Les débuts à la radio // Un tournant inattendu

Si vous croisez un jour Patrice Couturier dans les couloirs de Radio 4, vous pourriez être frappé par son énergie débordante et son enthousiasme sincère. Pourtant, son entrée dans l’univers de la radio, en 2014, ressemble à une belle surprise. «Je n’ai jamais vraiment su ce que j’allais faire de ma vie, c’était un problème pour mes parents (rires). Je n’étais pas du tout scolaire. Je dis souvent que j’ai passé mon bac juste parce que j’ai vu une porte ouverte avec de la lumière», confie-t-il aujourd’hui avec un sourire. Pourtant, cette première rencontre avec la radio allait être déterminante. Patrice s’engage alors dans cette aventure, avec une petite expérience déjà acquise en Espagne, où il avait déjà goûté aux plaisirs de la radio dans un contexte bien différent. Un bagage qui allait lui être précieux, même s’il n’avait pas de plan précis en tête.
Un parcours sans limite // Curiosité et rencontres
Patrice n’est pas du genre à suivre une trajectoire linéaire. D’ailleurs, il n’a jamais été un grand adepte des études supérieures. Loin de se laisser freiner par ce manque de diplôme, il choisit plutôt d’explorer des horizons différents. «J’ai fait des petits boulots. C’est ce que me disaient mes parents : soit tu fais des études, soit tu bosses. J’ai choisi de travailler et de ne jamais me fermer de portes», explique-t-il. Ainsi, il enchaîne les expériences : animateur dans des colonies de vacances, éducateur sportif, livreur de pizzas, ou même releveur de compteur d’eau. Mais ce qu’il retient de ses expériences professionnelles, ce sont les rencontres humaines. «Je voulais voir toutes les facettes du métier. Pas juste celle d’animateur style Club Med», poursuit Patrice, toujours aussi curieux.
L’Espagne // Une aventure linguistique et sportive


L’une des étapes les plus marquantes peu une provocation dans ce pays de la vie de Patrice fut sans doute son aventure en Espagne. Lorsqu’il part à Valencia avec sa compagne, qui partait faire un Erasmus, il ne parle pas un mot d’espagnol. Mais l’occasion est trop belle pour passer à côté. «J’ai voulu m’installer là-bas, même si je ne parlais pas du tout la langue», explique-t-il. « On a passé une année incroyable en colocation, vraiment l’auberge espagnole quoi ! J’essayais de trouver du boulot sans parler un traître mot d’espagnol, autant te dire que j’étais incapable de répondre aux questions qu’on me posait… J’ai appris petit à petit, notamment via le Rink Hockey (hockey sur patins à roulettes). J’en avais fait à Nantes, on avait joué des Coupes d’Europe, mais c’est comme si c’était Villeneuve en rugby face à l’UBB ? C’était énorme. Et donc j’ai joué en Régionale puis en première division B en Espagne et j’apprenais la langue dans les vestiaires ! Ensuite, on est repartis vivre à Valencia en 1998. Là-bas, j’ai aidé bénévolement ma femme dans l’entreprise où elle travaillait, ce qui me permettait de bosser mon espagnol. Un jour, son patron m’a demandé si ça ne me tentait pas de prendre un poste de vendeur à Castellón, dans un magasin de meubles et de décoration. J’ai dit oui, et en fait, j’étais un vendeur sourd ! Je devais expliquer les produits avec des gestes, car je ne connaissais pas les mots ! Petit à petit, les habitués ont commencé à me dire comment on disait «tiroir», «commode», etc. J’ai appris sur le tas, j’ai appris l’espagnol de la vie quotidienne », raconte le nantais d’origine. «Ensuite, je suis devenu gérant du magasin de Valencia. Ce qui était merveilleux en Espagne, c’est que c’était un système où on ne te demandait pas de CV. Tu pouvais être viré ou partir du jour au lendemain, mais on privilégiait le savoir-être. Ça permettait de faire un petit bout de chemin ensemble, puis de se séparer quand c’était nécessaire. Puis, je suis devenu commercial en quincaillerie industrielle, puis dans les bijoux fantaisie… Et tout ça grâce à des rencontres : une soirée de mariage, le magasin de fruits et lé- gumes en bas de chez moi, etc. Mais j’étais très mauvais pour vendre des produits dans lesquels je ne croyais pas vraiment ! Puis, ma femme a donné naissance à notre première fille, et j’ai décidé d’arrêter de travailler pendant un an. Cela a été un encore très machiste et personne ne comprenait comment c’était moi qui arrêtais de travailler. Quand j’ai démissionné, les gens pensaient que je mentais et que j’allais trouver un autre job ailleurs ! Cette année incroyable m’a permis de mieux comprendre ce qui se passait autour de moi. C’est ainsi que j’ai découvert que dans les grandes villes françaises, l’activité des promeneurs de chiens était en plein essor.» Patrice faisait déjà de l’agility avec ses chiens lorsqu’il s’est rapproché des éducateurs canins. Ces derniers lui ont ouvert toutes les portes. Il a appris diverses méthodes, sélectionné celles qui lui convenaient et correspondaient à sa vision, avant de créer, pendant neuf ans, Tiki Mascottes. À travers cette activité, il s’est occupé de tout type d’animaux, principalement auprès des expatriés. « Et là-bas, j’avais une cliente qui avait acheté une radio FM « Swing Radio ». C’est là que j’ai pu commencer à m’essayer à la radio avec des chroniques sur les animaux et auprès de la communauté francophone. En espagnol puis en français. » Lorsque la crise économique a frappé en 2013, Patrice et sa famille ont pris la décision de revenir en France. Sa femme avait en effet une opportunité professionnelle chez GIFI, où elle allait occuper un poste de directrice des achats. C’est dans ce contexte qu’il a débuté à la radio en 2014, de manière assez spontanée et bénévole. À ce moment-là, il travaillait au Ping Pong Club Villeneuvois (PPCV) en contrat aidé, où il était responsable de la communication et de la recherche de partenariats. C’est à cette époque que Julien Girard, le coach de l’équipe et consultant sportif pour Radio 4, lui a ouvert une porte vers le monde de la radio. Sans rien lui dire au préalable, il lui a proposé de rejoindre la station à son départ. Une occasion que Patrice a saisie, fort de sa petite expérience radio acquise en Espagne, mais sans savoir exactement ce qu’il allait faire. Lorsque son contrat au PPCV a pris fin, Patrice a décidé de se consacrer à la radio à temps partiel. Il a commencé par réaliser des reportages sur le terrain. « Et puis Radio 4 m’a proposé de me former au métier de régisseur et petit à petit, j’ai commencé à faire des remplacements à Villeréal, et puis, les choses se sont faites naturellement. »
Un métier passion // Donner la parole aux autres

Aujourd’hui, Patrice Couturier est bien ancré dans le paysage radio- phonique du Lot-et-Garonne. En 2023, il obtient même sa carte de presse, un symbole pour lui de tout ce chemin parcouru. « J’ai même envoyé la photo à ma mère ! ». Ce qui l’anime dans son métier, ce n’est pas de briller ou de se faire un nom, mais de donner la parole aux autres. «Ce qui me plaît dans le journalisme, c’est d’aller chercher les histoires des gens. Ce n’est pas de tout connaître, c’est d’être curieux, de se mettre à la place des auditeurs», explique-t-il. Patrice aime raconter les histoires humaines. Au fil de ses interviews, qu’il s’agisse de personnalités locales ou de figures emblématiques comme Jo-Wilfried Tsonga, il privilégie les échanges vrais. «Avec Tsonga, on a passé 10 minutes à l’antenne, mais on a discuté pendant 1h30 après. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller derrière les carapaces des gens», raconte-t-il, avec une sincérité qui fait toute sa force. « J’ai un besoin d’aller vers l’autre, avec la radio, avec notre chaîne YouTube So’ Sud-Ouest, avec mes prestations d’animation… Je suis fan des gens, des gens lambdas ! Ce que je veux avant tout, c’est faire mon boulot le mieux possible. Je « kiffe » vraiment ce que je fais, je ne sais pas jouer de rôle en plus, je ne peux pas bluffer, ça se voit tout de suite. » Dans sa manière de faire, Patrice se décrit comme un «stagiaire permanent». Toujours en quête d’apprendre et de comprendre. «Je ne suis pas là pour donner mon avis. Ce que je veux, c’est comprendre, et ça passe par une écoute attentive.»
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