Colère des agriculteurs : « Ce sera pire qu’en janvier dernier »

Après une réunion entre toutes les sections Coordination rurale du grand Sud-Ouest, Karine Duc annonce la couleur. Le mouvement, dont le début est annoncé pour le 19 novembre prochain, sera encore plus intense que le précédent.

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L’acte 2 du mouvement des agriculteurs aura bien lieu dans les semaines à venir et son intensité sera décuplée (La CR47 a annoncé lundi 4 novembre un mouvement de manifestation le 19 novembre prochain, devant la préfecture de Lot-et-Garonne, NDLR). Non, il ne s’agit pas d’une bande-annonce de cinéma mais une promesse bien réelle du monde paysan complètement à bout.
« Après ce qu’il s’est passé en janvier dernier, il y avait de l’espoir chez les agriculteurs. L’ancien Premier ministre avait pris des positions et avait acté du changement. Ce n’était certes pas suffisant mais c’était un début. Sauf qu’il ne s’est strictement rien passé. Nous n’avons rien obtenu. Les finances et le moral sont encore plus dégradés qu’avant. L’espoir a disparu pour laisser place à la colère », explique Karine Duc, co-présidente avec José Pérez de la Coordination rurale 47. Ce syndicat agricole avait été moteur dans la gronde du début d’année et s’apprête une nouvelle fois à être en première ligne. Les différentes sections du grand Sud-Ouest se sont réunies mercredi 30 octobre à Agen pour se mettre en ordre de marche. « On a organisé et planifié des actions pour les périodes à venir », annonce la viticultrice. Pour l’heure, le plan de bataille est savamment gardé secret. Difficile de savoir si c’est une question de jours ou de semaines mais une chose est sûre, la révolte est imminente. Et elle sera musclée… « Ce sera pire qu’en janvier dernier », promet Karine Duc.  

En finir avec la concurrence déloyale

Les axes de revendication n’ont pas changé « puisque les sujets n’ont pas été traités ». C’est tout le système qui est malade selon les principaux impactés. Néanmoins, deux points principaux ressortent particulièrement. Le premier concerne la « concurrence déloyale » dont est victime l’agriculture française. « On ne peut pas rivaliser avec des produits fabriqués dans des conditions qu’on ne nous autorise pas ici. Il y a une grande hypocrisie à laisser entrer sur notre territoire des choses dont on ne veut pas. La noisette est l’exemple le plus criant. Nos cultures sont dévastées parce qu’on n’a pas le droit d’utiliser certaines molécules. Et la comme la consommation ne baisse pas, on doit importer. Nos agriculteurs sont sans solution. Même chose avec le poulet. L’État a tout fait pour nous empêcher de produire du poulet standard. Sauf qu’aujourd’hui, le Label Rouge et le bio ne se vendent plus. Là encore, les attentes des consommateurs français sont comblées par l’import », résume Karine Duc. 

Une baisse des charges et un nouveau statut

L’autre point sensible relève des charges qui pèsent sur l’ensemble des exploitations. Déjà lourdes en temps normal, elles tendent à devenir insupportables lorsque que le chiffre d’affaires s’effondre comme cette année avec de faibles récoltes. « Le problème, c’est que nos prix ne sont pas équilibrés une trentaine d’années. À défaut de pouvoir les changer dans l’immédiat, notamment parce que les consommateurs font ce qu’ils peuvent avec des budgets sous tension, il faut baisser les charges qui plombent notre trésorerie. Elles sont de trois types. Il y a l’énergie, qui a littéralement explosé, la taxe foncière sachant que les terres sont notre outil de travail et que les productions diminuent en quantité, et enfin les charges sociales, que ce soit pour nous ou pour les salariés. Déjà que la masse salariale est plus élevée en France que dans le reste de l’Europe… Les aides compensatoires ne font pas tout, loin de là », poursuit la responsable syndicale. Pour des questions de souveraineté alimentaire et de survie d’une profession toute entière, les représentants agricoles exigent de ne plus être considéré comme une activité économique traditionnelle.

« Peu importe qui nous avons en face » 

Le gouvernement de Michel Barnier va rapidement être plongé dans le grand bain. Sa relative précarité dans un paysage politique perturbé ne sera pas une excuse. « Peu importe qui nous avons en face, il faudra des actes et rapidement. Nous ne nous laisserons plus avoir par des promesses faciles », assure Karine Duc. Portés par le sentiment que c’est « maintenant ou jamais », les agriculteurs sont extrêmement déterminés à se faire entendre. Les autorités et le monde politique sont prévenus…

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