Agen : ce que pensent les candidats aux municipales du front républicain 

Les trois concurrents en lice pour la mairie d'Agen ont été interrogés sur leur conception du front républicain, historiquement lancé pour faire barrage au Front national puis au RN.

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En juillet 2024, la gauche unie sous la bannière du Nouveau front populaire (NFP) et le « bloc central » avec sa multitude de mouvements politiques de centre-droit avaient joué le jeu des désistements pour empêcher le Rassemblement national de faire une razzia dans ces élections législatives. De manière générale, depuis des décennies, la perspective d’une accession de l’extrême droite aux responsabilités a toujours engendré des alliances pour faire barrage. Mais cette « ligne rouge » au sein du spectre politique ne semble plus aussi nette qu’auparavant. Et ce en l’espace de quelques mois. L’extrême gauche, dont le poids a lui aussi augmenté, est désormais agitée comme un épouvantail par ses opposants. Un exemple récent l’illustre bien. En octobre, une législative partielle a été organisée dans le Tarn-et-Garonne. Le président des LR, Bruno Retailleau, a lâché : « Pas une voix pour la gauche », favorisant ainsi l’élection du candidat UDR-RN face à son adversaire socialiste. Reverra-t-on les scénarios de 2024 à l’occasion des futurs scrutins ? Pas si sûr. C’est pourquoi la rédaction de Quidam l’Actu a sondé les candidats à la mairie d’Agen pour connaître leur point de vue sur la question.

En guise de préambule, il est important de noter que la question, d’ordre philosophique, n’a pas pour but d’anticiper les actions des différentes listes au soir du premier tour. Y aura-t-il vraiment une triangulaire ? Quelle sera la hiérarchie ? Quels seront les scores et donc les écarts ? Comment se sera déroulée la campagne ? Fusion de listes ou désistement pur et simple ? Les possibilités sont si nombreuses qu’aucun candidat ne peut à ce stade révéler sa position, d’autant plus que chacun part avec la victoire en ligne de mire. Un autre aspect est à prendre en compte. Contrairement aux législatives, les municipales offrent des sièges aux oppositions. Se désister, c’est perdre cette opportunité.

Laurent Bruneau : une ligne claire

« Bien sûr, je crois encore au front républicain », déclare fermement le leader de la liste Vivement Agen. « La gauche n’a pas oublié que son principal adversaire, c’est le Rassemblement national et les partis qui gravitent autour. C’est fondamental vis-à-vis de nos valeurs, c’est ce qui structure notre action politique. » L’avocat souligne cependant que « la préoccupation n’est pas là » à ce stade de la campagne dans laquelle il s’est engagé. Il confie même que le sujet n’a pas encore été abordé avec ses troupes, l’attention étant focalisée à 100% sur la finalisation du programme. « Ma seule inquiétude finalement, c’est de voir comment Jean Dionis va se positionner avec son équipe en termes de propositions. J’ai des craintes de voir la droite et le centre se rapprocher de l’extrême droite. On voit de plus en plus la droite s’allier au RN et le RN chercher également ces rapprochements. Ce qui s’est passé en Tarn-et-Garonne nous le montre », prévient Laurent Bruneau, impatient de voir les programmes sortir pour juger.

Jean Dionis : moins catégorique

Le maire sortant n’est pas aussi tranché dans ses opinions. « Au niveau national, le front républicain garde sa légitimité. Mais chaque élection a ses propres spécificités. C’est pourquoi il est indispensable de contextualiser la question. Les municipales, c’est très différent du reste », nuance Jean Dionis du Séjour. Différent, vraiment ? Le premier édile maintient le parallèle avec ce qui se passe dans les plus hautes instances de l’État avec l’avènement d’un paysage politique fractionné en trois grands pôles. « L’évènement nouveau, c’est la gauche traditionnelle qui s’aligne sur l’extrême gauche et se compromet. On parle de compromission parce que les idées de La France insoumise vont contaminer tout le reste. Il suffit de lire le programme de LFI pour les municipales partout en France. Sans faire d’attaque ad hominem vis-à-vis de gens qui sont malgré tout respectables, certaines propositions sont dangereuses pour la Ville d’Agen. Dire qu’il faut débrancher la vidéosurveillance c’est une menace pour la sécurité. La gratuité des transports et de la cantine, le passage aux 32 heures pour les emplois de mairie jugés pénibles… Tout ça est en dehors de la réalité et pèsera gravement sur les finances municipales, ce qui se traduirait en impôts pour les Agenais. » La gauche est donc, a minima, renvoyée dos-à-dos avec le RN, dont la mesure de couvre-feu pour les moins de 16 ans, en plus du doublement des effectifs de police municipale, est elle aussi jugée « dangereuse et irresponsable ».

Sébastien Delbosq : ne plus en être victime

Le candidat du Rassemblement national est dans une position différente de ses rivaux. « J’ai du mal avec cette idée de front républicain. D’abord parce que j’en ai toujours été la victime. Je me bats par ailleurs contre cette sémantique galvaudée qui voudrait qu’une formation politique comme la nôtre ne soit pas républicaine. Je comprendrais plus facilement un front de droite contre la gauche et inversement », avance Sébastien Delbosq. Au-delà de son cas personnel, il ne soutient pas particulièrement le concept. « Je suis pour que les électeurs décident et soient libres dans leurs votes. Je ne suis pas opposé aux alliances, mais avant le premier tour. Quand on le fait après, cela devient une alliance de circonstances mêlant la plupart du temps des gens qui ne sont d’accord sur rien. Et surtout, ça fausse les cartes. » C’est pourquoi Sébastien Delbosq annonce d’ores et déjà sa posture en mars prochain. « Quelle que soit la configuration, je ne me désisterai pas. Je ne vois pas pourquoi je ferais des cadeaux à ceux qui ont tout fait pour nous empêcher d’être élus. » L’hypothèse de la gauche au pouvoir l’effraie-t-il au point de changer ses plans ? « J’avoue que LFI me fait peur quand je vois la violence dans les rues et les réseaux sociaux. Je réfléchirai à comment l’éviter. Sans parler de désistement, je ne veux rien exclure. Je ne suis pas sectaire, mon bureau est toujours ouvert pour discuter sur des points de convergence sans mettre de côté les divergences », glisse-t-il. Des rapprochements sont-ils possibles ? La réponse dans un peu moins de cinq mois.

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