Villeneuve-sur-Lot : l’innovante méthode « d’ancrochage scolaire » du lycée l’Oustal

Conçu en 2016 puis généralisé à l'ensemble de l'établissement en 2020, le dispositif d'ancrochage permet d'accrocher des élèves fragilisés à leur cursus scolaire. Un travail conséquent mené en collectif par l'établissement, auquel une personne y est totalement dédiée.

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Alors qu’aujourd’hui, on a l’habitude de parler de décrochage scolaire, au lycée l’Oustal de Villeneuve-sur-Lot, on a décidé d’aborder le problème avec un état d’esprit différent : « Déjà, nous ne parlons pas de difficultés scolaires, mais de fragilités, car la fragilité peut devenir une force, alors que la difficulté est stigmatisante, c’est enfoncer en premier lieu l’élève. Aussi, nous ne parlons pas de décrochage scolaire, parce que si décrochage il y a, c’est déjà trop tard en théorie. L’ancrochage, c’est une approche psychologique encourageante, c’est avancer avec l’élève pour qu’il poursuive son parcours scolaire ». Une définition propre à Christel Fugit-Dulout, directrice de l’établissement, depuis 2016.

C’est à cette même période que l’Oustal décide de prendre les choses en mains vis-à-vis d’un problème dans sa filière CAP SAPVER. « On y observait de nombreux décrocheurs entre la première et la deuxième année de cursus. On s’est dit qu’il y avait d’urgence un travail à mener », ajoute-t-elle. Pour expliquer cela plusieurs facteurs : harcèlement scolaire, phobie scolaire problèmes de comportement… « On sent parfois des élèves fâchés avec leur scolarité Il ne sont pas motivés, se dévalorisent et perdent petit à petit confiance en eux . Il peut avoir aussi des carences éducatives, des addictions aux écrans. Le plus difficile est quand l’élève, lui-même, ne parvient pas à identifier son problème. Notre intérêt est de comprendre pourquoi », constate la directrice.

Né alors l’ancrochage du lycée l’Oustal, un dispositif qui fait ses preuves dès l’année scolaire 2016/2017, de quoi inciter plus tard l’établissement à créer un poste spécifique occupé depuis la rentrée scolaire 2019 par Violaine Deleu. C’est elle qui articule ce dispositif qui s’est vu généraliser à la totalité de l’Oustal, et non plus seulement à la filière CAP, en 2020.

Un suivi de proximité

Car l’ancrochage scolaire à la sauce l’Oustal, c’est un travail qui prend vie dès l’inscription de l’élève dans l’établissement et c’est Violaine Deleu qui le raconte : « Avant l’arrivée d’un jeune chez nous, on effectue un diagnostic préalable qui conduit à une liste de décrocheurs potentiels qui pourraient avoir des fragilités. La rentrée scolaire passée, je continue de les observer, eux, leur comportement et leurs résultats. On s’aperçoit assez vite des cas à retenir », commente l’educatrice qui entame par la suite un travail de suivi au quotidien : « Notre travail va se traduire par des entretiens avec les élèves en face-à-face ou bien avec les professeurs principaux, parce que notre dispositif est collectif. Chacun est au courant du suivi d’un élève et peut l’accompagner idéalement. J’appelle les familles, je leur dis ce que je constate à l’école, je demande s’il remarquent un comportement similaire à la maison ou non et à partir de là, on étudie ce que l’on peut proposer tous ensemble pour ancrocher l’élève. Parfois, je peux les rediriger vers des professionnels, car on ne substitue pas au travail de psychologues, mais on a la capacité d’orienter efficacement, parce que l’on a un panel d’outils autour de nous, au vu du nombre de partenaires du lycée. »

A Christel Fugit-Dulout d’ajouter que « chacun fait de l’ancrochage à sa manière, mais il nous fallait bien quelqu’un de pivot pour faire le lien entre les professeurs principaux, la vie scolaire, la direction, la famille, l’éducateur potentiel qui s’occupe du jeune, d’où l’intérêt du poste de Violaine. »

Un dispositif renforcé par un plan de prévention

Aujourd’hui, 7% des élèves de l’Oustal sont répertoriés dans le dispositif, soit 21 personnes au total, dont six en décrochage avéré. En moyenne, les classes de 4e et 3e sont les plus touchées. Mais le dispositif d’ancrochage a déjà connu de belles histoires. Pour autant, dans le cas où la situation s’améliore petit à petit pour le jeune, l’Oustal ne lâche pas du lest pour autant. « On garde toujours un œil sur eux, car le risque de rechute est malheureusement trop présent. Il nous faut prévenir la situation plutôt que la guérir. »

A la rentrée 2024, cette mission d’ancrochage va intégrer le Plan de prévention du harcèlement (PPH). Le rôle de Violaine corroborant parfaitement avec ce PPH, il y sera naturellement inclus, au même titre que d’autres mallettes pédagogiques. Une manière pour l’Oustal, une fois de plus, de veiller au bien-être de ses élèves dans leur cursus.

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