Les stations locales de RFM et Virgin menacées de fermeture

Le groupe Lagardère a entamé un plan social qui vise notamment à supprimer de nombreux décrochages locaux de ses antennes RFM et Virgin, dont ceux du Lot-et-Garonne.

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Patrick Anselmetti, voix des journaux matinaux de RFM depuis 2004, pourrait perdre son poste avec la fermeture de la station lot-et-garonnaise.

A l’antenne, rien ne transparaît. Patrick Anselmetti et Tiffany Derouet assurent leurs flashs toutes les demi-heures dans les matinales respectives de RFM et Virgin Radio comme ils le font chaque jour depuis des années. Et pourtant, en coulisses, la situation est réellement tendue. Le 7 octobre dernier, un projet de Plan de sauvegarde de l’emploi a été présenté aux représentants du personnel. L’objectif de la direction du groupe Lagardère, propriétaire de ces deux radios musicales en plus d’Europe 1, est clair : fermer 30 de ses 71 stations en régions (26 pour Virgin et 4 pour RFM) supprimant au passage 34 postes, dont ceux de Patrick et Tiffany. Une décision contre laquelle les concernés vont se battre, avec l’appui des deux organisations syndicales qui œuvrent conjointement, la CGT et la CFDT. « C’est difficile car en radio, on tisse des liens très forts avec les auditeurs. On entre dans leur quotidien, dans leur intimité. On est un repère chronologique et, pour ceux qui ne lisent pas, la seule source d’information locale. Au-delà de nos petites personnes, c’est aussi une marque de mépris de la part de la direction envers les auditeurs », déplore Patrick, dont la voix réveille des milliers de Lot-et-Garonnais chaque jour depuis plus de vingt ans, d’abord sur Europe 2 (devenue Virgin) puis RFM à partir de 2004. Si le plan du groupe Lagardère est mis à exécution, les fréquences resteraient et les flashs-info proposés seraient ceux de… Toulouse.

Un choix incompréhensible pour les deux journalistes agenais et leurs camarades, d’autant plus que les antennes régionales sont bénéficiaires.

Convaincre le CSA

« Virgin perd certes un peu d’argent mais avec les résultats de RFM, on a rapporté 3,6 M€ de dividendes. C’est moins que l’an passé, à cause de la crise sanitaire, mais c’est toujours bien plus que le déficit abyssal d’Europe 1. Et s’il y a une petite baisse des audiences, c’est aussi parce que la direction ne fait rien. On leur réclame par exemple en vain depuis des années de nous permettre de développer les podcasts, de nous donner les moyens d’avoir une meilleure présence sur les réseaux sociaux pour accompagner l’évolution du paysage radiophonique. Mais quand on veut tuer son chien, il est plus facile de dire qu’il a la rage », avance Patrick, qui est par ailleurs délégué du personnel.

L’affaire n’est néanmoins pas encore pliée. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) doit valider ce plan social. Et plusieurs arguments pourraient pousser l’instance suprême à le retoquer. Parmi les critères auxquels prête attention le CSA, il y a la pluralité de l’information. Et si les acteurs de la presse papier sont nombreux, ce n’est pas le cas sur les ondes. « Par ailleurs, quand Europe 2 et RFM ont récupéré le droit d’émettre sur ces fréquences, elles avaient dans leur cahier des charges l’obligation de faire du local. Mettre l’info de Toulouse à Agen, ce n’est pas faire du local, à part pour les Parisiens complètement déconnectés et qui ne mettent jamais les pieds en province », lâche Patrick. Une bataille va donc s’engager dans les prochains mois. Le PSE doit être remis en fin d’année. La réponse définitive du CSA pourrait tomber au printemps.

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