Artisanat du bâtiment en Lot-et-Garonne : une filière au bord de l’asphyxie

La crise s’installe durablement dans le secteur du bâtiment en Lot-et-Garonne. Entre chute d’activité, carnets de commandes en berne et incertitudes politiques, les artisans tirent la sonnette d’alarme.

0 Shares

Alors que le Lot-et-Garonne quitte peu à peu l’été, les perspectives économiques dans le bâtiment restent moroses. L’activité artisanale y a reculé de 4,5 % au deuxième trimestre 2025, poursuivant une tendance négative bien ancrée depuis plus d’un an. Tous les corps de métiers sont touchés, mais c’est la construction neuve qui souffre le plus avec une baisse de 9 %, tirée vers le bas par l’effondrement des mises en chantier de maisons individuelles.

« L’artisanat du bâtiment s’enfonce dans une crise durable et profonde. Tous les segments sont touchés : la construction neuve, l’entretien-rénovation, même les travaux d’amélioration énergétique. Cette situation n’est plus tenable, ni pour les entreprises, ni pour leurs salariés », résume Amar Hocine, président de la CAPEB 47 (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment). Inquiété par la situation, ce dernier estime que la crise évoquée n’est plus seulement conjoncturelle, elle s’installe durablement.

Carnets de commandes à la peine

Amar Hocine, président de la CAPEB 47.

Au-delà des chiffres d’activité, c’est l’état des carnets de commandes qui inquiète particulièrement les professionnels. Fin juin, les artisans du bâtiment ne disposaient plus que de 68 jours de travail en réserve, soit quatre de moins qu’à la même période l’an passé. Dans un secteur où la visibilité est cruciale, ce recul traduit la frilosité croissante des clients et un attentisme alimenté par l’instabilité réglementaire. Amar Hocine rappelle que « chaque décision prise aujourd’hui, qu’elle soit positive ou négative, a un impact direct sur les entreprises et leurs salariés ». Il déplore l’absence de cap clair et regrette que les artisans soient contraints de naviguer à vue, sans pouvoir planifier ni investir à long terme.

Emploi local sous tension

Conséquence directe de cette chute d’activité : l’emploi artisanal décroche fortement, avec une perte de 3,4 % sur un an dans les entreprises de moins de 20 salariés, soit plus de 28 000 postes supprimés au niveau national. Dans un département comme le Lot-et-Garonne, où les TPE forment l’essentiel du tissu économique du bâtiment, « ce sont des dizaines de milliers de postes supplémentaires qui pourraient disparaître, menaçant le tissu économique artisanal ». Depuis le second semestre 2024, les intentions de licenciements dépassent les perspectives d’embauche et la tendance ne semble plus vouloir s’inverser désormais.

Des propositions sur la table, mais encore floues

Pour sortir de cette impasse, la CAPEB 47 porte plusieurs propositions depuis plus de deux ans. Certaines avancées ont été obtenues cet été auprès du ministère du Logement : simplification de la qualification RGE, allègement des critères de base, recours facilité aux groupements momentanés d’entreprises… Des engagements importants, mais qui tardent à se concrétiser. « L’élaboration d’un parcours de rénovation énergétique par gestes, adapté aux particuliers et aux professionnels, fait consensus dans toute la filière. Il est temps maintenant de passer aux actes. La relance ne se fera pas sans les artisans », insiste-t-il. Enfin, la CAPEB rappelle qu’elle n’a « jamais appelé à manifester », mais reconnaît qu’elle « ne pourra contenir indéfiniment le mécontentement croissant sur le terrain ».

Une politique publique jugée incohérente

L’instabilité des dispositifs d’aide publique ajoute à la confusion. La suspension du Parcours accompagné MaPrimeRénov’ en juin dernier a eu l’effet d’une douche froide, aussi bien pour les artisans que pour les particuliers. La fin des subventions pour l’isolation des murs intérieurs et extérieurs, effective depuis septembre, prive les professionnels d’un des postes de travaux les plus demandés.

Le Lot-et-Garonne dans le rouge //

  • -4,5 % d’activité dans l’artisanat du bâtiment au 2e trimestre 2025
  • -9 % dans la construction neuve
  • -1,5 % dans l’entretien-rénovation, y compris énergétique
  • 68 jours de carnets de commandes (contre 72 en 2024)
  • -3,4 % d’emplois dans les entreprises artisanales de moins de 20 salariés
  • 20 % des entreprises artisanales signalent des besoins de financement (moyenne : 30 000 €)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

+ 34 = 42