Alterfix, l’asso qui crée du lien entre nouveaux et anciens agriculteurs

L'association lot-et-garonnaise organise des évènements pour faciliter l'installation de nouveaux agriculteurs ainsi que la transmission de fermes en abordant l'aspect humain.

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La réalité des chiffres est parfois dure à entendre. Si l’on en croit les données des caisses de la Mutualité sociale agricole, environ la moitié des cotisants actuels partiront à la retraite d’ici 2030. C’est-à-dire demain. Malheureusement, les candidats pour prendre la suite sont loin d’être aussi nombreux. De moins en moins d’enfants souhaitent reprendre la ferme familiale. Certaines des terres à céder rejoindront un contingent d’exploitations en recherche d’expansion, une tendance de plus en plus prégnante. Une autre partie du salut réside dans l’arrivée sur le marché de « néo-agriculteurs », ces aspirants paysans qui ne sont pas issus du sérail. « S’implanter est loin d’être aisé pour eux. Ils n’ont pas beaucoup de réseau et le parcours qui mène à l’installation est tout sauf clair », avance Ariane Lecadieu, coordinatrice Lot-et-Garonne de l’association Alterfixe. Cette structure, née en 2022 dans l’Orne, au cœur du bocage normand, a poursuivi son développement en 2025 avec deux nouvelles antennes, dont une dans le département. Son ambition est justement de « faciliter la reprise de fermes, l’installation et l’émergence de projets agricoles ». Si la philosophie est résolument tournée vers « l’agroécologie » et le respect du vivant, Alterfixe revendique sa neutralité dans un paysage aujourd’hui très politisé.

Plusieurs dispositifs existent déjà mais l’association se penche sur un aspect encore trop peu exploré : l’humain. « Les Chambres d’agriculture et d’autres organismes dispensent des formations techniques ou sur la gestion d’entreprise. Selon nous, ce qui manquait, c’est du lien social, entre porteurs de projet plus ou moins avancés mais aussi avec des futurs retraités, des jeunes installés… Ça peut paraître pas grand-chose mais c’est très important », estime Ariane Lecadieu.

Des moments de rencontres

Pour donner corps à cet objectif, Alterfixe organise des « moments » de rencontres qui prennent la forme de week-ends ou de camps sur deux semaines. L’un de ces week-ends thématiques se tiendra du jeudi 27 au dimanche 30 novembre du côté de Dolmayrac. Le sujet : lever les freins à l’installation agricole. En plus de partager plus de 3 jours complets ensemble, les participants visiteront des sites inspirants comme le Chaudron magique, la ferme bio de Rigoul ou le domaine de Barolle, avec les témoignages de leurs exploitants qui ont pu dépasser des difficultés et monter des organisations intéressantes. Il y aura aussi une conférence, une formation concrète et même une soirée festive ouverte à tous. « Tous ces échanges permettent de s’écouter pour mieux comprendre la réalité du métier, lever des a priori des deux côtés. C’est bien aussi d’assimiler tout ce qui sort de la vie dans les champs. Un exploitant, c’est un producteur certes mais aussi un chef d’entreprise, un commercial, un communicant. Au-delà de ses convictions sur les pratiques, il doit rendre son affaire viable économiquement. C’est pourquoi bénéficier du retour d’expérience des autres est si essentiel », assure Ariane Lecadieu.

En dehors de ces grands rendez-vous, Alterfixe consolide son action tout au long de l’année. La plupart des participants gardent contact et certains vont jusqu’à s’associer afin de poursuivre l’aventure entrepreneuriale collectivement. Des transmissions commencent à s’organiser. Le bouche-à-oreille, quant à lui, produit ses effets. « Il ne se passe pas une semaine sans que nous n’ayons de coups de fil d’agriculteurs désireux de pouvoir céder leurs terres. À nous maintenant de les aider à trouver des repreneurs motivés pour reprendre le flambeau », conclut la coordinatrice.

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