
Des journées décisives pour la survie d’une filière agricole, voilà ce qui se joue actuellement dans les coulisses de l’Assemblée nationale. Les députés sont en train d’étudier la proposition de loi visant à « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Pour les producteurs (et transformateurs) de la noisette, c’est quitte ou double. Face à cet enjeu, la coopérative Unicoque et l’Association nationale des producteurs de noisettes (ANPN) tirent la sonnette d’alarme via un communiqué de presse. Le ton est alarmiste et les propos s’attaquent sans détour au « déferlement de fake news des lobbys écologistes internationaux » qui inondent les parlementaires « de milliers de mails visant à les influencer dans leurs prises de décision ».
Démonstration par l’absurde
Un point de détail pourrait tout faire basculer pour les 300 producteurs et 300 salariés de la filière : la réautorisation de l’acétamipride. Cette molécule, de la famille des néonicotinoïdes, est actuellement interdite dans les cultures arboricoles françaises. Ce que l’ANPN et Unicoque dénoncent avec une démonstration par l’absurde. Dans un document très imagé, on peut ainsi lire : « Une maman en France peut pulvériser un produit à base d’acétamipride dans la chambre de bébé pour le protéger des moustiques », « Un enfant peut caresser un chien portant un collier anti-puces à base d’acétamipride » ou encore « Un éleveur en France peut pulvériser un produit à base d’acétamipride dans le bâtiment où il y a ses vaches pour les protéger des mouches ». Plus visuel encore, une carte du monde où l’Hexagone apparaît comme le seul pays ayant interdit cette substance. Partout ailleurs, elle est autorisée jusqu’en 2033.
Une récolte exploitable qui passe de 80% à 10%

Sans cette solution phytosanitaire, les producteurs de noisettes ne parviennent pas à lutter contre deux
ravageurs : le balanin et la punaise diabolique. Les courbes de rendement montrent à quel point
l’interdiction de l’acétamipride pénalise les récoltes. En 2019, près de 80% de la production était
« utilisable » en coque après tri. Ce ratio est tombé à 10% en 2024…
Pour défendre leur cas et une certaine équité agricole, les acteurs de la noisette s’appuient sur les dires de l’ANSES (l’Agence nationale de sécurité sanitaire), qui « n’a jamais retiré l’autorisation de mise sur le marché de cette molécule » et qui confirme la possibilité de dérogations pour urgence phytosanitaire.
C’est maintenant aux élus de la nation de décider. Le député de la troisième circonscription de Lot-et- Garonne, Guillaume Lepers (LR) glissait lundi matin que l’issue du vote pourrait avoir des conséquences politiques très importantes. Elle aura quoi qu’il arrive un impact immense sur les finances des exploitants et des structures agroalimentaires qui suivent en aval.
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