviation d’affaires.
« Il faut convaincre les entreprises locales de miser sur ce mode de transport. C’est un pari sur le long terme, mais il est gagnant en souplesse et en temps. » Le Syndicat envisage notamment qu’un appareil puisse être mis à disposition des acteurs économiques du territoire, facilitant ainsi les liaisons avec des zones mal desservies. Le retour d’un service de douanes pour accueillir des vols hors Schengen est aussi dans les cartons. Pour rappel, comme nous le confiait Francis Viaud il y a quelque temps : « Depuis Agen, on est limité à la zone Schengen. Pour entrer ou sortir de cet espace, il faut passer par un aéroport international avec des douaniers qui peuvent contrôler les passagers. On parle alors de contrôle à l’immigration. Actuellement, nous ne disposons pas de ce système. »

Un sujet qui se couple avec l’arrivée des avions porteurs de marchandises et donc sous douanes. Semblerait-il que le dossier avance positivement, mais là encore, l’administration freine, malgré des feux verts ministériels déjà obtenus. En somme, à Agen, on est bien décidé à ne pas laisser la tour de contrôle vaciller sans livrer bataille.


L’aéroport attire une entreprise de haute technologie

Conscient que l’avenir d’un aéroport ne se joue pas uniquement dans les airs, le syndicat s’attelle aussi à valoriser le foncier alentour, qui plus est depuis le départ de la société Airplane, désormais tournée vers Toulouse. L’idée est d’attirer de nouveaux occupants, potentiellement issus de l’aéronautique, mais pas exclusivement. De ce fait, l’aéroport a récemment renforcé son activité avec l’arrivée d’un nouvel acteur à forte valeur ajoutée : la société Aérodata France. Spécialisée dans la cartographie aérienne de haute précision, elle a choisi Agen comme base stratégique pour ses opérations en 2025, couvrant tout le Sud-Ouest. La société bénéficie d’un hangar, d’un bureau et d’un appui technique fourni par l’équipe de l’aéroport. En vol, un avion bimoteur survolera le territoire avec un appareil photo et des capteurs embarqués, capables de générer des images à très haute résolution.

Une nouvelle école de pilotage prend son envol

Après les déboires successifs d’Airways College et de Paris Flight Training (PFT), l’aéroport d’Agen-La Garenne s’apprête à accueillir un nouveau souffle : la Cannes Aviation Academy. Cette école azuréenne, forte de trente ans d’expérience, ouvre un second campus dans le Sud-Ouest, avec une première rentrée prévue dès septembre. Ce renouveau intervient après une période mouvementée. En 2021, Airways College a cessé ses activités, minée par des difficultés de gestion. Deux ans plus tard, son repreneur, PFT, a également mis la clé sous la porte, laissant près de 200 élèves sans solution. Basée à l’aéroport de Cannes-Mandelieu, deuxième plateforme d’aviation d’affaires en France, Cannes Aviation Academy ambitionne de faire d’Agen un pôle d’excellence. L’école s’appuie sur une équipe de 25 personnes, dont 17 instructeurs, une flotte de douze appareils et trois simulateurs de vol. Elle forme chaque année une centaine de pilotes professionnels et privés. Pour marquer cette implantation, une journée portes ouvertes se tiendra le samedi 14 juin, de 9 h 30 à 17 h 30, sur le site de l’aéroport. Visites, rencontres avec l’équipe pédagogique et conférences sur les formations seront proposées tout au long de la journée. Une occasion idéale de découvrir cette nouvelle base et d’échanger autour de projets professionnels dans l’aérien.

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