
Si les majorités exécutives d’Agen et Villeneuve surveillent surtout ce qui se passe du côté de la gauche, ils devront garder un œil sur l’autre côté du spectre. La droite plus conservatrice (ou extrême selon le vocable de chacun) est actuellement en train de se structurer. L’objectif est annoncé : faire un gros coup lors des prochaines élections municipales qui se tiendront dans un an. « Historiquement, ce n’est pas lors des municipales que nous sommes les plus forts », concède Sébastien Delbosq, le responsable de la section Rassemblement national 47. Présent sans grande conviction voire totalement absent, le parti de Marine Le Pen n’a pas franchement brillé lors des précédentes échéances communales dans notre département. Sébastien Delbosq estime toutefois que « la donne a changé ». Il appuie ses propos sur les scores sans précédent du RN
réalisés ces trois dernières années (voir ci-après). Ceux-ci ont créé une dynamique sur laquelle les protagonistes locaux entendent bien surfer. « Nous partageons des valeurs et des constats avec une majorité de la population. Il faut désormais concrétiser car nous n’avons plus le temps d’attendre et de nous disperser devant l’urgence de la situation et le péril de la gauche. Face à l’enlisement et le déclin de la France, nous allons apporter un vent d’optimisme. »
Ouverture politique

Cette mobilisation ne se fera pas sous l’égide d’un seul parti même si le RN, fort de sa légitimité dans les urnes, en sera la pierre angulaire. « Nous sommes dans une logique d’ouverture. Toutes les sensibilités de droite sont invitées à nous rejoindre et même plus largement encore. Nos listes ont vocation à être représentatives de tous les gens qui ne se retrouvent plus dans la politique d’extrême centre », assure Sébastien Delbosq. Une « union des droites », du même nom que le mouvement créé par Eric Ciotti, est en train de se mettre en place à l’échelle départementale. Les cadres du RN, Sébastien Delbosq et Annick Cousin en tête, sont en contacts rapprochés avec plusieurs confrères pour discuter du prochain scrutin. C’est à Villeneuve que le mouvement est le plus avancé. L’électron libre Geoffroy Gary joue notamment les médiateurs entre la famille bleu marine et des gens comme Freddy Gueudin (ex-membre de la majorité et de Guillaume Lepers et nouveau représentant de l’UDR), Bernard Piot et Benoît Auricès (Debout la France)… Les LR sont aussi invités à prendre part à ce projet. « Je suis heureux de voir se concrétiser ce pourquoi je me bats depuis dix ans, lance Geoff roy Gary. Tout ça s’opère de manière très naturelle. Le Rassemblement national est un modèle dans sa capacité à accepter d’autres sensibilités tout en gardant sa ligne politique et son identité. » Plusieurs réunions publiques ont déjà eu lieu en début d’année et d’autres suivront, sans compter de nombreuses rencontres privées. Le local agenais du RN 47 sera par ailleurs inauguré le jeudi 13 mars.
Des cibles stratégiques
Cette union ou alliance des droites commence à faire d’elle dans le but d’élargir le cercle au-delà des adhérents afi n de pouvoir composer des listes complètes d’ici 2026. Quatre villes ont d’ores et déjà été identifi ées : Agen, Villeneuve, Marmande et Pujols. Bon-Encontre et Le Passage font également partie des cibles potentielles même si un pacte de non agression pourrait être conclu avec d’autres listes estampillées à droite. L’un des principaux enjeux de ce travail sera de convaincre un nombre suffisant de sympathisants de passer le pas. « Il y a une différence entre partager des idées et avoir le courage de les défendre publiquement. Nos convictions sont désormais dominantes mais beaucoup ont encore peur. Et je les comprends. En tant qu’enseignant, cela n’a pas été facile pour moi de mener ce combat. J’ai subi toutes sortes de caricatures et d’insultes. Notre rôle sera d’inspirer ce sens de l’engagement », souligne Geoff roy Gary.
Des têtes de liste avant l’été
Concernant les têtes de liste, rien n’est encore décidé. Du côté de Villeneuve, ils sont plusieurs à disposer d’une certaine notoriété et peuvent donc prétendre à mener l’assaut sur l’Hôtel de Ville. À Agen, Sébastien Delbosq semble à l’heure actuelle le mieux placé. « Je prendrai mes responsabilités s’il le faut. Mais si je dois m’effacer derrière quelqu’un de moins étiquetté que moi pour augmenter nos chances de gagner, il n’y aura absolument aucun problème. Les Agenais doivent passer avant tout », affirme-t-il. Sur Marmande, Hélène Laporte étant déjà accaparée par son mandat parlementaire, la tâche s’annonce plus rude. Au niveau de calendrier, l’objectif est de pouvoir présenter les têtes de liste et les grands axes du programme avant l’été, ou au plus tard en septembre. « Nous n’irons pas pour faire de la figuration, promet Sébastien Delbosq. Même si on connaît la difficulté des municipales, nous y allons pour gagner. Et quand bien même cela ne serait pas le cas, nous nous inscrirons dans l’opposition jusqu’à la victoire pour enfin changer les choses. »
Des programmes locaux
Les candidats du Rassemblement national dans les élections locales sont souvent réputés pour défendre les grandes causes du parti, immigration, sécurité et pouvoir d’achat en premier lieu. Des thématiques qui ne rentrent pas toujours dans le champ d’action des communes, d’où le faible nombre de maires se revendiquant de Marine Le Pen. « Nous continuerons à défendre ces convictions mais nous aurons un vrai programme local, porté par des figures locales, avec actions très concrètes pour chaque ville. On parlera avant tout de nos territoires », promet Sébastien Delbosq.
La razzia du Rassemblement National en Lot-et-Garonne
Présidentielle 2022 // La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen est arrivée en tête dans le département au premier comme au second tour avec 27,32% puis 50,49%.
Législatives 2022 // 1ère circonscription : Sébastien Delbosq a obtenu la seconde place au premier et au second tour en étant très proche du macroniste Michel Lauzzana avec 27,87% puis 48,52%. 2ème circonscription : Hélène Laporte a remporté le siège de député en terminant en tête lors des deux tours (30,55% puis 39,44%), profitant d’une triangulaire au second tour. 3ème circonscription : Annick Cousin s’est aussi adjugée la circonscription en dominant les deux tours (24,96% puis 56,97%).
Sénatoriales 2023 // Sébastien Delbosq a réalisé un score historique auprès des grands électeurs avec 10,30% au premier tour. Le second fut moins probant (6,94%).
Législatives 2024 // 1ère circonscription : Arrivé très largement en tête au premier tour (43,11%), Sébastien Delbosq s’est incliné une nouvelle fois au second tour avec 47,68% des voix devant le « front républicain » incarné ici par Michel Lauzzana. 2ème circonscription : Hélène Laporte a très facilement conservé son mandat, frôlant même la victoire dès le premier tour (49,31% puis 57,20%). 3ème circonscription : Comme son homologue sur Agen-Nérac, Annick Cousin avait une avance confortable au premier tour (41,08%) mais a manqué de réserves de voix au second (45,87%), perdant ainsi au profi t de Guillaume Lepers.
Européennes 2024 // Véritable plébiscite pour la liste RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen avec 38,62% des suff rages, plus de 26 points devant les autres.
Des scores mitigés entre les villes-centres et les communes rurales

Sébastien Delbosq n’a jamais réussi à terminer en tête sur la commune d’Agen sur les deux dernières législatives. C’est même Agen qui le fait perdre en 2024. En ne comptabilisant que les voix en-dehors de la préfecture lot-et-garonnaise, le candidat RN se serait imposé. Malgré sa très large domination sur l’ensemble de la 2ème circonscription, Hélène Laporte est arrivée troisième en 2022 sur la commune de Marmande et seconde en 2024. Enfin, sur Villeneuve-sur-Lot, Annick Cousin est parvenue à finir en tête lors du second tour en 2022 mais doit s’incliner lourdement en 2024 derrière Guillaume Lepers. C’est surtout en milieu rural que le Rassemblement national explose les compteurs. Pour autant, c’est bien dans les villes les plus peuplées que l’union des droites compte présenter des listes complètes.
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