
« Ce sera mon dernier mandat », disait-il. C’était en 2020. Ce samedi midi, depuis le coteau de l’Ermitage, la scène avait tout d’un moment solennel. Face caméra, regard franc, Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen depuis 2008, a mis fin au faux suspense à l’aide d’une vidéo sortie sur ses réseaux sociaux : il sera bel et bien candidat à sa propre succession en 2026. À 69 ans, celui qui a fait ses classes aux côtés de Paul Chollet, puis dans l’équipe municipale de 1995 à 2001, entame un nouveau chapitre. Et s’il revient sur sa parole donnée cinq ans plus tôt, il l’assume sans détour : « En 2020, j’avais dit que ce serait mon dernier mandat et que ce serait un mandat de transmission. Mais ce que nous avons vécu ensuite a tout changé. »
De la pandémie de Covid à la guerre en Ukraine, en passant par l’explosion des prix de l’énergie, le premier édile décrit un mandat heurté, inattendu, presque brisé dans son élan. « Le Covid m’a personnellement marqué au fer rouge. Dans ces moments vraiment un peu durs, on était très seul. Et à peine sortis de cette crise, il a fallu faire face à l’envolée des coûts, à la montée des tensions sociales et politiques. » Ce contexte, dit-il, a changé la donne. Il l’a convaincu de rester mobilisé « dans une période que je sens incertaine, dangereuse », où il estime pouvoir « amener une certaine stabilité, une solidité, et ce n’est pas un luxe. »
Agen, une passion ancienne

S’il brigue un quatrième mandat, ce n’est pas uniquement pour l’amour de la politique, mais bien, selon ses dires, pour celui de sa ville. Agen, pour Jean Dionis, n’est pas un simple territoire d’exercice : c’est une terre de racines, de retour, de choix. « C’est la ville de ma naissance, la ville où j’ai grandi comme adolescent, celle où j’ai décidé de revenir avec ma femme et mes enfants. » Ce n’est pas un discours de circonstance, mais le fil rouge de son engagement.
Il parle avec émotion de l’âme agenaise, de ce qui fait, selon lui, son identité : « Être Agenais, c’est à un moment donné avoir choisi Agen. Que l’on y soit né ou qu’on y arrive de Carcassonne ou d’ailleurs, on y reste parce qu’on aime l’art de vivre ici. » Pour lui, cette douceur locale tient dans un mélange de traditions et d’authenticité : « Garonne, rugby, gastronomie… C’est un tout. Agen est une ville qui s’est construite bras ouverts. » C’est donc presque naturellement qu’il dit vouloir continuer à servir cette ville.
S’il évoque avec fierté ses réalisations, Jean Dionis n’occulte pas la charge personnelle que représente une fonction aussi prenante. « Être maire, c’est une fonction chronophage. On y sacrifie du temps pour sa famille, ses amis, c’est vrai. » Il confie avoir longuement discuté avec ses proches avant de se décider. « Ma femme, mes enfants, mes amis proches savaient que c’était un peu mon chemin, ma passion. Ils l’ont respecté et maintenant, je crois pouvoir dire qu’ils me soutiennent. Je me suis posé la question du mandat de trop. Je me suis demandé si j’avais encore la forme. Et la réponse est oui. J’ai l’envie. »
Eviter la pagaille des extrêmes à la mairie »
Il n’ignore pas que certains lui reprocheront de se représenter encore. Mais il balaie d’un ton ferme l’idée d’un mandat pour durer : « Personne n’est indispensable. Moi non plus. Mais j’ai la conviction que pour ce mandat 2026-2032, je peux être utile. » Il insiste sur ce qu’il peut apporter : « Une expérience, une stabilité, et je pense aussi une capacité d’innovation. » Ce sont ces qualités, dit-il, qu’il mettra « sur la table » pour convaincre les Agenaises et les Agenais. Le mot « équipe » revient souvent dans sa bouche. S’il se présente, c’est aussi au nom d’un collectif qu’il entend porter ou prolonger. Il revendique un bilan « fiable », fruit d’un travail mené « avec sérieux » depuis 2008. « Je crois sincèrement qu’on a un bon bilan, et donc une certaine légitimité à proposer notre candidature. »
Dans un contexte « où la radicalité gagne du terrain, où les repères vacillent », Jean Dionis du Séjour parie sur la stabilité et la proximité. « On ne fait pas maire d’Agen à mi-temps », résume-t-il. Et visiblement, il n’est pas encore prêt à raccrocher les clefs de la mairie. La suite ? Quid du programme ? De l’équipe autour de lui ? Ce dernier tiendra une conférence de presse cet après-midi pour éclaircir les derniers détails.
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