ARCHIVES. Les hivers les plus marquants du Lot-et-Garonne

Alors que les températures chutent sur le département, il est temps de se replonger dans le passé et de se souvenir de ces épisodes de froid hors norme qui ont marqué le Lot-et-Garonne.

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Février 1956, un mois cataclysmique

📷 ©Archives départementales Lot-et-Garonne

Le mois de février 1956 reste gravé dans les mémoires comme l’un des hivers les plus rigoureux de notre époque. Dès le 2 février, un froid sibérien s’abat sur l’Europe et le département subit ses premiers effets : neige et températures négatives apparaissent progressivement, avec –7° relevés à Agen. La municipalité se mobilise rapidement, distribuant vêtements chauds, nourriture et combustible aux plus fragiles, avec l’aide des gardiens de la paix et des gardes champêtres. Après une courte accalmie, le froid revient dès le 10 février, avec –13° à Agen. Le 13 février, la Garonne, gelée, charrie d’énormes glaçons et bloque canaux et écluses. À Marmande, une écluse gelée provoque le débordement des eaux entre Teinture et Bernes, noyant la route reliant Le Mas-d’Agenais à Langon. Le 15 février, l’épisode atteint son paroxysme : 20 cm de neige à Agen, 40 cm dans le Villeneuvois et des températures tombant à –22°. Les conséquences sont visibles partout : routes impraticables, risques d’accidents… Dans les campagnes, les récoltes souffrent et les dégâts matériels se multiplient. Le froid persiste jusqu’à la fin du mois, et le dégel apporte son lot d’inondations et de désagréments.

1962-1963, l’hiver le plus long

📷 ©Archives départementales Lot-et-Garonne

L’hiver 1962-1963 reste dans les mémoires comme le plus long jamais enregistré depuis la fin du XIXᵉ siècle et l’un des plus rigoureux après 1956. Dès la mi-novembre, le froid polaire s’installe et ne quittera le Sud-Ouest que le 7 mars. Plusieurs vagues de froid successives, mêlant neige, verglas et courtes périodes de dégel, frappent le Lot-et-Garonne avec régularité. La première offensive survient le 23 décembre, plongeant toutes les températures en dessous de –10°C pour Noël 1962. Mais c’est la deuxième vague, de mi-janvier à début février, qui marque le département : les températures descendent régulièrement sous –20°C, avec –18° relevés en Lot-et-Garonne. La Garonne « transporte d’immenses plaques de glace qui défilent » le long du 47. Une troisième vague, plus modérée, sévit encore de fin février au début mars. Les habitants redoublent d’ingéniosité pour affronter l’hiver : faire fondre la neige pour se laver, se réchauffer au-dessus de boîtes en fer remplies d’alcool à brûler, ou se déplacer sur des sols gelés. Pendant 27 jours consécutifs, la température moyenne ne dépasse pas –6,5°C, faisant de cet hiver un épisode exceptionnel dans l’histoire climatique du département.

1985, janvier sous un manteau de gel

Janvier 1985 restera gravé comme un mois où l’Europe et la France ont grelotté sous un froid exceptionnel, comparable en intensité à février 1956 ou janvier 1963, mais de durée plus courte. Dès le début du mois, un flux d’air venant du nord à nord-est dirige sur le Lot-et-Garonne des masses d’air glaciales venues de l’Arctique. En quarante-huit heures, neige et verglas recouvrent progressivement tout le département, provoquant la mort de plusieurs sans-abri et paralysant la vie quotidienne. Du 4 au 17 janvier, les records de froid tombent, avec deux pics remarquables autour des 8 et 16 janvier, cette dernière journée étant la plus glaciale de France. Dans le Lot-et-Garonne, les matches sont annulés, les écoles ferment, les conduites d’eau éclatent, les transformateurs lâchent et les caniveaux se figent. La flore et la faune souffrent : oiseaux et animaux sauvages sont décimés. Les ports et les bateaux sont pris par la glace, et les berges de la Garonne se transforment en véritable banquise. Pendant près de trois semaines, le département connaît un gel quasi permanent, alimenté par le flux « Moscou-Paris », un air glacial venu de Russie jusqu’à l’Europe occidentale.

2012, le dernier « grand froid »

Le Conseil Départemental enneigé en 2012. ©Conseil Départemental 47

Février 2012 s’inscrit comme un mois historique dans le Lot-et-Garonne, à la fois pour son extrême sécheresse et pour ses températures glaciales. Avec seulement 8 à 15 mm de précipitations relevées par les stations de Météo-France, il s’agit du troisième février le plus sec depuis 1940 dans le département, avec un déficit de 70 à 85 % par rapport à la normale. La neige du 5 février, tombée entre 7 et 15 cm sur des sols déjà gelés, restera au sol jusqu’au 14 février grâce à un temps extrêmement froid.
Les températures sont particulièrement rigoureuses : les moyennes mensuelles des minimales accusent un déficit de 6° par rapport aux normales, et la première décade enregistre –7° à –8° en moyenne, avec des maximales rarement supérieures à 0°. La période la plus intense se situe du 7 au 12 février, avec jusqu’à sept jours consécutifs sans dégel, et un pic de froid le 9 février, où le mercure chute à –13/–14° dans le département. L’installation d’un puissant anticyclone et un flux de secteur nord très sec favorisent un ensoleillement exceptionnel, avec 158 heures relevées. Cet épisode constitue par ailleurs le principal grand froid recensé en France au XXIᵉ siècle… Seul le mois d’avril 2021 a depuis presque rivalisé avec celui-ci, restant tout de même bien loin des statistiques avancées juste avant.

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