
Mis en place fin 2023 dans le cadre du plan France Ruralités, Villages d’avenir soutient les communes de moins de 3 500 habitants dans la réalisation de projets structurants. Porté par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), ce programme se distingue par une approche ciblée : apporter une ingénierie de proximité aux territoires souvent en manque de moyens techniques et humains. En Lot-et-Garonne, 36 communes ont déjà été labellisées, représentant près de 33 000 habitants. Un chiffre qui place le département à la deuxième place nationale, « preuve d’une dynamique locale forte » se félicitent aujourd’hui les élus concernés. « Ce que propose Villages d’avenir, ce n’est pas un catalogue de solutions toutes faites, c’est un accompagnement sur mesure, au rythme des territoires », souligne Daniel Barnier, préfet du Lot-et-Garonne.
Depuis février 2024, la coordination des projets passe par Marjorie Boucheyrou, cheffe de projet dédiée au sein de la direction départementale des territoires. Elle agit comme trait d’union entre les élus et l’administration. « J’aide les communes à structurer leurs idées, à formuler des projets réalistes, et surtout à identifier les bons leviers pour avancer. On travaille sur le fond, pas sur des effets d’annonce », explique-t-elle. À ses côtés, de nombreux acteurs locaux, agences techniques, conseils en architecture ou énergie, complètent l’ingénierie apportée aux maires. Résultat : 94 accompagnements ont été engagés à ce jour, et 121 sont prévus à moyen terme.
Revitaliser, repenser les usages

Parmi les projets emblématiques, Caudecoste (1 136 habitants) illustre parfaitement les ambitions du programme. Grâce à l’accompagnement du dispositif, une ancienne épicerie sur la place du village a été transformée en salle multi-activités. Elle accueillera à la fois des micro-commerces, des espaces associatifs et un accès pour les résidents d’un habitat partagé. « On a voulu créer un lieu qui relie les générations, les activités et les usages. C’est un projet à notre échelle, mais qui redonne du cœur au village », commente François Dailledouze, maire de Caudecoste. La commune s’est également dotée d’un plan-guide de revitalisation sur dix ans, en lien avec l’agence technique départementale et le CAUE 47, pour anticiper les besoins futurs sans grever ses finances.
Mutualiser les forces pour la transition énergétique

Dans le Fumélois, neuf communes ont choisi d’unir leurs efforts pour aborder la question énergétique de manière collective. Avec l’appui de Territoire d’Énergie 47 et du CAUE, elles travaillent sur la rénovation thermique des bâtiments, l’installation de chaufferies bois, l’étude de la géothermie, ou encore l’optimisation des usages. « Nous n’aurions jamais pu porter ce genre de projets seuls. L’appui technique, la coordination et la mutualisation changent tout », confie un élu de Dausse, l’une des communes engagées. La démarche va au-delà de la seule transition écologique : elle permet d’amorcer une réflexion globale sur le développement local, la gestion du patrimoine communal, voire de nouveaux services partagés.
Un soutien sur la durée
Alors que 32 % des projets sont déjà finalisés, le reste devrait aboutir entre 2025 et 2026. L’objectif n’est pas la vitesse, mais la cohérence. En accompagnant les élus sur le long terme, le programme crée une dynamique nouvelle dans des communes parfois en manque de perspective. « Ce dispositif redonne confiance. On voit qu’on n’est pas seuls, qu’on peut construire quelque chose de solide, avec du sens ». Même les plus petites communes, souvent absentes des grandes politiques publiques, semblent trouver ici un espace pour se réinventer.
Sans bruit ni effets de manche, Villages d’avenir s’impose comme un outil précieux dans les mains des élus ruraux. « Ce que je retiens, c’est la capacité des communes à faire preuve d’audace, à s’emparer de leviers qu’elles n’utilisaient pas jusqu’ici. On ne parle plus seulement de maintenir les services, mais de penser l’avenir », conclut le préfet Barnier. Loin des clichés d’une ruralité figée, les villages du Lot-et-Garonne tiennent là peut-être la clé pour se réinventer
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