
La crise du chauffage à la cité Rodrigues, dans le sud-est d’Agen, s’inscrit désormais dans la durée. Ce qui n’était au départ qu’une alerte circonscrite à quelques appartements des derniers étages s’est transformé en une coupure totale du gaz, impactant les 340 logements que compte la résidence. En cause : des émissions de monoxyde de carbone détectées dans plusieurs appartements, à des niveaux jugés incompatibles avec un maintien en service des chaudières individuelles. « Nous avons été alertés par des concentrations comprises entre 10 et 50 ppm dans huit logements situés aux derniers étages. La première chose à faire est de mettre les habitants en sécurité », expliquait la semaine dernière Jean Bizet, directeur général d’Agen Habitat. Depuis, de nouveaux signalements et plusieurs interventions des secours, y compris à des étages intermédiaires, ont conduit le bailleur social à élargir le périmètre de précaution et à maintenir l’arrêt total des installations.
Des causes encore floues
Sur le terrain, les premières hypothèses techniques n’ont pas permis de lever les doutes. Si la ventilation mécanique contrôlée a été examinée, des relevés de monoxyde hors des cuisines orientent désormais les investigations vers les conduits d’évacuation des gaz brûlés, installés dans les années 1970. « On ne remettra pas le gaz tant qu’on n’aura pas l’explication du problème », a tranché la direction d’Agen Habitat. Une expertise judiciaire indépendante a été déclenchée afin de déterminer l’origine exacte des dysfonctionnements. Vétusté des équipements, défauts structurels ou interaction avec le chantier de réhabilitation en cours : toutes les pistes restent ouvertes. En attendant les conclusions, aucun calendrier précis de remise en service n’est avancé, alimentant l’incertitude chez les habitants.

Car, sans chauffage et, pour certains logements, sans eau chaude, les locataires doivent composer avec des conditions de vie difficiles en plein mois de décembre. « Des radiateurs électriques d’appoint ont été distribués à grande échelle et les équipes de proximité du bailleur ont été renforcées, avec la mise en place d’un poste de commandement de crise au cœur de la cité. » Des douches individuelles seront par ailleurs installées sur le parking du gymnase du collège voisin.
Ces solutions temporaires ne suffisent toutefois pas à apaiser les inquiétudes, notamment face aux surcoûts énergétiques et à l’absence de visibilité sur la durée de la situation. Agen Habitat s’est engagé à compenser financièrement les désagréments, avec des baisses de loyers et la prise en charge des dépenses liées à l’usage des chauffages d’appoint, selon des modalités ajustées à chaque situation. « De la poudre aux yeux », rétorquent au bailleur social les habitants concernés.
Le raccordement au RCU accéléré
Cette crise vient précipiter un chantier déjà engagé depuis plusieurs mois. La cité Rodrigues fait l’objet d’une réhabilitation d’envergure, chiffrée à plus de 22 millions d’euros, comprenant l’isolation thermique des bâtiments et le raccordement progressif au réseau de chaleur urbain. À terme, l’objectif est clair : supprimer définitivement les chaudières individuelles à gaz. « À partir du moment où le système de chauffage définitif sera installé, nous n’aurons plus de problèmes de monoxyde de carbone », assure, quant à lui, Guillaume Marcot, directeur de l’entreprise Seg-Fayat, en charge des travaux. Certains immeubles ont déjà basculé vers ce nouveau mode de chauffage, mais d’autres devront attendre la fin des travaux de toiture et d’isolation, annoncée « pas avant 2026 » par le maire d’Agen, Jean Dionis. D’ici là, à la cité Rodrigues, l’hiver s’annonce long pour de nombreux locataires.





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