Quidam l’Hebdo : Comment jugez-vous la préparation estivale du SUA LG ?
Jean-François Fonteneau : Je suis resté aux côtés des joueurs, du staff et de Bernard (ndlr, Goutta, le manager). Ce que j’ai vu, c’est une préparation solide, très sérieuse, avec des joueurs vraiment concentrés et soucieux d’être prêts pour ce début de saison. Grâce, si j’ose dire, à la précoce fin de saison dernière, on a pu gagner deux à trois semaines de préparation supplémentaires par rapport à d’habitude. C’est beaucoup et cela nous donne quelques garanties supplémentaires pour ces premiers matchs. On sent que le groupe est déjà bien en place. Reste à savoir si cela tiendra au même niveau jusqu’à la fin de ce premier bloc de cinq rencontres. En tout cas, les voyants sont au vert pour le moment.
Quidam l’Hebdo : Comment le travail a-t-il été réparti avec la nouvelle organisation mise en place ?
J.-F. F. : Déjà, il faut se rappeler du contexte dans lequel Bernard Goutta est arrivé. On était au mois de janvier, dans une période encore très compliquée pour nous. Il a dû fonctionner avec un staff déjà en place, qui a malgré tout fait le job. Mais pour cette saison, on part sur de nouvelles bases. C’est lui qui a choisi ses troupes en me soumettant des propositions que j’ai pleinement validées. Le but n’était pas d’aller chercher des copains mais des compétences. On peut, par ailleurs souligner l’implication de Dave Ryan qui s’avère très précieuse. L’encadrement est maintenant bien structuré. On a aussi beaucoup travaillé ensemble sur le recrutement pour venir compléter des postes sur lesquels on était quelque peu défaillants ou sur lesquels on manquait de profondeur. Sur l’aspect travail et sur l’implication, ce que je vois aujourd’hui est très positif. Mais seuls les résultats le confirmeront.
Quidam l’Hebdo : Justement, cela s’est concrétisé avec une victoire à l’extérieur dès l’entame du championnat (victoire 17-19 sur la pelouse de Provence Rugby). Pouvait-on rêver mieux ?
J.-F. F. : C’est en effet très satisfaisant d’avoir su aller chercher ce succès sur le terrain d’une équipe qui n’a pas hésité à afficher ses ambitions. On est réalistes, l’équipe reste perfectible. On a vu pas mal de scories, on aurait pu être plus tueurs dans les zones de marque et dans le money time. Mais pour une fois, c’est tombé du bon côté et c’est plutôt plaisant, surtout face à un concurrent direct.
Quidam l’Hebdo : Cela faisait longtemps (9 ans) qu’Agen n’avait pas commencé sa saison par un succès…
J.-F. F. : C’est vrai mais il y avait aussi, parfois, des circonstances atténuantes. Sur les quatre années que l’on a passées dans l’élite depuis que je suis président, ce n’était vraiment pas simple d’aller battre des équipes aussi bien armées que le sont les formations de Top 14, qui plus est à l’extérieur. Cela étant dit, c’est très bon pour la confiance de commencer par une victoire.
Quidam l’Hebdo : La confiance, c’est ce qui a cruellement manqué au Sporting ces derniers temps…
J.-F. F. : Tout est beaucoup plus facile quand on gagne. Mais cela ne dure qu’une semaine, jusqu’au match suivant. Il y a de la confiance oui, mais aussi quelques appréhensions. C’est une nouvelle équipe, un nouveau challenge. Le pire serait de s’enflammer et de manquer d’humilité. On a des objectifs élevés, je crois sincèrement que l’on peut faire une belle saison. On tient à montrer que le SUA est un club de haut de tableau. Toutefois, on va éviter de de bercer notre public et nos partenaires d’illusions et de faux espoirs. On ne gagnera pas tous nos matchs, loin s’en faut, mais on fera quand même de notre mieux. Que tout le monde se rassure, la page des deux dernières années est tournée. On se libère de ce fardeau.
Quidam l’Hebdo : De quels objectifs peut-on déjà parler ?
J.-F. F. : On va essayer de rester invaincus à domicile, ce qu’on a réussi à faire sur la deuxième moitié de saison dernière. On a réussi à régler certains problèmes à Armandie à partir du match nul contre Bayonne en janvier dernier donc il y a des raisons d’y croire. Si l’on ajoute à cela quelques bons coups à l’extérieur comme à Aix-en-Provence, on devrait être dans le bon wagon. Parler de qualifications dans les 6 est encore trop tôt mais bien sûr, on espère.
Quidam l’Hebdo : Rester maître à la maison sera d’autant plus important avec l’inauguration de la nouvelle tribune Ferrasse en octobre…
J.-F. F. : Tout ce qui se passe autour de ce nouveau stade est important, à plusieurs raisons. Armandie doit être, dans notre département, un endroit où toutes les strates peuvent se retrouver, le public, les décideurs, les joueurs… Et la communion n’en est que plus grande dans la victoire. Il y a aussi tout ce qui ne se voit pas. Nos installations étaient obsolètes. Sur le volet sportif, en donnant de nouveaux moyens à notre équipe, on se met dans une meilleure position pour recruter. Les joueurs, qui passent énormément de temps dans ces installations, les agents, les parents des jeunes joueurs… Tous y voient de nouvelles perspectives. C’est un atout concurrentiel important. Et puis il faut avoir conscience que beaucoup d’autres clubs avancent sur la même voie, même si les travaux ne sont pas toujours de cette envergure. On pense aussi à tous les salariés et collaborateurs du club, à qui on veut offrir de meilleures conditions de travail. Ce sont tous ces aspects qui donnent du sens à ce projet porté par les institutionnels (entre 15 et 17 M€) et par le club (8 M€). La prise de risque n’est pas anodine mais c’est la condition sine qua non pour développer de nouveaux partenariats, augmenter notre budget et viser plus haut.
Quidam l’Hebdo : Quel délai vous donnez-vous pour remonter en Top 14 ?
J.-F. F. : Le Top 14, c’est super, mais seulement quand on a les moyens de le vivre pleinement. Ce qui n’était pas notre cas ces dernières années. On était perpétuellement en mode survie, avec pour seule vision d’éviter l’accident industriel. Pour envisager y faire quelque chose d’intéressant, il faudrait environ 20 M€ de budget annuel, contre 13 environ actuellement. Franchir ce cap financier prendra du temps. On veut aussi se reconstruire sur des bases saines, en mettant encore plus l’accent sur la formation, ce qui signifie structurer l’association avec plus de compétences, créer une culture commune entre les catégories de jeunes et l’équipe pro. C’est un travail de longue haleine. On ne va donc pas se précipiter pour parler de Top 14.
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