Les passagers du vol littéraire à destination de Villeneuve-sur-Lot sont priés de se présenter aux portes du centre-ville pour un embarquement les 27 et 28 septembre. Les plus férus de lecture ont rendez-vous au tout début de l’automne pour un festival qui continue de séduire année après année. Et en 2025, ils seront invités à un « voyage immobile ». Le programmateur Pierre Defendini promet plus de « mille destinations », de celles que seule la littérature peut atteindre en stimulant notre imaginaire. « Le bonheur du livre, c’est de nous transporter, de nous envoyer ailleurs. Lors de cet évènement, on va pouvoir jouer avec cette idée. Notre rôle en tant qu’organisateurs, c’est de faire venir des auteurs généreux, pleins d’humanité, qui vont donner aux publics, parce qu’il n’y en a pas qu’un, et parfois les surprendre », glisse-t-il. Cette thématique off re une grande liberté dans la manière de raconter des histoires, une liberté que l’on retrouve notamment chez le duo de parrain-marraine. La romancière Carole Martinez a fait une entrée en matière fracassante avec son premier ouvrage, Le cœur cousu, publié en 2007. Sans jamais se départir de sa sensibilité jugée « peu commune », elle continue à faire parler la magie de ses mots. Dans un registre bien différent, on retrouve Jean-Paul Delfi no. Pas étranger à la manifestation villeneuvoise qu’il adore, il partagera avec les lecteurs sa passion dévorante pour la musique brésilienne et le continent sud-américain.
35K€
de chiffre d’affaires en moyenne pour les bibliothèques Livresse et Martin-Delbert.. Chaque auteur parvient par ailleurs à vendre des exemplaires de ses ouvrages. Ces résultats confortent les éditeurs dans leur choix d’envoyer des auteurs à Villeneuve-sur-Lot.
UN CHANGEMENT DE LIEU //
Avec des travaux sur la place Lafayette, la municipalité a trouvé un lieu de repli. Le festival littéraire prendra ses quartiers sur le parking de la République, aux abords des nouvelles allées Georges-Leygues, sur le parvis du théâtre ainsi que dans les jardins de la mairie et de l’offi ce de tourisme. Une « contrainte transformée en opportunité », selon Dominique Monnoyeur, le directeur des affaires culturelles. Le parking de la République constituera le village des auteurs. Le pôle jeunesse sera quant à lui dans les jardins. Enfin, le foyer du théâtre abritera les débats littéraires. Cette évolution, dont on ne sait pas encore si elle sera pérennisée, a au moins le mérite d’accroître la visibilité de l’évènement. Un bon moyen également de mettre en lumière l’un des chantiers d’urbanisme les plus marquants de ces dernières années.
LA LITTÉRATURE JEUNESSE PLUS QUE JAMAIS DÉFENDUE //
Nourrir l’imaginaire des enfants est l’un des piliers de Villeneuve se livre. « La littérature jeunesse est foisonnante avec de très belles propositions », confirment les équipes de la bibliothèque municipale. C’est ainsi que six auteurs jeunesse, choisis pour la qualité de leurs ouvrages, seront présents le temps de cette manifestation. Des ateliers, des lectures et des spectacles seront proposés sous un chapiteau dédié. Des classes villeneuvoises profiteront d’une immersion dans ce monde des lettres. « Tout est gratuit au festival littéraire. Notre volonté est de permettre aux familles de prendre ce risque d’aller vers l’inconnu », glisse Dominique Monnoyeur.
LE MARCHÉ DU LIVRE SUIT LA CONJONCTURE ÉCONOMIQUE //
Si le livre n’est pas tout à fait un produit de consommation comme les autres, il s’inscrit néanmoins dans une économie globale qui connaît des hauts mais aussi des bas. « Le marché du livre est un peu à l’image de la conjoncture actuelle. On sent que c’est un peu plus difficile. Les actes d’achat se contractent. Chez Martin-Delbert, nous avons une offre très large et nous constatons que tous les rayons ne sont pas frappés par la crise de la même manière. La littérature fonctionne toujours bien », analyse Frédéric Delbert. L’avènement des livres numériques, audio et des podcasts a-t-il des conséquences négatives sur les ventes papier ? Pas vraiment d’après ce libraire : « C’est plus un enrichissement qu’un frein. Ce public regroupe principalement des gens qui lisent déjà beaucoup et qui veulent pouvoir le faire de diff érentes manières. Le numérique ne tue pas le papier. »
LES OUVRAGES EN COMPÉTITION //
Villeneuve se livre repose aussi sur un Prix du roman. Quatre ouvrages (sur un total de six en compétition) ont déjà été dévoilés pour cette édition 2025 :
Brûler debout de Mathieu Blais (éd. Denoël, 2025)
Théorie de la disparition de Séverine Chevalier (éd. La Manufacture des livres, 2025)
Ceux que la nuit choisit de Joris Giovanetti (éd. Denoël, 2025)
Tout le monde garde son calme de Dimitri Kantcheloff (éd. Finitude, 2025)
LES ROIS DU POLAR ATTENDUS EN 2026 //
En marge de la présentation du programme 2025, les organisateurs ont annoncé une belle surprise pour l’année suivante. Et c’est Frédéric Delbert, gérant de la librairie Martin-Delbert à Agen qui se charge de la révélation. « L’association dont nous sommes membres, les Libraires ensemble, s’est engagée avec la Ligue de l’imaginaire. Celle-ci regroupe un peu plus d’une vingtaine d’auteurs dont l’univers de prédilection est le thriller, la science-fiction et le polar. En 2026, ils seront présents pour le festival littéraire », prévient Frédéric Delbert. La Ligue de l’imaginaire, créée en 2008, compte parmi ses membres des auteurs de best-sellers comme Bernard Minier, Franck Thilliez, Bernard Werber, Maxime Chattam, Éric Giacometti… Le public devrait être comblé ! « On a déjà un plateau polar étoffé cette année mais ce sera un véritable feu d’artifice en 2026 », promet Angelique Muller, attachée à la direction des aff aires culturelles.
LE MANIFESTE POÉTIQUE D’ANNE-MARIE DAVELU-CHAVIN //
L’adjointe au maire en charge de la culture, Anne-Marie Davelu-Chavin, a livré un texte poignant pour évoquer la thématique de cette édition. « Avec le thème du voyage immobile alors que le monde vacille de toute part, Villeneuve se livre ne pouvait pas plus nous permettre de rêver demain. Un merveilleux voyage où l’écrivain reste chez lui pour écrire, où le lecteur en fait de même pour lire. Et les deux se rencontrent sans se déplacer, devenant des complices, des confidents. Un voyage intérieur qui touche le cœur, l’âme et l’esprit. L’inconnu que l’on rencontre, c’est nous-mêmes. Nous apprenons à découvrir, aimer, apprendre, imaginer… Ce voyage est synonyme de liberté, sans avoir besoin de visa ou de laissez-passer. Ce mot liberté recouvre aussi la liberté d’expression. » Anne-Marie Davelu-Chavin affirme également avoir une pensée pour Boualem Sansal, « arrêté, emprisonné, et condamné pour ses idées » dans les geôles algériennes.
70
auteurs composent le plateau. Un nombre suffi sant pour avoir un panel de styles diff érents tout en permettant à chacun de rencontrer son public et vendre des livres.
Laisser un commentaire