Politique : les ambitions du village de Moirax pour une inscription au patrimoine de l’Unesco

La ville de Moirax vise une inscription au patrimoine mondial de l'Unesco en tant que site clunisien. Henri Tandonnet, le premier édile de la commune et Philippe Galan, l'adjoint en charge du dossier, nous expliquent les motivations de cette candidature, ses enjeux pour le village et les retombées espérées.

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Quidam Hebdo : Qu’est-ce qui a motivé la ville de Moirax à entreprendre une démarche pour être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que site clunisien ?

Philippe Galan : Cette démarche est liée à notre inscription en tant que site clunisien, qui remonte à une dizaine d’années. Notre volonté était d’enrichir notre patrimoine en collaborant avec d’autres sites similaires et de le faire connaître dans le cadre de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens. C’est un projet qui nous tient à cœur pour la valorisation de notre village et de son histoire.

Q.H : Justement, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est un site clunisien et en quoi celui de Moirax se distingue ?

P.G. : Un site clunisien, c’est un lieu qui a été fondé ou qui a appartenu à l’abbaye de Cluny. Moirax a cette particularité d’être un site clunisien depuis 1049. À l’époque, un seigneur local, comme beaucoup d’autres au Moyen-Âge, a fait don du lieu à l’abbaye de Cluny pour se racheter de ses actions passées. Contrairement à d’autres sites clunisiens de la région, comme ceux du Lot-et-Garonne, nous avons un lien direct avec l’abbaye de Cluny.

Q.H. : Quels sont les critères de l’Unesco que Moirax espère satisfaire avec cette candidature ?

P.G. : L’Unesco demande ce qu’on appelle une « valeur universelle exceptionnelle » (VUE). Cela signifie que nous devons prouver, à travers plusieurs aspects, l’importance historique et patrimoniale de notre site. Notre candidature se fait dans le cadre d’une candidature en série, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un ensemble de sites, pas seulement Moirax, qui visent à être reconnus ensemble. Pour cela, il faut un patrimoine de qualité. À Moirax, cela inclut notre église, remarquable pour un village de cette taille, les bâtiments conventuels qui sont en grande partie intacts, et le jardin du cloître que nous avons réhabilité. Nous avons également des moulins, à vent et à eau, qui sont liés à l’histoire de notre prieuré.

Q.H. : Comment les habitants perçoivent-ils ce riche patrimoine ?

P.G. : Les habitants se sentent chanceux d’avoir un patrimoine de cette qualité. Pour l’Unesco, il est essentiel que le site soit vivant, et à Moirax, il l’est. Les associations locales utilisent les locaux, notamment l’église, pour organiser des expositions. Cela crée une véritable dynamique culturelle et associative autour du patrimoine. Cette vitalité est un élément clé de notre dossier.

Q.H. : La Ville a été félicité par la Cour des comptes dans ce cadre. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?

Henri Tandonnet : Oui, au départ, nous étions un peu inquiets, car lorsqu’on se met en avant, on attire l’attention des organismes de contrôle. La Cour régionale des comptes a pour mission de surveiller les collectivités territoriales, et elle voulait s’assurer que la commune de Moirax pouvait soutenir financièrement cette candidature à l’Unesco. Nous avons donc été soumis à un contrôle très approfondi de leur part. La Cour des comptes a constaté que tous les investissements nécessaires pour la candidature avaient été réalisés sans mettre en péril les finances de la commune. Ils ont été rassurés de voir que nous avons su valoriser le village tout en préservant notre équilibre financier.

Q.H. : Comment cette inscription pourrait-elle contribuer au développement touristique et économique de la ville ?

H.T. : Le simple fait d’être inscrit comme site clunisien a déjà apporté une certaine visibilité à Moirax. Cette candidature à l’Unesco a renforcé notre volonté de dynamiser le village. Nous avons réalisé des aménagements, pas uniquement dans le cadre de la candidature, mais cette perspective nous a donné un élan supplémentaire pour faire bouger les choses. Travailler avec d’autres sites clunisiens nous a également inspiré pour développer de nouvelles idées.

Q.H. : Est-ce que des collaborations extérieures sont envisageables pour soutenir cette candidature ?

P.G. : Oui, les collaborations extérieures font partie intégrante du projet. Nous travaillons déjà avec plusieurs sites partenaires comme Sérignac, Layrac, Mouchan dans le Gers, Saint-Maurin et Moissac, ainsi que Laplume. Ces sites, comme nous, espèrent être retenus dans le cadre de cette candidature collective. Nous avons aussi le soutien de l’agglomération d’Agen pour la communication.

Q.H. : Et alors, comment voyez-vous l’avenir du site clunisien de Moirax, que la candidature aboutisse ou non ?

P.G. : Nous sommes optimistes. La dynamique créée autour de cette candidature va perdurer, que nous obtenions le classement Unesco ou non. Les habitants et les passionnés de patrimoine sont de plus en plus impliqués, et cela nous donne confiance pour l’avenir. Nous continuerons à valoriser notre patrimoine et à accueillir des visiteurs dans un cadre préservé.

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