Olivier Grima : « Aujourd’hui quand on me parle de Bordeaux et Toulouse, je me dis que nous n’avons pas à rougir » 

Le Technopole Agen Garonne (TAG), un catalyseur économique majeur dans le paysage régional. Entretien avec Olivier Grima, maire de Castelculier et vice-président de l’Agglomération d’Agen, sur les nouvelles dynamiques, les projets en cours et les perspectives d'avenir de cette zone d'activité stratégique.

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Quidam Hebdo : Olivier Grima, vous êtes maire de la commune de Castelculier mais aussi un vice-président de l’Agglomération d’Agen, pouvez-vous d’abord nous expliquer votre rôle au sein de cette dernière ?

Olivier Grima : Vice-président de l’Agglomération d’Agen en charge de l’économie et de l’emploi, je m’occupe de l’animation et du développement économique de l’ensemble de l’agglomération, y compris du Technopole Agen Garonne (TAG). Le Technopole, mis en commercialisation en 2016, a aujourd’hui atteint une certaine maturité, avec plusieurs filières identifiées : la logistique, avec des acteurs majeurs comme Ulog et Bepco, une partie agro-industrielle qui soulage l’Agropole aujourd’hui saturée, et une partie axée sur l’économie verte, avec des structures bien définies telles que la CMG ou l’entreprise IGS. Et depuis 2016, ce sont environ 1000 emplois qui ont été créés sur le TAG, témoignant de son dynamisme et des liens qui se tissent au sein de cette zone.

Q.H : En parlant du TAG justement, quels sont les nouveaux projets qui ont fleuri cette année ?

O.G : Parmi les projets récemment achevés, on compte l’installation de Kuehne + Nagel, auparavant dans la zone Jean Malèse, avec un bâtiment mieux adapté offrant environ 4000 mètres carrés de plancher et qui devrait engendrer la création de 10 emplois. Bientôt nous pourrons compter sur la présence de Sud Management qui avait besoin d’espace supplémentaire pour répondre à la croissance de son activité, en particulier dans les domaines de la transition écologique, de la RSE et de la cybersécurité. Bien sûr, le nouveau campus, la Serre, dédié à l’innovation et à la formation, est en cours de construction avec un partenariat entre l’Agglomération, l’État et la Région, prévoyant 1300 mètres carrés de surface et des installations adaptées aux besoins des entreprises et des start-ups et l’installation de la nouvelle chambre de Chambre de commerce et d’industrie.

Q.H : Cette une zone qui attire donc beaucoup, où en est-on concernant l’espace foncier ?

O.G : En matière d’attractivité économique, le TAG connaît un développement important, avec plus de 40 hectares commercialisés sur un total de 210 hectares, dont 150 hectares sont encore disponibles. Parmi ces 150ha, une bonne partie est gelée par la base de travaux prévue pour la LGV avec une emprise d’une soixantaine d’hectares environ. Sur les parcelles restantes, nous arrivons un peu au bout sur le secteur, cela commence à être bien rempli. Nous envisageons forcément une extension, à l’Est cette fois-ci en regardant du côté où se trouvent les entreprises de Bepco, Ulog et Fonronche Lightning.

Q.H : Au-delà d’un rôle de propriétaire foncier, quel rôle joue l’Agglo d’Agen par rapport aux entreprises qui choisissent de s’installer sur la TAG ?

O.G : Effectivement, notre rôle n’est pas de seulement vendre des terrains. Notre rôle est aussi d’être un animateur économique en encourageant les échanges entre les différentes filières économiques présentes sur notre territoire, en anticipant les besoins futurs et à soutenir des projets innovants tels que la méthanisation. Mais nous travaillons aussi à renforcer notre attractivité en préservant notre cadre de vie tout en stimulant notre activité économique, dans une perspective de développement durable et territorial. Par exemple, en faisant du TAG une zone à haute qualité environnementale. Une qualité qui mise notamment sur l’éclairage public, la gestion des eaux pluviales, plantation d’essences plus adaptées aux changements climatiques… Nous sommes fiers d’avoir cette zone là même si cela représente un coût pour la collectivité. Cela préfigure aussi de ce que sera une zone dans laquelle on vient travailler mais qui respecte l’équilibre travail-bien être professionnel. Cela offre plus de perspective aux entreprises pour attirer les collaborateurs.

Q.H : En parlant de méthanisation et de zone où il fait bon vivre sur le TAG, le sujet a semblé faire grincer des dents du côté des riverains justement…

O.G : Lundi 15 avril, une présentation a été faite par Fonroche et TotalEnergie Biogaz de leur projet de méthanisation sur la TAG. L’objectif était de présenter le projet et de répondre aux questions des riverains. Ce sujet n’est pas forcément connu de tous, suscitant des interrogations sur ses potentielles nuisances. Pour rassurer tout le monde, une réunion a été organisée pour clarifier les processus impliqués. La méthanisation devrait devenir de plus en plus courante car elle permet d’utiliser les déchets de manière responsable. Il y a 20 ans, cette question ne se posait pas car on brûlait simplement les déchets, ce qui consommait énormément d’énergie. Aujourd’hui, il est nécessaire de passer à autre chose, de reprendre le contrôle sur nos circuits de déchets et d’accepter l’installation de méthaniseurs à proximité de chez nous. Il faut se mettre dans le contexte : aujourd’hui on observe un certain nombre de gisements qui, pendant longtemps, étaient considérés comme des déchets, mais aujourd’hui, c’est de notre responsabilité de les recycler ou de les transformer en énergie. La méthanisation est une solution très vertueuse soutenue par l’Agglomération.

Q.H : Pour un territoire comme le Lot-et-Garonne, le TAG est un formidable moteur économique mais quelles sont les forces de la TAG à côté de deux géants économiques comme Bordeaux et Toulouse ?



O.G : Depuis que j’ai commencé en tant que vice-président en 2016, j’ai observé les pratiques de Bordeaux et de Toulouse pour améliorer notre attractivité. Bien que ces métropoles offrent des services et des formations attractifs, nous constatons de plus en plus de contraintes telles que le temps de transport et le coût du foncier. Nous sommes devenus compétitifs et attractifs, ce qui est renforcé par la volonté croissante des actifs de trouver un équilibre entre vie professionnelle et privée, avec un curseur qui tend de plus en plus vers la vie personnelle. Notre objectif est de fournir une offre professionnelle de qualité, avec des terrains abordables et des temps de trajet raisonnables pour le travail. Cette approche a été bien accueillie, avec des entreprises comme Fonroche choisissant de s’installer sur le TAG pour son cadre de vie agréable et son dynamisme économique. Alors, aujourd’hui quand on me parle de Bordeaux et Toulouse, je me dis que nous n’avons pas à rougir.

Q.H : Et pour vous dans 20 ans, à quoi ressemblera le TAG ?

O.G : La LGV devrait être là, avec la gare et le pont à proximité. Autour certainement, on observera une population qui aura bougé. Nécessairement, on se rapproche de son lieu de travail et une polarisation se sera faite de Brax, Roquefort, Sainte-Colombe. Une polarisation qui a d’ailleurs déjà commencé. Comme que l’on a connu d’ailleurs par le passé sur des zones comme à Jean Malèse, du côté de Bon-Encore et Castelculier. C’est assez naturel, on le verra. Et je pense que le TAG, d’ici 20 ans, sera commercialisé dans son ensemble avec à minima, on l’espère, 2500 emploi. Et si dans 20 ans on peut avoir ça, on pourra collectivement estimer avoir réalisé une bonne partie de ce que l’on avait à faire.

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