
Entre enthousiasme et frustration, l’histoire de l’hôtel Hutot de Latour, emblématique demeure agenaise du XVIIIe siècle, continue de s’écrire sur un rythme heurté. Alors qu’en début d’année dernière, l’espoir renaissait autour de la réhabilitation du bâtiment en 17 appartements de standing, les mois ont passé sans que l’on voie de véritable transformation extérieure. À première vue, depuis la contre-allée du Gravier, la bâtisse paraît toujours endormie : façade abîmée, vitres cassées, jardin laissé en friche… Une apparente immobilité qui tranche avec l’effervescence annoncée dans nos colonnes.
Ce paradoxe s’explique par une réalité complexe. Si des avancées notables ont été réalisées sur site, le chantier a été ralenti par des facteurs imprévus. Notamment le départ de l’architecte du patrimoine initial, confronté à des difficultés personnelles. Or, en tant que bâtiment classé, l’hôtel nécessite la supervision d’un architecte habilité avec plus de dix ans d’expérience, comme l’exige la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), ce qui complique d’autant plus sa réhabilitation.
Une lente remontée vers la lumière

Depuis sa vente à des investisseurs privés d’Aquitaine, d’Occitanie et d’Île-de-France, et le lancement officiel du chantier par le groupe Angelys, le projet se veut ambitieux : 17 logements, du T1 au T3 allant de 23 m² à 82,20 m² (et non plus jusqu’au T4 comme annoncé initialement), cinq parkings, des jardins privatifs et collectifs. Les logements sont déjà tous vendus, signe d’un certain engouement pour cette adresse chargée d’histoire. Mais la transformation prend du temps, beaucoup de temps.

Dans nos colonnes, il y a un an, Youri Buratti, directeur général des Monuments Historiques pour Angelys Group, évoquait une fin de chantier « au mieux fin 2025. » Aujourd’hui, cette prévision est sujette à révision. Selon lui, il faudrait « compter huit mois de travaux supplémentaires ». Si le gros œuvre est quasiment achevé : toiture remise à neuf, charpentes rénovées et hors d’eau… les travaux dits de second œuvre, eux, ont timidement commencé en 2024 : « installation des équipements électriques, pose de sanitaires, enduits et joints. Le mobilier de salle de bains, le carrelage ou encore les finitions ne sont pas encore à jour. » Si la lenteur du projet frustre une partie des Agenais, elle s’explique aussi par la complexité du bâtiment. « La rénovation, surtout sur de tels bâtiments, n’est jamais une science exacte. Le projet a aussi été heurté par un certain nombre de vols et dégradations récemment », ajoute le directeur général. « L’ancien salon de musique, baptisé tour de la Poudre, a quant à lui été cédé à un voisin immédiat, recentrant ainsi le projet principal autour de l’hôtel et de ses annexes. »
Véritable serpent de mer depuis plus de 15 ans, l’hôtel Hutot de Latour semble une nouvelle fois suspendu dans le temps. Malheureusement, il faudra une fois de plus s’armer de patience pour voir un changement majeur sur le site. Après tout, « patience » reste certainement le maître mot quand il s’agit de l’hôtel Hutot de Latour.
Quand le passé ralentit le présent
Depuis le mois d’août 1954, l’hôtel Hutot de Latour est partiellement inscrit au registre des monuments historiques. Cette reconnaissance patrimoniale concerne notamment les toitures et les façades de l’édifice principal ainsi que celles des bâtiments annexes, l’escalier d’honneur, les terrasses, le grand salon, la bibliothèque, et le salon de musique logé dans la tour principale. En revanche, certains éléments, comme les écuries donnant sur la rue Louis-Vivent, les jardins et diverses structures extérieures, ne bénéficient d’aucune protection officielle. « Ce classement implique néanmoins des obligations administratives et techniques particulières, qui ont pour effet de compliquer, voire de ralentir, l’avancement des travaux de rénovation », rappellent tout de même les porteurs du projet.
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