Agriculture en crise : un appel à l’urgence pour le Lot-et-Garonne

Lors de la dernière session de la Chambre d'Agriculture du Lot-et-Garonne, présidée par Serge Bousquet-Cassagne, un constat alarmant a été dressé : l'économie agricole du département est au bord du gouffre. Les intervenants, allant des banquiers aux représentants de coopératives, ont mis en lumière une crise structurelle sans précédent qui frappe les exploitants, mettant en péril l’avenir de cette vitalité économique.

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Une situation crépusculaire s’est dessinée lors de la dernière session de la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne, la dernière sous la présidence de Serge Bousquet-Cassagne, alors que de nouvelles élections se profilent à l’horizon. Banquiers, experts-comptables et représentants de coopératives ont, à l’unisson, esquissé un tableau sombre de l’économie agricole locale, laissant entrevoir un avenir incertain. Plusieurs intervenants ont affirmé avec insistance que « l’agriculture vit une véritable crise structurelle ».

Environ 30 % des agriculteurs du département se trouvent en difficulté, dont une partie est en grande détresse financière. Les revenus agricoles chutent dramatiquement dans toutes les filières, particulièrement pour les céréales et la volaille, qui sont les plus durement touchées par la crise. La production de volailles a dégringolé de 40 % en 2023, tandis que le volume de canards gras a été divisé par deux. Seules les cultures de fraises et de kiwis semblent échapper à cette spirale négative.

Endettement et pression sur les trésoreries

Face à ces pertes, les agriculteurs font face à un surendettement croissant, en particulier envers leurs fournisseurs. « Beaucoup d’entre eux savent déjà qu’ils ne pourront pas payer leurs approvisionnements pour 2024. Cette année, plus de 800 demandes de prise en charge de cotisations sociales ont été déposées, un chiffre en forte hausse. Les banques, quant à elles, constatent une forte pression sur les trésoreries agricoles, signe d’un manque criant de liquidités dans le secteur.

Pour soutenir les agriculteurs en difficulté, certaines banques ont commencé à reporter des crédits. Par exemple, le Crédit Agricole a suspendu plus de 2,6 millions d’euros de prêts pour 177 exploitations. Toutefois, malgré ces mesures, la dégradation économique continue de s’aggraver. Terres du Sud, la principale coopérative du département, a annoncé une perte de 30 millions d’euros de liquidités en 2024. « Nous n’avons plus qu’une visibilité de six mois », a déploré Sylvain Théo, le nouveau directeur de la coopérative.

Des solutions urgentes en attente

Le cabinet @Com, spécialisé dans la gestion de crise, a suggéré l’instauration de procédures collectives telles que la sauvegarde, le redressement ou la liquidation judiciaire pour faire face à la dette agricole, qui atteint désormais 140 millions d’euros, selon Patrick Mauri, intervenant lors de cette session.

Exaspérés par l’inaction et le manque de solutions concrètes, les agriculteurs annoncent qu’ils passeront à l’action cet hiver. Des manifestations d’envergure sont d’ores et déjà planifiées pour dénoncer l’aggravation de leur situation. « L’heure est grave », ont-ils martelé, mettant en avant une conjoncture qui ne cesse de se détériorer.

Dans ce contexte de crise, une lueur d’espoir se profile avec la sortie de la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne de la tutelle de l’État. Bien que cette annonce soit symbolique, elle ne suffira probablement pas à apaiser les inquiétudes économiques des exploitants du département.

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