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Quidam Actu : Le budget 2025 présenté par le gouvernement vient d’être adopté. À quelle hauteur les Départements vont-ils être sollicités ?
Sophie Borderie : Déjà, on y voit un peu plus clair. Grâce au combat mené par l’ensemble des Départements de France depuis plusieurs années déjà et encore plus lors du Projet de loi de finance de Michel Barnier, nous avons pu obtenir des avancées. Nos collectivités seront exonérées du fonds de réserve, faisant ainsi passer l’effort de 16 M€ à 8 M€. Il nous reste donc 52 M€ d’économies à trouver au lieu de 60 pour équilibrer notre budget. La goutte d’eau ne fait plus autant déborder le vase mais la pression reste importante. Au moins, nous avons une base sur laquelle travailler maintenant…
Q.A. : Cette recherche d’économies va impacter beaucoup de secteurs. Comment atténuer le choc ?
S.B. : En étant transparent et honnête. C’est pourquoi nous allons organiser six réunions publiques territoriales, dans toutes les zones du département, pour expliquer pourquoi on est là, comment va se construire notre budget, comment les efforts seront répartis… Beaucoup de gens s’inquiètent et c’est humain. Les doléances commencent déjà à remonter. Il est donc d’autant plus important de présenter notre méthode.
Q.A. : Quelle sera cette méthode justement ?
S.B. : Au contraire d’autres territoires puisque, je le rappelle, 85% des Départements sont en situation de faillite avec l’impossibilité de présenter des budgets à l’équilibre en l’état, je ne compte pas appliquer un coup de serpe de manière uniforme. Je l’annonce, il n’y aura pas de coupe franche autoritaire, abrupte ou dogmatique. Nos élus et nos équipes font faire de la dentelle.
Q.A. : Y aura-t-il des secteurs préservés ?
S.B. : Nous avons quatre objectifs principaux : les solidarités humaines et territoriales, le pouvoir d’achat et la protection des biens et des personnes (incluant le SDIS et démographie médicale). Il est essentiel de préserver ces secteurs. Nous irons par ailleurs au bout de tous les chantiers commencés. Pour ce qui est des prestations sociales à notre charge, ce n’est pas nous qui fixons les critères d’attribution mais l’État le plus souvent.
Q.A. : Où irez-vous donc limiter les dépenses ?
S.B. : Notre section investissement, qui avait doublé en l’espace de quatre ans, va baisser de 30% par rapport à 2024 (98 M€). Certains chantiers prévus seront décalés en fonction des priorités. Il faut tout de même garder à l’esprit que certaines choses ne doivent pas être repoussées, notamment la maintenance et l’entretien de notre patrimoine bâti (les collèges principalement) et routier. Cela ne ferait que nous compliquer la tâche à l’avenir.
En parallèle, nous allons bien entendu réduire certaines dépenses de fonctionnement. Si on prend le cas des établissements médico-sociaux et des associations, nous tiendrons compte de nombreux critères pour assurer les arbitrages. Sont-elles pourvoyeuses d’emploi, assurent-elles la formation des jeunes, ont-elles une trésorerie qui leur assure un matelas de sécurité ? Il y a aussi l’effet de levier. Si notre participation ne représente qu’une petite fraction de ces structures, est-elle vraiment indispensable à leur fonctionnement ? Quoi qu’il en soit, nous ne voulons pas démembrer notre tissu associatif.
Q.A. : La collectivité va-t-elle faire des efforts en interne ?
S.B. : Notre masse salariale repose aujourd’hui sur environ 1300 agents et pèse pour 19% de notre budget total. C’est moins que dans les Départements de même strate, où ce taux avoisine en moyenne les 23-24%. Nous ne pouvons donc pas descendre plus bas mais nous ne créerons aucun poste nouveau. Tout sera fait à effectif constant. Parce que l’exemplarité et la sobriété sont de mise, nous allons aussi renoncer à l’organisation de certains évènements comme annoncé il y a plusieurs semaines déjà.
Q.A. : Craignez-vous que ces efforts doivent se prolonger dans le temps ?
S.B. : On peut imaginer que la situation budgétaire ne se règle pas en une année, il faut donc s’attendre à tout. Mais je suis de nature optimiste et je veux croire que 2025 ne sera qu’une parenthèse.
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