Rugby // Quel état pour l’association SUA ? Thierry Aviano livre son analyse

Le président démissionnaire, comme il l'avait annoncé lors de sa prise de fonction, nous a accordé un entretien dans lequel il se confie sur plusieurs questions qui entourent l'association.

0 Shares

Le redressement financier //

Avec 1,3 M€ de budget, l’association est une « vraie petite entreprise », estime Thierry Aviano. « Quand on est arrivés à la tête de la structure, il y avait un trou de 300 000€, poursuit-il. On va finir cette saison à l’équilibre. » Une bonne nouvelle d’un point de vue financier, qui permet d’envisager la suite un peu plus sereinement. Pour parvenir à ce résultat, il a fallu « mettre le nez partout et resserrer les vis ». Si les déplacements constituent un gros poste de dépense qu’il faut savoir optimiser, le SUA a pu trouver quelques économies en mettant fin à certaines pratiques. Plusieurs sources internes avancent les rémunérations pour le moins élevées de certains salariés dont les compétences jugées limitées ne suffisaient pas à justifier. Sont aussi évoquées des indemnités kilométriques allant jusqu’à 500€/mois pour des gens habitant près du stade… Les deux redressements Urssaf successifs auront au moins eu le mérite de régulariser ce qui devait l’être. Sans confirmer ou infirmer certains points, Thierry Aviano concède l’existence d’une « somme d’errances étalées dans le temps ». Il nie en revanche tout enrichissement supposé de ses prédécesseurs sur le dos de l’asso. « Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas prendre ça à la cool. Il faut des compétences et surtout y être tous les jours en veillant au moindre détail. Il manquera toujours un euro pour en faire deux. Mais se ranger perpétuellement derrière le manque de moyens, c’est un peu facile », dit-il.

La fin des Gaudermen //

La fin de la catégorie Gaudermen (moins de 15 ans) au SUA qui fait débat, Thierry Aviano estime qu’il s’agit là d’un faux problème : « Ce n’est pas inquiétant, au contraire. D’une part, on n’avait pas les effectifs. Déshabiller les petits clubs autour et déraciner les enfants de chez eux n’a pas non plus d’intérêt. À cet âge, ils ne sont pas tous matures physiquement. Les morphotypes sont trop susceptibles d’évoluer. Un gros devient maigre, un grand devient petit par rapport aux autres. À partir d’Alamercery, ça devient plus intéressant. Et la catégorie phare, c’est Crabos. De toute façon, la Fédération va considérablement modifier son approche. Agen a simplement pris un peu d’avance. Et plein de clubs de Top 14 sont également en train d’arrêter les équipes Gaudermen. »

Le vivier de jeunes talents //

Les résultats sportifs décevants des catégories de jeunes dans leurs championnats respectifs suscitent quelques inquiétudes sur la profondeur du vivier. Pour Thierry Aviano, il est important de nuancer et de ne pas tomber dans des avis tranchés un peu trop facilement. « Il y a parfois des générations énormes avec des gamins qui se suivent tous pour gravir tous les échelons. On oublie aussi qu’il y a plein d’années où ça n’a pas marché. Plein de facteurs peuvent influencer la performance collective. Il arrive qu’on ait moins de gamins, mais on peut du coup un peu mieux les encadrer individuellement. Faire une projection à partir d’une seule saison est impossible. J’estime qu’il faut quatre ans pour former une équipe compétitive », avance-t-il.

Quant à la détection que d’aucuns voient comme défaillante, là encore, Thierry Aviano se veut humble. « J’étais le premier à penser qu’on ne pouvait pas passer à côté de certains talents. Et puis quand on y est, on se rend compte que c’est en réalité très difficile. Il y a beaucoup d’humain dans tout ça. Le pillage par les autres clubs est aussi une réalité. Toulouse, Bordeaux, Brive, Pau ou Castres arrivent avec des offres plus attractives. Ça fait malheureusement partie du jeu désormais. »

L’importance du double-projet //

Si la performance un pilier essentiel de la formation, Thierry Aviano a fait du « double-projet » sa priorité absolue. « Il ne faut jamais perdre de vue tout le déchet qu’il y a dans le sport. 97% des jeunes vont tomber dans le fossé. C’est ça mon plus gros problème. Ces gamins pensent naturellement au sport en premier, mais le côté scolaire doit impérativement être préservé. L’an prochain, les horaires des entraînements vont être changés pour impacter le moins possible cet aspect de leur vie. Je me suis battu sur tous les recrutements en demandant aux enfants quel était le projet scolaire, les études qu’ils projettent de suivre, etc. C’est aussi notre responsabilité de préparer l’après, de leur donner des billes pour qu’ils réussissent dans la vie. Il n’y a pas que le rugby. »

Le rôle de la Fédé et de la partie pro //

L’implication et la vision des dirigeants ne sont pas les seules responsables du devenir de l’association. « La Fédération fournit le cahier des charges à tous les centres de formation et fixe les règles. C’est seulement à partir de ce cadre que l’on peut agir. On est aussi tributaires du projet sportif de la SA (ndlr, le club professionnel). C’est le cas partout. On est au cœur d’un mélange entre politique fédérale et volonté de club, qui peut bouger selon les managers en place », glisse Thierry Aviano. La valse des entraîneurs ces dernières années et l’absence d’une perspective sportive cohérente n’ont pas aidé à stabiliser la formation agenaise.

Vers un changement positif ? //

Comme il avait annoncé, Thierry Aviano quitte son costume de président de l’association. Il devrait être remplacé dans sa fonction par Karim Mobarak, l’un des bras droits de Jean-François Fonteneau. Faut-il y voir un bon ou un mauvais présage ? Thierry Aviano se veut plutôt optimiste. « La formation agenaise s’est appuyée sur des gens figés depuis trop longtemps, des gens qui se sont contentés de peu. La nouvelle équipe va changer cet état de fait et pourra compter une base, notamment financière, plus saine. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

4 + 1 =