Le projet de Beauregard se rapproche t-il de la surface ?

La réhabilitation du seuil de Beauregard est revenue sur la table. A l'occasion du conseil municipal du 6 mars dernier, la Ville d'Agen, par la voix deJean Dionis, a réaffirmé la volonté de redonner un véritable souffle au projet.

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Depuis des décennies, il fait figure de squelette qui se délite lentement dans le lit de la Garonne, entre Boé et le Passage. De là à dire que le dossier de réhabilitation au seuil tient de la légende, il n’y a qu’un pas… Ou plutôt, il n’y avait qu’un pas.
Car en effet, si depuis des années, le maire d’Agen et président de l’Agglo Jean Dionis en avait fait un de ses chevaux de bataille, le dossier semblait profondément enlisé dans un marasme de contraintes environnementales et administratives. Pour autant, la relance de ce dossier n’a jamais été abandonnée par la municipalité agenaise qui le compte même dans ses engagements de mandat. Et celle-ci entend bien désormais mener à bien ce dernier. Déjà évoqué lors de l’inauguration de l’usine de Sivoizac où l’édile avait déjà posé que « Beauregard se ferait », c’est en conseil municipal, le lundi 6 mars, que le premier édile agenais a évoqué sa volonté de mener à bien le dossier de réhabilitation du seuil de Beauregard. « Aujourd’hui, tous les obstacles de faune et de flore peuvent êtres lavables grâce à la technologie », a précisé l’élu avant d’insister : « Nous allons y mettre de la force ». Construit au milieu du XIXème siècle afin d’alimenter le canal latéral à la Garonne et de permettre la navigation sur le fleuve, il a été progressivement abandonné, notamment à la suite de l’élargissement du lit de la Garonne, passant de 170 à 205 mètres en 1970. Depuis, il ne cesse de se déliter petit à petit et d’accueillir des monceaux de bois morts portés au fil de cru.
Et cette résurrection du seuil à tout un enjeu essentiel pour la Ville et l’Agglomération. Celui de sécuriser l’approvisionnement en eau potable.  « Dans ce dossier, on parle des berges de la Garonne, des mobilités douces ou du tourisme mais le sujet, c’est surtout celui de sécuriser l’approvisionnement », a argué le maire d’Agen.
Dans une période où l’étiage de la Garonne n’a jamais été aussi bas et où les quelques giboulées de mars ne font figure que de pansement, l’importance de la présence du seuil revient plus que jamais sur le devant de la scène puisque ce dernier permettrait de créer une retenue d’eau non négligeable. 

L’appui parlementaire 

Ainsi, le maire d’Agen compte sur plusieurs soutiens pour enfin remettre ce projet à flots. « Nous ferons tout ce qu’il faut pour travailler avec les parlementaires avec qui nous avons à travailler » a confirmé Jean Dionis.
Fin 2020 déjà, une rencontre avec l’Agence de l’eau avait permis de partager la vision portée par l’Agglomération d’Agen, inspirée par des exemples concrets et positifs en faveur de la biodiversité (barrage de Poutès dans l’Allier). En mars 2022, c’était Alain Rousset, président du Comité Adour-Garonne et président de la région Nouvelle-Aquitaine, qui venait aux portes de Beauregard, afin de se rendre compte de la situation et affirmer son soutien au projet au vu des mauvaises prévisions concernant l’étiage du fleuve d’ici à 2050.
Fin 2022, c’est le député Michel Lauzzana qui portait à l’Assemblée un amendement pour faire avancer les lignes et permettre la levée des freins à la construction de petites unités hydrauliques sur les sites Natura 2000 comme celui de Beauregard. Problème en plus, le site tombe sous le coup de la loi sur l’eau. Cette loi dispose en effet qu’aujourd’hui, il n’est pas possible de reconstruire le barrage en raison de l’obstacle à la continuité écologique qu’il pourrait représenter. L’argument de l’obstacle à la migration des poissons est notamment avancé dans le projet. « Aujourd’hui, cette opposition ne tient plus et il faut mobiliser l’opinion publique » a terminé Jean Dionis en annonçant qu’une lettre ouverte serait adressée au ministre de l’Ecologie afin de pousser à la réouverture du dossier. Dossier qui devrait être de nouveau abordé lors du prochain conseil municipal.

Le projet de réhabilitation présenté par l’Agglo en 2018

Un projet multi-facettes

Pour rappel, le projet du seuil de Beauregard consiste en une réhabilitation du seuil existant tout en préservant la faune et la flore. Il serait cas de reconstruire le seuil sur ses côtes historiques tout en y implantant une centrale hydroélectrique, capable d’alimenter 3 000 foyers en électricité verte. Un dispositif de turbines dites Very Low Head et conçues pour permettre aux poissons de traverser le seuil, en plus de proposer deux autres dispositifs d’échelles à position s’ajouterait à la structure. Le principe de création de ce plan d’eau permettrait donc de sécuriser l’approvisionnement en eau ,même en faible période d’étiage et aurait un impact positif dans la lutte contre l’érosion des berges.
Le projet initial prévoit également de créer une voie verte submersible entre les deux berges et à terme, de prévoir des pratiques sportives sur le bassin de rétention ainsi créé. 

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