Voilà un peu plus d’un mois qu’elle a eu lieu… « La révolution des poubelles », comme certains l’appellent. Mais malgré la période qui vient de s’écouler, pour de nombreux habitants de l’Agglomération d’Agen, elle ne passe toujours pas, cette révolution.
Pour rappel, l’Agglo, pour des questions d’économies et de meilleure gestion des déchets, a accompli une refonte totale de son système de ramassages des déchets, notamment en supprimant la collecte des déchets verts en porte-à-porte au 1er janvier 2023. Si ce qui concerne les ordures ménagères passe plutôt bien, les modalités des déchets verts ont du mal à convaincre, provocant même la grogne par endroit.
Et si tout semble avoir été pensé pour pallier cette fin de collecte : location de bennes, broyage des déchets à domicile, amplitude horaire augmentée pour les déchetteries… Pour de nombreux maires et administrés, le dispositif fait tousser. Fin 2022, les maires des communes de Boé, le Passage, Bon-Encontre, Pont-du-Casse étaient déjà montés au créneau contre le dispositif. Le maire du Passage Francis Garcia avait, avant le vote du nouveau système, proposé de réduire la fréquence de récoltes en porte-à-porte plutôt que supprimer celle-ci.
« Réduire plutôt que supprimer »
Parmi le panel d’arguments annoncés, certains reviennent dans la majorité des bouches. Le premier, celui d’une application trop rapide, qui a manqué de clarté, de communication, voire de consultation. Le deuxième, celui du côté peu pratique de la nouvelle organisation. Catherine, Agenaise relativement excentrée avec un beau jardin, n’a d’ailleurs pas été convaincue par la communication. « On nous dit que ça va faire des économies, que la taxe ne va pas augmenter… Mais bon, pour faire des économies, on nous supprime un service qui était très bien. On aurait pu l’arrêter l’hiver à la limite, voire aller à la fin de l’automne et on gardait nos feuilles chez nous. » Son voisin, André, qui se joint à la conversation, est presque du même avis. « Je pense qu’on aurait pu se permettre de drastiquement le réduire mais pour les plus âgés, c’est vrai que complètement le supprimer, c’est pas l’idéal. »
Thérèse, 80 ans, Agenaise elle aussi et amoureuse de son jardin qu’elle entretient encore seule, ne voit pas d’un très bon œil cette nouvelle révolution. « C’était très bien, ce porte-à-porte. Moi, je ne peux pas me charger une remorque… En plus, je ne conduis même plus », rit-elle un peu désabusée. Son fils, venu la voir pour le week-end, comprends bien le désarroi de sa mère. « Je n’habite pas dans la région, donc je ne pourrai pas la débarrasser de toutes ces branches, etc. » , explique Christian. « A 80 ans, je comprends qu’elle préfère prendre un jardinier plutôt que de faire appel à ces nouveaux services. Pour ce qu’elle arrive encore à faire, elle ne va pas louer une benne ».
Des professionnels pas convaincus
À de nombreuses reprises, l’argument des personnes âgées ou des personnes n’ayant soit pas les moyens financiers de louer une benne (qui coûte entre 58 et 131 euros selon le volume) ou les moyens matériels pour se rendre en déchetterie, est revenu sur la table. Pour des professionnels du milieu, c’est d’ailleurs le volet déchetterie qui pose problème comme l’explique ce paysagiste professionnel qui exerce sur un large secteur en Agenais.
« On va être beaucoup plus sollicité, notamment par les personnes âgées, je pense », analyse t-il. « Pour ma part, elles représentent déjà une majorité de ma clientèle, sauf que je n’ai que 12 passages gratuits par an en déchetterie, ensuite, il faudra que je paie », explique l’Agenais. «Le problème, c’est que j’ai déjà dû augmenter un peu mes prix à cause du carburant. Là, je ne peux pas trop me le permettre, mais il va bien falloir répercuter ce coût quelque part. »
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