Municipales 2026 : « J’en ai envie, j’aime le quotidien de maire… » Jean Dionis se confie sur sa candidature à Agen

Le maire d’Agen a officialisé sa candidature pour un quatrième mandat. Dans un entretien en profondeur, il revient sur les raisons de ce choix personnel, les enjeux politiques, et les priorités de la campagne à venir.

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Installé au Café Romy en début d’après-midi, Jean Dionis ne cache pas que cette nouvelle candidature, annoncée ce 20 septembre, a été longuement réfléchie. Une décision « difficile », dit-il, qu’il assume pleinement : « Cette décision, vous la croyez ou pas, a été difficile à prendre. C’est une décision exigeante pour ma famille, mes proches. Mais en finale, j’ai dit oui. » Au côté de Claire Rives, benjamine de son conseil municipal, il confesse même une première motivation très intime, presque égoïste : « J’en ai envie. Et il faut commencer par ça, autrement on triche un peu. J’aime Agen, son histoire, ses habitants. Et le mandat de maire, ça vous permet de mettre en œuvre un peu cette affection. » Ce goût de l’action municipale, Dionis l’exprime avec passion : « J’aime le quotidien d’un maire, ce drôle de mélange entre des projets à plusieurs millions d’euros comme la place Jasmin ou l’école Paul-Chollet, et les relations humaines. J’aime rendre service. J’ai un côté un peu boy-scout ou assistante sociale, mais je l’assume. »

Un mandat « de stabilité et d’innovation »

Au-delà de ses envies personnelles, le maire met en avant un bilan collectif qu’il estime solide : « Je trouve que notre équipe… a fait un bon mandat. Tout le monde peut discuter de ça. Mais les yeux dans les yeux, on n’a pas augmenté les impôts, on a tenu parole. » Il évoque aussi la nécessité d’un renouvellement partiel de l’équipe municipale : « Il y aura une proportion importante de femmes et d’hommes nouveaux. Et ce qui est un bon signe pour nous, c’est que beaucoup de gens viennent vers nous en nous disant qu’ils aimeraient être de la prochaine aventure. » La liste et le programme seront dévoilés d’ici fin janvier, avec un mot d’ordre : le contrat. « Le programme, ce n’est pas un document de communication. C’est un contrat entre les représentants et les Agenais. S’il y a un engagement comme l’absence d’augmentation des impôts, il faut qu’on sache si on peut réellement le tenir. »

Pour une campagne « agenaise »

Sur le terrain politique, Dionis assume une ligne de centre élargi, rassemblant les Républicains jusqu’à certains écologistes et sociaux-démocrates. Il se pose en rempart contre les extrêmes : « L’ère du temps, c’est la poussée des extrêmes, à droite comme à gauche. Je veux faire gagner un vrai projet Agenais, pas un projet RN ou LFI. » La stratégie est claire : municipaliser le débat pour s’extraire du clivage national. « On va dire aux gens : là, on ne parle pas d’immigration ou d’Europe. On parle d’Agen. » Une démarche qui vise à séduire au-delà des électorats traditionnels, y compris certains électeurs du RN ou de la gauche déçus par l’union avec LFI. Il dénonce par ailleurs la position de la gauche à Agen, qui a choisi une alliance avec LFI : « C’est un acte grave. Dans les grandes villes, cette alliance ne se fait pas. Et là, ils vont devoir porter toutes les outrances de LFI, y compris municipales… »

Quel programme ?

Le maire sortant structure sa campagne autour de trois grands projets : la LGV, l’intelligence artificielle, et le changement climatique. Sur la LGV, il est formel : « Je ne peux pas imaginer qu’Agen rate ce rendez-vous stratégique. Il faudra se battre sur la liaison des gares, les accès routiers, l’aménagement global. On a besoin de moi pour cela. » Sur l’IA, il veut faire d’Agen un pôle d’excellence : « Ce sera le mandat de l’arrivée de la vague IA. Il faut qu’Agen soit costaud : écoles d’ingénieurs, data centers, infrastructures… » Enfin, il insiste sur la transition écologique et les services publics de base : « Les gens veulent une ville bien tenue. Propreté, incivilités, sécurité, santé : c’est un tout. Et sur la santé, on a été bousculés. Il y aura un groupe de travail dédié, avec des choses nouvelles et ambitieuses. »

En lançant sa campagne officiellement ce jour, Jean Dionis donne le ton d’un scrutin municipal qu’il presse difficile, mais crucial. Reste à voir si les Agenais seront prêts, une fois encore, à lui accorder leur confiance. Qu’ils s’attendent en tout cas à « une campagne où il sera investi à 200% avec des réunions publiques et autres rendez-vous qui seront dévoilés dans les prochaines semaines ».

Une liste dissidente ou une relève avortée ? //

La candidature de Jean Dionis du Séjour n’était pas écrite d’avance. Il le reconnaît lui-même : « Cette décision, elle est vraiment intimement personnelle. Pour vous dire, j’ai averti Clémence [Brandolin-Robert] de ma décision… hier. » Clémence Brandolin-Robert, première adjointe, était-elle pressentie pour prendre le relais ? La question a bel et bien été posée en interne : « Bien sûr qu’on a réfléchi à tous les scénarios. Oui, c’est clair. On a partagé le constat qu’on avait un bon bilan, qu’on était légitimes pour y aller. » Certains, dans son entourage, pouvaient espérer un passage de flambeau. Mais pour Dionis, le contexte électoral, la montée des extrêmes, la nécessité de rassembler justifiait une candidature d’expérience : « Compte tenu de l’ère politique, il faut qu’on soit le plus efficace possible. Et donc, je reprends du service. » Quant à l’hypothèse d’une liste dissidente, le maire la balaie : « En politique, il ne faut jamais dire « jamais », mais je pense que dans l’équipe, il y a le sentiment vraiment partagé d’une élection compliquée qui exige que le bloc central ne se divise pas. » Un message clair envoyé à ceux qui auraient pu être tentés de voler de leurs propres ailes : l’heure est à l’unité, pas aux aventures individuelles. « Les aventures solitaires, c’est très compliqué. »

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