Malgré le temps plus que maussade, l’engouement était de mise pour cet événement consacré aux énergies renouvelables.
Généralement, une fois les inaugurations passées, la routine prend le pas sur l’engouement. A la station bioGNV de Villeneuve-sur-Lot, la toute première du genre à avoir vu le jour en Lot-et-Garonne, c’était plutôt l’inverse. Il y avait plus de monde pour souffler la bougie des un an qu’au lancement de la plateforme, grâce notamment au syndicat Territoire d’énergies 47 et l’entreprise exploitante Seven qui avaient mis pour l’occasion les petits plats dans les grands. Ce mercredi 10 novembre, une sorte de mini-foire a réuni plusieurs acteurs des énergies renouvelables et de nombreux visiteurs, montrant ainsi, avec la manière, que cette démarche n’avait rien d’un simple effet de mode. Mieux encore, l’avènement du bioGNV dans le département révèle toute la pertinence des associations entre public et privé.
Dilemme de l’œuf et de la poule
Pour ce type d’innovation se pose toujours le dilemme de l’œuf et de la poule. Les stations de biocarburants ne voient pas le jour car il n’y a pas d’entreprises équipées de véhicules adaptés. Et les entreprises ne veulent pas s’équiper car il n’y a pas de station… Dans le cas lot-et-garonnais, un transporteur frigorifique, en l’occurrence la STFV dirigée par Thierry Zanella, a accepté de se mouiller sous l’impulsion de son principal client, Picard Surgelés. Plus d’un quart de son impressionnante flotte de poids-lourds, qui approvisionne les magasins de la marque dans 23 départements du Grand Sud-Ouest à partir des entrepôts villeneuvois de la Sofrilog, a ainsi été convertie au bioGNV, réduisant de 80% les émissions de CO2. Tout l’enjeu était d’avoir un volume de consommation suffisant pour justifier la construction d’une station. « On s’est engagé auprès de Seven pour 250 tonnes par an. L’objectif est tenu », indique Thierry Zanella. Ce dernier révèle que la conjoncture marquée par une forte hausse du prix du gaz rend cette technologie « moins rentable » par rapport au diesel. « Nous ne regrettons cependant rien, poursuit l’entrepreneur. Le message reste fort et impactant. Il nous permet d’anticiper les futures règlementations qui seront imposées par les grandes métropoles (ndlr, Crit’air 1). Et les chauffeurs sont très satisfaits de leurs véhicules, plus silencieux et plus souples à l’usage. » Un message quasi militant qui a convaincu d’autres organisations de s’engouffrer dans la brèche, dont Territoire d’énergies 47 et sa filiale Avergies. La Région a aussi participé à cet investissement avoisinant le million et demi d’euros. La CAGV, en plus d’avoir accompagné cette implantation, veut montrer l’exemple avec un camion-benne roulant au bioGNV en attendant d’autres engins, notamment les futurs bus du réseau Elios. Puisqu’il est question de bus, l’entreprise Fiagéo Groupe Delbos croit aussi dans cette carburation alternative et s’est déjà engagée dans le processus.
De nombreux projets en cours
Demain, ce sera peut-être au tour des particuliers d’occuper la station. C’est en tout cas ce qu’espère le groupe automobile Alliance Pujol (concessionnaire Volkswagen, Seat, Skoda, Volvo…) avec plusieurs voitures répondant à ces critères au catalogue.
Mais cet anniversaire était aussi le moment propice pour évoquer l’amplification du phénomène. Le fournisseur GRDF a annoncé, par la voie de son directeur délégué Frédéric Rolland, l’objectif de passer de 18 stations aujourd’hui à plus d’une trentaine en 2023 et tripler la consommation, « ce qui signifie tripler la production de gaz d’origine renouvelable dans le même temps » avec des projets de méthaniseurs partout…
Il ne faut pas non plus oublier les initiatives complémentaires, autour de l’hydrogène notamment… La route vers un avenir « écoresponsable » semble se dessiner chaque jour un peu plus, et les acteurs locaux y prennent une part active !
Vers le retour du fret ferroviaire à Villeneuve ?
A l’occasion de l’anniversaire de la station bioGNV, le vice-président du Conseil régional Renaud Lagrave (chargé des infrastructures, des transports et de la mobilité) était présent. En évoquant son souhait de rétablir le fret ferroviaire dans son département des Landes, il a tendu une perche au maire de Villeneuve et président de la CAGV Guillaume Lepers. A défaut de pouvoir raisonnablement espérer un retour des wagons-voyageurs dans sa cité, ce dernier souhaite ardemment pouvoir requalifier une voie ferrée afin d’y mettre des marchandises. « Avec les nombreuses entreprises logistiques sur le territoire, ça aurait du sens. » Si Renaud Lagrave n’a fait aucune promesse, il est néanmoins au courant des ambitions locales…
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