Après plusieurs mois à réunir des fidèles, à battre le terrain et à animer des réunions publiques entre le Villeneuvois et le Fumélois, cela ne faisait aucun doute : Jérôme Cahuzac était bien de retour sur la scène politique. S’il n’était jusqu’alors officiellement candidat à rien, la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a changé la donne. Le 30 juin prochain, il y aura bien un bulletin au nom de l’ancien député, maire et ministre à mettre dans les urnes de la 3ème circonscription de Lot-et- Garonne. Jérôme Cahuzac se présente avec Sophie Gargowitsch (maire de Blanquefort-sur-Briolance et conseillère départementale) en qualité de suppléante. Le résultat des élections européennes n’est certes pas le déclencheur de cette candidature mais il lui offre un scénario propice pour briguer un nouveau mandat. Politiquement, la fragmentation entre les différentes familles lui laisse un espace dont il compte bien se saisir. « Le vote de dimanche exprime une double sanction. Celle que tout le monde a pu observer envers le pouvoir en place et une seconde, dont on parle moins. En n’allant pas voter, la moitié des électeurs du pays sanctionnent tout le monde. Avec l’offre pléthorique qui était à disposition, c’est le signe que les candidats n’ont pas su trouver les mots ou s’attaquer aux sujets qui préoccupent vraiment les Français », analyse Jérôme Cahuzac qui, en conséquence, choisit de se présenter.
Un programme avant tout local
Son programme, il l’a déjà peaufiné semaines après semaines. « Il concerne d’abord et avant tout la circonscription et s’inscrit au niveau national dans la lignée des valeurs qui ont toujours été les miennes, celles d’un Républicain de centre gauche. » Après plus d’une décennie d’absence, Jérôme Cahuzac revient pour « pour finir le travail inachevé », à commencer par l’offre de santé. Comme solution face à la désertification médicale, l’ex-socialiste souhaite s’appuyer sur ce qu’il considère comme son bébé, le Pôle de santé du Villeneuvois. « À l’époque, j’ai été très seul pour mener ce combat mais ce n’était pas en vain. Il y a quinze ans, les Villeneuvois allaient se faire soigner à Agen. Depuis, ce sont les Agenais qui viennent à Villeneuve tant l’hôpital fonctionne bien. Il doit devenir le pôle autour duquel le soin de tous s’organise, avec par exemple des unités hospitalières décentralisées. » Autre sujet qui lui tient à cœur : le désenclavement. « Sur la RN21, la seule réalisation récente (ndlr : le barreau sud de Villeneuve) relève des financements que j’ai obtenus. Depuis, curieusement, les choses n’ont pas avancé, au contraire du pont de Camélat. Il faut en refaire une priorité régionale et nationale », poursuit- il.
La modernisation du centre de détention d’Eysses, le soutien aux entreprises qui créent de l’emploi, la souveraineté alimentaire figurent également sur sa liste.
Des adversaires déjà en ligne de mire
Mais pour mener à bien ce programme, encore faut-il être élu. Et plusieurs obstacles vont se barrer devant sa route. « Je n’ai aucun ennemi, seulement un adversaire : la député sortante du Rassemblement nationale. Elle appartient non seulement à un parti que je combats depuis toujours sur le terrain des idées mais son bilan personnel depuis deux ans est celui d’une page blanche. C’est vite vu, Madame Cousin n’a rien fait pour le territoire. Contrairement à certains, je ne conteste pas au RN sa légitimité démocratique et son droit à avoir des candidats ou des élus. Mais j’irai les combattre par les arguments, sur ce qu’ils prétendent vouloir faire et sur ce qu’ils font effectivement. Quant aux autres, cela ne me regarde pas. » En réalité, Jérôme Cahuzac a bien quelques mots pour ses potentiels concurrents de gauche qui discutent actuellement alliances : « Quand on regarde les professions de foi pour les européennes, on constate qu’aucun programme d’un parti de gauche n’était compatible avec un autre. Les dissensions sont nombreuses, sur le nucléaire, sur l’Ukraine, sur Gaza… Et ils vont nous faire croire qu’ils peuvent être unis d’un jour à l’autre ? La Nupes avait duré le temps que la première difficulté arrive. De plus, être uni contre quelque chose ou quelqu’un ne rime à rien. L’expérience a montré que les électeurs ne suivent pas. En s’unissant, les partis de gauche s’exposent à un cruel déficit de sincérité. » La joute verbale peut déjà commencer…
L’Affaire comme un boulet aux pieds
Ses opposants ne seront pas non plus tendres avec celui qui traîne comme un boulet l’affaire qui porte son nom. « Je ne me fais guère d’illusion. Certains croiront me toucher voire m’abattre en me rappelant un passé douloureux. Mais je sais aussi que les plus virulents seront ceux qui n’ont rien à proposer. Et si ces mêmes personnes avaient fini le travail après moi, mon retour n’aurait aucun sens. Il y a peut-être une forme de pari avec ma candidature mais avec Madame Cousin il n’y a que la certitude qu’il ne se passera rien. Ce que je propose pour ma part, c’est une espérance réaliste, basée sur une expérience, une compétence que je n’ai pas complètement perdue et une détermination intacte. » La campagne s’annonce déjà mouvementée et les médias nationaux ne devraient pas manquer de s’inviter à la fête…
Un « scandale » pour Jean-Louis Costes
C’est peu de dire que Jean-Louis Costes ne goûte pas franchement l’actualité politique du moment. En plus d’assister impuissant à la nouvelle bérézina électorale de son parti de cœur (qu’il a néanmoins quitté), Les Républicains, le maire de Fumel regrette de voir son ancien adversaire et prédécesseur au Palais Bourbon se remettre sur le chemin des urnes. « Je trouve sa candidature proprement scandaleuse. Au-delà du droit et de la condamnation en justice, il y a l’aspect moral. On ne doit pas oublier son mensonge devant la représentation nationale. Quand le Rassemblement national évoque le « tous pourris », il en est l’incarnation. Et je suis doublement déçu par les élus locaux qui le soutiennent. Je ne comprends pas leur position et je leur ai dit. »
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