Agen est prête à dormir dans le noir

Dès ce soir 23 heures, Agen appuiera enfin sur l'interrupteur. Extinction des feux programmée pour quasiment les trois quart de la ville jusqu'à 6 heures du matin.

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Tout vient à point à qui sait attendre. Beaucoup ont ainsi attendu de voir si l’Agglomération d’Agen allait enfin réussir à éteindre ses éclairages publics. Ce sera désormais chose faite dès ce soir sur la ville d’Agen qui rejoindra 29 communes de l’Agglo déjà plongées dans le noir une grande partie de la nuit. « Il faut retrouver une nuit qui soit une nuit », a appuyé Jean Dionis. Ainsi, un peu plus de 80% de l’éclairage public de la ville d’Agen et de l’Agglo sera éteint de 23h à 6 heures du matin, le tout découpé en trois zones : la majorité de l’agglomération sera plongée dans le noir à partir de 23 heures, les zones d’activités nocturnes et les axes de circulation importants auront un sursis jusqu’à deux heures. Quant aux zones équipées de caméra de surveillance sans infra-rouge (hypercentre et quartier jasmin pour la ville d’Agen) resteront allumées comme auparavant.
« Nous avons été un peu moqués concernant la mise en place de cette mesure qui devait être mise en place rapidement », a souligné Jean-Marc Gilly, maire d’Estillac et vice président en charge de l’éclairage public.
À la base prévue pour le 1er janvier 2023, l’Agglo avait été contrainte de repousser l’extinction des lumières pour des raisons matérielles. La cause de ce retard ? Des problèmes avec le fournisseur des « horloges astronomiques ». Ces appareils dont les armoires électriques concernées n’étaient pas toutes équipées permettent en effet d’allumer et d’éteindre les éclairages en fonction des horaires de lever et de coucher du soleil. « Nous avons eu des problèmes dans les délais de livraisons et avons été contraints de changer de fournisseur », a explicité Jean-Marc Gilly. Mais désormais, les 300 armoires ont été équipées et vont permettre à l’Agglo de réaliser d’importantes économies.

15 M€ investis dans le projet

« L’idée était en réflexion depuis 2016 mais il a fallu s’affoler au vu du contexte actuel », a confié le maire d’Estillac. La plage horaire d’extinction va tout d’abord permettre au territoire d’économiser environ 2550 heures d’éclairage par an, soit plus de 50% d’économies d’énergies. L’équivalent de la consommation électrique de 3700 personnes.
« Les factures de gaz et d’électricité ont doublé. Avec ce dispositif, nous allons pouvoir faire des économies de l’ordre de 50% sur les factures d’électricité de la ville », a confié Jean Dionis en tant que président de l’Agglomération. Des économies non négligeables dans un contexte où malgré tout, la facture d’électricité de l’Agglo devrait augmenter de plus de 330 000 €.
Ainsi, l’Agglomération a réalisé un premier investissement de 15M€ afin de renouveler progressivement la moitié de son parc d’éclairage public communautaire. Un investissement important aux retombées non-négligeable. Au total, sur les 19 000 points lumineux de l’Agglomération, ce budget permettra de remplacer 6000 candélabres, de retirer les mats les plus énergivores et remplacer les ampoules trop gourmandes par des LED dans le cadre du Plan d’Economie d’Energie en Eclairage public et signalisation lumineuse tricolore (PEEPS).

Sereine sur la sécurité

Point abordé devant la presse, celui de la sécurité ne semble pas faire débat pour l’Agglomération. « Nous avons vraiment creusé sur le côté sécurité », a tenu a rassuré l’édile agenais. « Après discussion avec la gendarmerie et le colonel, des études et des statistiques, cette extinction n’a pas de corrélation avec une détérioration de la sécurité même si je comprends les inquiétudes. » Les équipes de l’Agglomération s’appuient en effet sur le retour d’expériences similaires qui ne démontreraient pas de hausse sur l’accidentologie routière ni de la criminalité, pointant que 80% des cambriolages ont lieu en plein jour.

Un volet environnemental

En plus d’une raison économique, le projet s’appuie également sur des raisons environnementales qu’a tenu à souligner Jean Dionis. Cette extinction de l’éclairage public devrait en effet permettre de préserver la faune et la flore nocturne ainsi que leurs rythmes biologiques. La pollution lumineuse est la deuxième cause de disparition des insectes. Elle entraîne également la perte de repère des animaux, la modification du rapport proie-prédateur, la dégradation des habitats naturels ou encore une perturbation des migrations. Concernant la flore, les effets néfastes de la pollution lumineuse entraînent notamment des perturbations de la photosynthèse, de la germination et de la pollinisation. 

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