Education : comment l’Agrocampus 47 a changé de dimension en l’espace de dix ans

L’entité qui chapeaute les trois lycées agricoles publics du département et un CFA a considérablement évolué, devenant un acteur majeur du développement local.

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En juin, André Chanfreau partira pour de nouvelles fonctions dans l’Indre. La fi n d’une ère (et le début d’une nouvelle) pour l’Agrocampus 47 dont il était le directeur depuis 2015. Au cours de son mandat, cette structure a considérablement grandi, au point de devenir un moteur local en matière d’éducation, d’agriculture et d’innovation. « Ce n’est pas mon œuvre mais celle de toute une équipe qui a porté de belles initiatives », tient à souligner André Chanfreau. Petit retour en arrière pour comprendre comment l’Agrocampus a pris un tel poids sur le territoire..

L’Agrocampus 47, c’est quoi ?

L’Agrocampus rassemble plusieurs organismes : le lycée Étienne-Restat à Sainte-Livrade, le lycée Armand-Fallières à Nérac et le lycée Fazanis à Tonneins. Autour d’eux ont été créés deux centres de formation, par apprentissage et pour adultes. Tout a basculé en 2010, lorsque l’État et l’ancienne Région Aquitaine ont souhaité opérer des regroupements. C’est ainsi qu’est né l’Agrocampus 47. « L’objectif était d’apprendre à travailler ensemble, de devenir un interlocuteur unique pour nos diff érents partenaires », précise André Chanfreau. Une belle intention… sur le papier. Pour que cette ambition devienne réalité, il faut des actes concrets. « Sans dynamique, cela peut vite se transformer en une coquille vide. »

2018, la mise sur orbite

Cette culture du collectif ne s’est pas imposée en un jour. Il flottait même un petit air de concurrence entre les lycées lot-et-garonnais. Lors de sa nomination comme directeur, André Chanfreau en a été témoin. Son expérience au sein d’entités similaires en région parisienne puis dans les Pyrénées-Atlantiques s’est avérée précieuse. À peine le temps de prendre ses marques, il a impulsé la création d’un projet d’établissement, élaboré dès 2016 et signé officiellement début 2018. Ce document a constitué la feuille de route pour les années suivantes. C’est à partir de ce moment que le train s’est réellement mis en route. Les lois favorisant l’apprentissage ont aussi apporté leur contribution.

Un terreau fertile pour la recherche et l’innovation //

Dans sa profession de foi, l’Agrocampus 47 annonce former « aux métiers du vivant ». Il est bien sûr question d’agriculture mais également d’en- vironnement, d’agroalimentaire, de services à la personne… Autant de domaines qui évoluent avec l’époque, aussi bien dans les connaissances que les pratiques. L’Agrocampus ne subit pas le mouvement mais, au contraire, l’accompagne. « Dès que nous le pouvons, nous candidatons sur des appels à projets. C’est extraordinaire de pouvoir participer à la recherche et aux expérimentations », décrit André Chanfreau. Plusieurs exemples sont là pour l’illustrer. La licence professionnelle Parcours numérique pour l’agriculture Inauguré l’année dernière à Nérac, ce nouveau cursus est l’un des deux seuls du genre dans tout le pays. « Agriculture et nouvelles technologies sont désormais intimement liées. Il y a des GPS très pointus dans les tracteurs, des systèmes de pilotage de l’irrigation, des robots de traite, des drones pour surveiller les parcelles… Comprendre tous ces outils est indispensable. Et c’est une thématique qui intéresse de plus en plus de jeunes. Grâce à la licence pro, ils ont ac- cès à des professionnels en activité », note André Chanfreau. L’expérimentation du houblon Juste avant la pandémie, l’Agrocampus avait lancé une grande expérimentation sur la culture du houblon en partenariat avec la start-up Hopen. Une quinzaine de variétés ont été plantées et analysées, faisant ressortir les meilleures d’entre elles au niveau de l’adaptation à nos sols. Cette phase a été décisive pour le développement de Hopen, qui emploie à ce jour environ 7 per- sonnes mais aussi pour d’autres agriculteurs qui ont pu se lancer dans cette voie avec des résul- tats probants. Les projets Gramicible et Expea L’Agrocampus s’associe à des instituts de réfé- rence pour aider la recherche à avancer. C’est le cas du projet Gramicible mené avec Arvalis. Il s’agit ici de développer des techniques de désherbage permettant une bonne maîtrise des graminées, source de réduction des rendements et de défauts de qualité, dans un contexte de raréfaction des herbicides. Même chose avec Expea, porté par la coopérative Terres du Sud, dont l’objectif est d’améliorer la fertilité des sols et la rentabilité des exploitations dans le cadre des transitions agroécologiques.

Les deux pieds dans la terre mais pas seulement //

Comme évoqué ci-avant, l’Agrocampus prépare ses apprenants à de très nombreux métiers dans des domaines très divers. Cela va du CAP au BTS, avec depuis peu une licence pro. Certains peuvent même pousser jusqu’au diplôme d’ingénieur en partenariat avec Bordeaux Sciences Agro. La filière générale au lycée parvient chaque année à envoyer des bacheliers vers de grandes prépas. Ces brillants résultats en salles de classe s’accompagnent de mises en situation bien réelles. L’Agrocampus exploite plus de 180 hectares de parcelles agricoles avec le même objectif de performances économiques d’un agriculteur à son compte. « On a des cultures horticoles mais aussi des céréales et des vergers. On vend la production dans l’idée d’équilibrer les comptes. Comme les professionnels, on subit les aléas climatiques, les ravageurs. On se bat avec les mêmes armes. Nos jeunes ont les deux pieds dans le réel ».

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