ARCHIVES. Ces hôpitaux et cliniques d’un autre temps à Agen et Villeneuve-sur-Lot

Avant les pôles de santé modernes, Agen et Villeneuve-sur-Lot vivaient au rythme de cliniques et d’hôpitaux devenus mémoire de pierre. Des lieux de soins aujourd’hui disparus ou réinventés.

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Clinique Saint-Jean, pionnière de la santé à Agen

Bien avant l’émergence des grands centres hospitaliers modernes, Agen avait sa clinique Saint-Jean, véritable institution nichée entre la rue Cuvier et les berges du Gravier. Fondée en 1905 par Jean de Nazaris, cette bâtisse de pierre, surélevée pour dominer les caprices de la Garonne, fut la première clinique privée de la ville. Dans son jardin en pente douce, l’odeur des plantes se mêlait aux allées et venues des soignants d’un autre temps. En 1925, le docteur Biar en reprit les rênes, suivi en 1962 par le docteur Roques, chacun laissant son empreinte dans les couloirs feutrés de ce lieu devenu familier aux Agenais. Après avoir accompagné des générations entières, la clinique ferme définitivement en 1995. Le site connaîtra ensuite une vie plus paisible, transformé en résidence seniors, avant de laisser place en 2023 à un tout autre genre d’établissement : l’hôtel Serra, quatre étoiles flambant neuf, venu s’installer sur ces terres chargées d’histoire. Une transition symbolique, de la santé au service, mais toujours au cœur de la ville et de ses souvenirs.

Saint-Jacques, des soins aux délibérations

Derrière les murs sobres de l’actuel Conseil départemental du Lot-et-Garonne, se cache un passé séculaire que peu de passants des jeunes générations imaginent. L’hôpital Saint-Jacques, véritable monument de l’histoire hospitalière agenais, voit le jour en 1685, à la faveur d’un legs de Marc Antoine de Las de Lacépède et d’une lettre patente signée de la main de Louis XIV. D’abord nommé « hôpital général des pauvres », il ouvre ses portes en 1690, après trois années de chantier. Dans ses premières décennies, il accueille malades, mendiants, femmes « repenties » ou encore prisonniers sous la Révolution. Puis, sous l’impulsion de Napoléon, il devient dépôt départemental de mendicité. En 1819, le nom de Saint-Jacques s’impose enfin, et les lieux se transforment peu à peu en un véritable centre de soin. Une maternité, un quartier pédiatrique, une salle d’opération moderne en 1930 : il est alors l’un des hôpitaux les plus avancés du Sud-Ouest. Mais en avril 1979, après près de trois siècles d’activité, le rideau tombe. Le personnel et les patients rejoignent le tout nouveau centre hospitalier Saint-Esprit, de l’autre côté de la ville. Ce bâtiment chargé d’histoire n’en reste pas moins vivant. En 1992, les élus du Département s’y installent. Et depuis, les échos des anciens couloirs de soins ont laissé place aux débats politiques.

L’hôpital Saint-Cyr, le géant endormi de Villeneuve-sur-Lot

Derrière ses hautes façades endormies, nichées non loin du boulevard éponyme, l’ancien hôpital Saint-Cyr de Villeneuve-sur-Lot garde les stigmates d’une époque révolue. Construit entre 1834 et 1840 sur les plans de l’architecte Gustave Bourrières, ce fleuron de l’architecture hospitalière du XIXe siècle s’est imposé, dès ses premières années, comme un marqueur du paysage urbain villeneuvois. Élevé grâce au legs de Pierre Nicolas Saint-Cyr de Cocquard, généreux cultivateur local, le bâtiment reprenait les principes italiens de l’époque : chapelle centrale, salles en croix, hygiène repensée, lumière et ventilation. À l’époque, c’est tout un quartier qui se dessine autour de cet hôpital moderne, modèle architectural jusqu’alors inédit dans le Lot-et-Garonne.

Longtemps dirigé par des sœurs, enrichi d’une apothicairerie et d’une chapelle restée dans son jus, le site s’agrandit au fil du temps, jusqu’à se retrouver, deux siècles plus tard, à l’étroit dans ses murs devenus vétustes. En janvier 2015, l’hôpital Saint-Cyr tire sa révérence. Le pôle de santé du Villeneuvois prend le relais, sur la route de Fumel. Depuis, les lieux sont vides, figés dans le silence. Seules quelques pierres racontent encore les soins prodigués, les naissances célébrées et les adieux murmurés. Fort heureusement, la municipalité a peut-être enfin trouvé une issue pour la plus belle friche du département : la création future en ces lieux d’un nouveau pôle dédié à la jeunesse, à la formation et à la culture, 

Clinique Derieux et clinique du Parc, deux histoires, un destin commun

Tout commence en 1944, dans la villa Marguerite, sur les hauteurs de Villeneuve-sur-Lot. Ce 1er mars-là, Pierre Derieux, médecin visionnaire, y installe son cabinet avec l’aide des sœurs de la congrégation Sainte-Thérèse d’Avila. Autour de cette modeste maison, peu à peu, une véritable clinique voit le jour. Dans les années 1950-60, des extensions sont bâties pour accompagner le développement de l’activité, jusqu’à la création en 1978 d’un nouveau bâtiment le long de la rue qui portera plus tard le nom du fondateur. La clinique Sainte-Thérèse, aussi appelée clinique Derieux, devient un établissement de santé incontournable à Villeneuve. Pendant ce temps, un autre acteur du paysage médical local écrit sa propre histoire : la clinique du Parc. Si ses débuts sont moins documentés, son importance n’en est pas moindre. Située dans un bâtiment aujourd’hui disparu, elle complète l’offre de soins privée de la ville pendant plusieurs décennies. En 2001, ces deux établissements fusionnent pour former la clinique de Villeneuve. En 2002, le groupe privé Védici prend les rênes de la structure. Mais cette page ne durera qu’un temps. À la fin de l’année 2014, la clinique ferme définitivement ses portes. En toile de fond : l’ouverture là encore du Pôle de santé du Villeneuvois, regroupant sur un même site le centre hospitalier public et l’activité privée. La bâtisse historique de Sainte-Thérèse sera transformée quelques années plus tard en une résidence d’une trentaine de logements. Quant à la clinique du Parc, son sort est plus radical. Son bâtiment, jugé trop coûteux à dépolluer et à réhabiliter, est rasé sous la municipalité Cassany.

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