Villeneuve se livre, histoire d’un renouveau

Le salon littéraire villeneuvois revient dès vendredi et jusqu’à dimanche dans une toute nouvelle formule. Retour sur le passé de cet évènement qui occupe une place à part dans la vie de la bastide.

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«On ne parle plus de salon, mais de festival. » Tels étaient les mots du maire Guillaume Lepers lors de la présentation de « Villeneuve se livre » en mai dernier. La nouvelle majorité municipale, bien accompagnée par les différents services culturels, affichait ainsi clairement son ambition de dépoussiérer, sinon améliorer, l’emblématique rendez-vous littéraire de la rentrée. En faisant appel aux compétences du programmateur professionnel Pierre Defendini, la bastide a pu réunir un plateau éclectique d’environ 70 auteurs, dont le prestigieux duo parrain/marraine incarné par David Foenkinos et Clélia Ventura. Trois jours durant, du vendredi 24 au dimanche 26 septembre, le public aura la possibilité de rencontrer ses écrivains favoris et les futurs grands noms en plein cœur de la ville puisque tout se passera sur la place Lafayette. Il y aura aussi du théâtre, des expositions, des rencontres en classe… Une ambition qui n’est pas sans rappeler celle du créateur de cet événement : Jean-Luc Barré.

Dimension internationale

Si cet écrivain et éditeur villeneuvois a mené (et mène toujours) une très belle carrière à Paris, il a aussi administré les affaires culturelles de sa ville natale. De 1989 à 2001, il fut adjoint au maire, d’abord sous Claude Larroche, puis Léon Bourjade et enfin Michel Gonelle. Et c’est aux cotés de ce dernier que Jean-Luc Barré a créé le premier salon du livre. On est en 1995. « Entre mon double métier et mon activité d’élu, j’avais une certaine légitimité et je connaissais en plus très bien le milieu », confie-t-il. Bien suivi par le premier édile de l’époque qui lui a laissé carte blanche, Jean-Luc Barré s’est mis en tête de sortir des sentiers battus. « Selon moi, un festival doit être incarné par celui qui l’organise, c’est à dire avoir une patte. Au milieu des années 90, il n’y avait pourtant pas foule au niveau des salons du livre dans la région. Il y avait Bordeaux, Brive et c’est à peu près tout. Ce n’est pas comme maintenant où chaque ville veut le sien. Malgré cela, je tenais à démarquer Villeneuve avec une proposition originale. » Baptisé Salon des livres du Sud, le rendez-vous revêtait une dimension internationale. A chaque édition, son pays invité. « On a fait venir de très grands auteurs étrangers, dont le prix Nobel chinois Gao Xingjian, des Africains, des Indiens… On a participé à les faire découvrir au public français. Et là-dessus, on a été des pionniers. C’est ma grande fierté », explique Jean-Luc Barré, qui est par ailleurs parvenu à avoir Jean Daniel comme tout premier parrain.

«Dans la bonne direction»

Si le salon littéraire villeneuvois n’a jamais disparu, son créateur n’a cependant pas vraiment goûté ses évolutions. « Ça avait beaucoup de gueule (sic) puis ça a été défiguré à cause des changements de bord politique. Jérôme Cahuzac n’a pas su le faire perdurer comme il aurait dû, et je dis ça d’autant plus objectivement qu’il s’agit d’un ami personnel. Toujours est-il que l’évènement a perdu de sa ferveur, et les changements incessants de lieux n’ont pas aidé. » La nouvelle formule de ce millésime 2021 retrouvera-t-elle grâce à ses yeux ? « Je trouve en tout cas qu’il y a de bonnes idées. Retrouver le cœur de ville avec la place Lafayette va dans la bonne direction, tout comme la transversalité avec les autres formes artistiques. » L’éditeur souhaite en tout cas le meilleur à ses successeurs et estime que remettre la bastide lot-et-garonnaise sur la carte de France n’est pas impossible. « Marciac l’a bien fait avec le jazz. Pourquoi pas Villeneuve avec le livre… »

Interview //

David Foenkinos : « Une proposition que je ne pouvais pas refuser »

Le parrain de cette édition 2021 est un auteur à succès dont la présence est de plus en plus rare sur ce type de manifestation. Il explique les raisons de sa participation.

Quidam l’Hebdo : Vous revenez à Villeneuve près de vingt ans après votre premier passage. Quels sont les souvenirs qui remontent ?

David Foenkinos : J’étais venu en 2002, pour mon tout premier roman (ndlr, Inversion de l’idiotie : de l’influence de deux Polonais, éd. Gallimard). Villeneuve ne m’était pas complètement étrangère puisque j’avais de la famille du côté de Fumel. J’avais donc déjà passé des vacances dans la région. Le salon du livre était toutefois une première et j’en garde d’excellents souvenirs. C’est déjà une chance de pouvoir être découvert, même si c’est peu de lecteurs, comme pour tout écrivain qui débute. Parcourir les salons est l’une des phases les plus importantes. Et je reste depuis cette époque très attaché au premier roman.

Quidam l’Hebdo : En l’espace de deux décennies, votre statut a complètement changé avec beaucoup d’ouvrages à succès. Qu’est-ce qui vous motive encore à venir sur un modeste salon de province ?

D. F. : Il est vrai que je me déplace un peu moins ces dernières années mais le plaisir de rencontrer les lecteurs reste intact. Pour ma part, mes livres sont toujours très différents et c’est essentiel d’aller voir comment le public les perçoit. Je viens aussi pour voir mes « collègues de bureau ». A Villeneuve, je vais retrouver un certain nombre d’auteurs amis, dont Clelia Ventura. Et puis il y a le soutien de la profession dans son ensemble en particulier les libraires dont on a pu mesurer l’importance dans les moments difficiles que nous avons traversés.

Et si j’ai répondu à l’appel des organisateurs villeneuvois, c’est tout simplement parce qu’ils ont formulé une proposition que je ne pouvais pas refuser. Déjà, c’est un honneur pour moi de pouvoir parrainer cette édition. Cela va encore plus loin avec, le vendredi soir, une adaptation au théâtre d’un de mes livres (ndlr, Le potentiel érotique de ma femme) par une jeune troupe talentueuse. J’ai trouvé ce projet formidable. On sent un désir très fort de la Ville de faire vivre la culture. Je vais donc, en retour, essayer de mettre ce salon en avant du mieux possible.

Quidam l’Hebdo : Un petit mot sur votre dernier livre, La famille Martin (Gallimard), que vous allez présenter aux Villeneuvois…

D. F. : C’est un livre paru en 2020 et que je vois comme un amusement littéraire. Ça parle d’un écrivain qui va aborder les premières personnes qu’il croise dans la rue et en faire les personnages de son roman. Il va ainsi entrer dans la vie de la famille Martin et les choses vont rapidement déraper. C’est un bouquin sur le jeu. Certains lecteurs se demandent si j’ai vraiment fait ça. C’est en tout cas un mélange de beaucoup d’histoires que j’ai pu récolter. Selon moi, n’importe qui pourrait être le sujet d’un roman.

Je viens également de terminer un nouveau livre, qui sortira en janvier prochain et qui parle d’un tout autre sujet : Harry Potter…

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