Big Bazar à la Maison Forte

La Maison Forte, tiers-lieu basé à Monbalen, organise son deuxième bazar de l’année ce samedi. Au programme, notre rapport au vivant avec un étonnant bal des protéines.

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« Comment respecter le vivant quand on n’y connait rien, comme moi, sur le sujet ? », telle est la question que pose Bruno Caillet, le responsable de La Maison Forte, à Monbalen, à l’aube d’organiser son Bazar d’Avril. Une manière de réfléchir habituelle pour ce tiers-lieu où se côtoient des gens de tous horizons. « Nous sommes une fabrique coopérative de transition, présente-t-il. Il faut changer nos manières de faire et notre rapport à l’environnement. Nous devons expérimenter, désapprendre et nous le faisons grâce à des rencontres de nature très différentes. Cela peut être entre un paysan, un designer ou un artiste. Nous faisons venir ici des jeunes chercheurs appelés ‘passeurs’ pour des résidences. Ce qui remonte, c’est la question de comment habiter le monde d’aujourd’hui. On voit bien que vivre en métropole devient compliqué mais la vie à la campagne n’est pas évidente non plus. » Un job titanesque où chacun s’enrichit du savoir de l’autre, dans un apprentissage permanent, le tout dans une ambiance très conviviale. « Il est important de faire les choses le moins sérieusement possible, juge Bruno Caillet. On peut avoir envie de pleurer en regardant l’avenir donc c’est plus simple à aborder en ayant un regard sur l’émerveillement du vivant. » Il est aussi question d’étudier le département lot-et-garonnais en lui-même. « Nous sommes sur un territoire très atomisé, estime le responsable du tiers-lieu. Il faut donc se demander, ce que ‘faire territoire’ veut dire et pour le comprendre, il faut voir comment il est fait dans sonarchéologie, sa géologie et son environnement. A titre d’exemple, à Monbalen, nous sommes à une dizaine de minutes du Lot mais on ne peut pas se considérer comme des gens du Lot. » Enfin, c’est la réflexion sur le vivant et le rapport à l’animal qui sera au centre du prochain Bazar.« On ne cesse de dire qu’il faut former les plus jeunes au respect du vivant mais qu’en est-il des plus vieux, interroge Bruno Caillet. Qu’est-ce qu’ils ont appris ? Qu’est-ce qu’ils vont apprendre ? »

La danse des protéines

Là est tout l’enjeu de ce Bazar, qui porte bien son nom puisque, dans une sorte de parcours, les habitants du territoire peuvent participer à des débats, voir des films et des spectacles ou venir à un repas. « On prend les gens par la main, on les accompagne et on leur dit de nous suivre dans nos rencontres », résume Bruno Caillet. Le précédent Bazar s’était notamment intéressé aux espaces inaccessibles ou encore à cette peur programmée des choses qu’on ne connaît pas. Ce samedi, dans le cadre du Bazar sur le vivant, c’est une rencontre détonante avec le bio-informaticien Nicolas Panel qui sera au cœur du programme. « Nous avons été très perturbés que l’organisation du vivant soit déléguée à l’informatique, se souvient le responsable du tiers-lieu. Lui, il programme informatiquement des protéines, une espèce vivante et un jour, il nous a montré que celles-ci dansaient. » Afin de mieux appréhender ces molécules qui font ce que nous sommes, le conteur David Cormena viendra vulgariser le travail du bio-informaticien. « Cette rencontre était très intéressante entre un scientifique assez carré et un conteur intimidé par une connaissance qu’il n’avait pas, se souvient Bruno Caillet. Il y aura ensuite Camille Humeau pour mettre en musique ce son électronique puis le chorégraphe Fernando Cabral qui nous apprendra à danser comme les protéines. » Olobiont Society, un film de l’artiste Dominique Koch, sera diffusé tout au long de la journée, « un voyage sur nos façons d’habiter les éco-systèmes. » Un sacré Bazar qui porte bien son nom mais qui reste très organisé, riche d’enseignements.

Renseignements //

Bazar d’Avril, samedi 16 avril, à La Maison Forte à Monbalen à partir de 15h. Entrée gratuite réservée aux adhérents (5 € à l’année). Plus d’information et inscriptions au repas sur la-maison-forte.com/agenda/bazar-d-avril

Polyphony Project, bouleversant projet en pleine guerre d’Ukraine

Le précédent Bazar a été l’occasion, pour les membres de La Maison Forte, de vivre « un moment exceptionnel » alors que la guerre d’Ukraine plongeait le monde entier dans l’effroi. « Nous sommes tombés sur des femmes âgées issues d’un milieu rural en Ukraine, présente Bruno Caillet. Celles-ci avaient une problématique, elles allaient perdre leur patrimoine rural chanté or comment peut-on faire un pays sans cette culture ? Avec la guerre, nous nous sommes demandés comment leur faire un signe alors que nous vivons plus ou moins la même chose en Lot-et-Garonne avec une population vieillissante et une langue occitane qui disparaît. Nous avons 80 personnes qui se sont spontanément regroupées et ont fait la promesse de faire perdurer ces chansons et de les diffuser le plus largement possible. Ces femmes se sont rassemblées pour écouter cette chanson alors qu’il était très risqué de le faire. Elles ont été très émues de notre démarche, d’autant que nous avions choisi la chanson d’un village rasé quelques semaines avant. » Ou quand la culture et sa préservation peuvent contibuer à atténuer une vive douleur.

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