
À sept journées de la fin du championnat, le Sporting fait malheureusement partie des cancres du fond de la classe. La menace d’une potentielle relégation est bien réelle mais il peut se passer beaucoup de choses d’ici là. La perspective du scénario catastrophe n’est donc pas (encore) à l’ordre du jour. Dans l’hypothèse somme toute réaliste d’un maintien en fi n de saison, il y a quand même de quoi s’inquiéter. Le SUA LG souffre de maux structurels qui touchent quasiment tous les pans de son organisation. Certains sont d’ordre sportif, d’autres touchent aux finances. Et dans les deux cas, les mauvais choix d’hier risquent de se payer encore pendant longtemps…
Une communication qui pose question //

Jean-François Fonteneau est actuellement dans une situation difficile, avec de grosses sommes personnelles engagées et une réputation qui baisse auprès des supporters. Le ras-le-bol est parfaitement compréhensible mais il s’accompagne d’une communication un peu particulière. Le président dénonce l’absence de soutien de la part du territoire et « l’approche schizophrène avec des gens qui critiquent beaucoup sans venir au stade ou très peu ». Les « fameux anciens » sont vu comme « des gens qui ont profité du système, qui existent grâce au rugby et non pas l’inverse ». Pas sûr que ce discours véhément incite de nouveaux partenaires à s’investir dans un avenir proche. Certaines sorties vis-à-vis des joueurs sur des « consignes pas respectées » ou « un manque de détermination et de conduite de jeu » sont également un signal pas forcément très engageant pour de futures recrues.
Les trous dans le budget //
Le club agenais s’habitue fort malheureusement à présenter des bilans déficitaires. Le dernier exercice s’est achevé sur un résultat net négatif de 1,68 M€. L’année d’avant, le déficit était de 2 M€. Pas besoin d’être expert-comptable pour comprendre que les recettes (droits TV, partenariats, billetterie), ne sont pas au niveau des charges qui avoisinent les 14 M€. Jusqu’à présent, le président Jean-François Fonteneau a toujours assumé ses engagements en comblant les manques. Ce qui tend à rassurer les argentiers de la Ligue pour la suite. Aucun élément ne laisse penser que ce ne sera pas le cas cette saison encore. Remettre au pot encore et encore des sommes considérables finit toutefois par épuiser le porte-monnaie avec un sentiment de frustration aussi grand que le classement est mauvais. Et quand les critiques ad hominem, à grands coups de « Fonteneau démission » sur les réseaux sociaux fusent comme c’est le cas actuellement, c’est le moral qui en prend un coup. Les consentements financiers du principal actionnaire pourront-ils durer encore longtemps dans ces conditions ? Certainement pas. Et c’est l’intéressé lui-même qui l’a confirmé au micro de nos confrères 47 FM. « À titre personnel, je mets beaucoup d’argent. C’est une situation qui ne durera pas. Si quelqu’un peut mettre 2 M€ pour faire fonctionner ce club je lui ouvre les bras et pas que les bras. » La vente à Jean-Baptiste Aldigé et ses partenaires lui aurait permis de renvoyer la patate chaude à quelqu’un qui en voulait bien. Désormais, c’est le fantasme d’un retour aux affaires d’Alain Tingaud qui agite les esprits. Seulement voilà, les tractations sont loin de toujours se transformer en réalité. Qui a envie de reprendre la barre d’un navire avec les deux pieds dans l’eau ?
Les cercles vicieux //
La mise en place d’une drastique cure d’austérité peut, de prime abord, s’imposer comme une solution. Seulement voilà, plusieurs problèmes se posent. Avant même de parler de masse salariale, il y a le stade. Son occupation exige un loyer et les créanciers qui ont financé la partie privée entendent bien conserver l’échéancier initialement établi. Pour rappel, l’investissement de la SASP pour ses installations se situe entre 7 et 8 M€. Les contrats sont aussi une épine dans le pied. Ceux des joueurs comme du staff ne peuvent être rompus d’un claquement de doigts. Il faut ainsi attendre la fin des CDD pour décider d’une reconduction ou non à des montants plus en adéquation avec l’état des finances. La direction du SUA LG n’a pas fait de sentiment lors de la dernière intersaison en tranchant dans le vif et devrait continuer encore. Jean-François Fonteneau n’hésite pas à prendre l’exemple des clubs plus performants qu’Agen avec une masse salariale sportive deux fois inférieure. Réduire les effectifs et les émoluments risque tout de même d’avoir ses conséquences. De très bons coups peuvent être ponctuellement réalisés mais les meilleurs joueurs n’hésiteront pas à partir rapidement sous des cieux plus rémunérateurs. En cas de mauvais paris sur la pelouse comme sur le banc, c’est la performance sportive qui s’écroule et l’engouement qui va avec.
La déliquescence de la formation
Si tous les supporters et suiveurs ont bien assimilé la nouvelle place du Sporting dans le rugby français, ils rêvaient encore d’assister à l’éclosion des jeunes pousses comme le club en a tant connues. Les Espoirs agenais, qui ont longtemps figuré dans le très haut du panier hexagonal, sont cette fois englués dans les dernières places du championnat Elite Reichel. Les Crabos ne font pas beaucoup mieux. La LNR, qui dévoile chaque année le classement des centres de formation, a relégué le SUA LG à la 8ème place de Pro D2. Et pour ne rien arranger, l’Association est au cœur de la tempête. La nouvelle équipe dirigeante tente tant bien que mal de corriger les problèmes de gouvernance et les finances en piteux état. Le chemin sera long pour retrouver le lustre d’antan… L’équipe dirigeante, en place depuis un an seulement, cherche déjà à passer la main, comme elle l’avait annoncé lors de sa prise de fonction.
Une perte d’adhésion //
Une équipe qui ne fait plus vibrer éprouvera bien des difficultés à susciter l’adhésion de sa communauté. C’est particulièrement prégnant cette saison avec des gradins bien vides. La communication a beau annoncer une fréquentation honorable sans être mirobolante, elle ne trompe personne. Les chiffres annoncés tiennent compte de qui a tout ce qui a été vendu (billets à l’unité, abonnements, loges) sans regarder l’occupation réelle. Une loge de 15 places sera toujours comptabilisée comme telle. Un simple coup d’œil, au stade comme devant sa télé, permet de comprendre l’ampleur du désengagement. La nouvelle tribune Ferrasse a eu son effet post-inauguration mais le soufflé semble retomber. Certains partenaires, qui font partie piliers essentiels du financement du club, annoncent en coulisses qu’ils ne reviendront peut-être pas la saison prochaine. La section commerciale aura fort à faire pour compenser ces potentiels départs. Ce nouveau stade tant applaudi ne serait-il pas à la fois l’arbre qui cache la forêt d’une organisation déboussolée et dans le même temps un caillou dans les chaussures de la SASP et de l’Agglo d’Agen ? Sa transformation était nécessaire, ne serait-ce que du point de vue des normes. Mais le timing est loin d’être idéal.
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