Agen : La « Révolution des Poubelles » et son mode d’emploi 

 Depuis le 1er janvier, l’Agglomération d’Agen s’est lancée dans une vaste refonte de son système de collecte et de traitement des déchets. Un remaniement qui ne fait pas l’unanimité et pour lequel l’Agglo maximise la communication en y dédiant un numéro spécial d’Agglo Info. 

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De la bien nommée « révolution des poubelles », les habitants de l’Agglomération ont surtout beaucoup entendu parler des déchets verts et des passions que la modification de leur ramassage a déchainé entre élus et président de l’Agglomération. Pour autant, la révolution des poubelles, ce n’est pas seulement les déchets verts, mais l’intégralité des déchets. Et pour cause, l’Agglo fait figure « d’élève médiocre », selon les mots de Jean Dionis, maire d’Agen et président de l’Agglomération. « 629 kg d’ordures ménagères sont produites par personne contre 582 kg relevés pour la moyenne nationale ». Un constat qui a donc conduit à cette grande « révolution qui n’est pas une optimisation, mais un changement profond », a insisté l’édile agenais. Un changement profond impulsé par deux autres points clé. Celui de la stabilité fiscale, avec l’ombre de la TGAP (Taxe sur l’incinération des déchets) dont l’augmentation rapide est forte menace les collectivités. Une taxe qui représente jusqu’à 20% du coût du service qui va doubler dans les années à venir. Seule solution donc pour la collectivité : réduire le volume d’incinération. 

Trois enjeux essentiels

L’enjeu est aussi de conserver un taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM). Fixée à 11% pour les ménages de l’Agglomération, Jean Dionis a martelé l’importance de conserver sa stabilité. « La TEOM est un impôt universel qui touche même les plus modestes. C’est un véritable enjeu fiscal et nous voulons nous accrocher à ces 11%. » 
Enfin, le troisième enjeu et non des moindres est celui de la propreté urbaine qui ne pourra être atteint tant que les sacs noirs seront collectés à domicile. La faute notamment à une sorte d’incivisme de certains usagés. « On franchira un pas dans la propreté en ayant la peau de la collecte des sacs à domicile. La réalité, c’est que 20% des gens ne respectent pas le calendrier et laissent les sacs dans la rue, ce qui nuit à l’hygiène. » 
Ainsi, pour mener à bien son projet, l’Agglo passe par les boîtes aux lettres de ses administrés pour expliquer en détails toute cette révolution, mais proposer également certaines solutions pour mieux gérer ses déchets. « C’est une affaire de citoyen, le but n’est pas de jouer au gendarme et au voleur, mais l’Agglo est au pied du mur du point de vue des déchets. Il faut rentrer dans une démarche vertueuse », a rappelé Jean Dionis. 

 

7 étapes clés

  • Les déchets verts de la colère
    Une révolution qui a commencée au 1er janvier 2023 avec la controversée suppression de la collecte des déchets verts en porte à porte. Un choix houleux de l’Agglomération mais toujours assumé. « La tournée n’était pas pertinente aussi bien en pratique que dans les comptes », appuie Jean Dionis et Patrick Buisson, maire de Bajamont et vice président au sein de l’Agglomération. Une tournée que l’Agglomération jugeait inéquitable (avec 8 des 44 communes de l’Agglo desservies), inefficace avec 1,3kg de déchets par habitant concernés en hiver et 2,5 kg maximum en forte saison et exorbitante sur le plan financier avec une augmentation calculée à hauteur de 23% en 2023 si le service avait été maintenu. 

  • Du nouveau dans les déchetteries 
    La deuxième étape, progressivement mise en service, est celle de nouvelles pratiques dans les déchetterie. La première d’abord, celle d’une augmentation de l’amplitude horaire à hauteur de 40%, elles sont désormais ouvertes tous les jours de 10 heures à 18 heures et fermées les dimanches et jours fériés.  « Il y a eu une révision des déchetteries avec de nouvelles filières mises en place pour le recyclage pour les articles de bricolage, de sport, loisirs, jardinage », explique Patrick Buisson, « on va mettre en place petit à petit les barrières de contrôle d’accès, nous allons aussi instaurer un site pilote prochainement. »  A l’arrivée de ce dispositif, les usagers pourrons s’inscrire directement au centre technique de l’Agglo pour inscrire leur plaques d’immatriculation. « On fait de gros efforts avec une ligne d’investissements importantes pour moderniser les structures. Le réflexe de la déchetterie doit être de plus en plus adopté. » 

  • Des tournées réorganisées 
    Les tournées sont elles aussi réorganisées dans cette grande révolution des poubelles depuis le 1er janvier avec la fusion avec la Porte d’Aquitaine en Pays de Serres (PAPS), dont les bacs sont ramassés de façon alternée tous les quinze jours.

  • Les points d’apport volontaire
    Autre mesures phares de cette « révolution », celle du déploiement progressif de point d’apports volontaires (PAV), pour progressivement cesser la collecte des sacs noirs en centre-bourg (Agen, le Passage, Layrac, Caudecoste, Laplume et Astaffort). « Nous avons le porte à porte dans le collimateur », a avoué Jean Dionis, mettant en avant le fait qu’il était impossible de conjuguer ce service avec la propreté urbaine comme évoqué un peu plus haut. « Le quartier Jasmin a déjà un an d’avance grâce à son PAV. Certes, on fait peut-être 200 ou 300 mètres de plus pour jeter ses poubelles mais on le fait quand on veut. »  Un expérimentation réussie qui « confirme la conviction de tenir ici un levier » pour une gestion plus raisonnée des ordures ménagères. Mais ces PAV représentent tout de même un lourd investissement, comptez 40 000€ pour un pack de 4 collecteurs comme à Jasmin en comptant les fosses en dessous. « Dans certains quartiers, leurs installations sont aussi plus délicates comme aux Cornières où, je le comprends, les commerçants ne veulent pas d’un PAV devant leur porte, mais où l’emplacement ne convient pas non plus place Barbès. » Des négociations encore délicates mais qui n’entachent pas la volonté de la mettre en place. 

  • Un traitement particulier pour les biodéchets 
    Représentant plus d’un tiers du contenu de la poubelle résiduelle des habitants de l’Agglo, les déchets verts comprennent un volume non négligeable de déchets incinérés. Afin de réduire ces derniers, l’Agglo va mettre en oeuvre un traitement particulier pour les biodéchets alimentaires avec trois types de collectes différentes : des composteurs de 400 litres distribués gratuitement dans les zones rurales, des PAV en centre-ville et centre-bourg, et une collecte en porte-à-porte dans les zones pavillonnaires. « Des petites tiges, de petits déchets verts auront leur place dans les bacs mais les gros volumes, cela ne le fera pas », a d’ores et déjà prévenu Jean Dionis. Cette dernière collecte sera mise en place à l’automne 2023.

  • La TEOMi, levier pour mieux consommer 
    Et de ces PAV découlera une TEOMi (Taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative) qui fonctionnera sur le même schéma fiscal que sa grande soeur la TEOM avec un taux de 11% mais qui alliera part fixe et part incitative et donnera l’occasion à l’usager « de maîtriser sa consommation ». Grâce à des conteneurs intelligents : les pollueurs auront une part variable plus élevée. Ces deux mesures seront mises en place d’ici début 2024, notamment celle de la TEOMi qui suivra le calendrier législatif national. 

  • Transformer les déchets en énergie
    « C’est un gros dossier », a avoué le président de l’Agglomération. Mais un gros dossier qui permettrait de chauffer 3000 foyers et de stabiliser les prix. D’ici à 2024, les travaux de ce réseau de chaleur urbain (RCU) via un méthaniseur, devraient permettre par la suite de gérer les bio-déchets et les boues des stations d’épuration de manière plus productive. 

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