Le marché bio et les Villeneuvois, une histoire d’amour qui dure depuis 50 ans

Le rendez-vous hebdomadaire sur la place d’Aquitaine fête cette année son cinquantenaire. Un jalon ultra-symbolique pour ce marché qui fut le tout premier du genre dans le pays.

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En 1975, l’agriculture biologique n’était pas vraiment dans les mœurs. Même si certains paysans s’inscrivaient déjà dans cette mouvance, le label AB et son cahier des charges n’existaient pas. Il fallait donc être pionnier pour créer un rendez-vous 100% dédié à cette façon de concevoir la production et l’élevage. C’est ce qu’ont fait Paul Simonet et Jacky Lassort. Le 25 mai, il y a 50 ans tout rond, un mercredi déjà, se tenait le tout premier marché bio de France à Villeneuvesur-Lot. À l’époque, les exposants se retrouvaient sur le boulevard Camille-Desmoulins avant de rejoindre la place d’Aquitaine qui est désormais intimement liée à ce marché. « Difficile de savoir qui de la poule ou de l’œuf est à l’origine de cette aventure. C’est une rencontre entre des agriculteurs visionnaires et des clients. L’un ne va pas sans l’autre », souligne Pierre Pernix, actuel président de l’association du marché bio et maraîcher à Villebramar. On peut ainsi parler de noces d’or pour qualifier cette union entre des producteurs et la population. « Certains pensent que c’est une invention récente, un coup marketing pour s’adresser aux bobos… Ils oublient que c’est en réalité une histoire de longue date portée par des gens réellement convaincus par la démarche », note le président de l’asso.

Un anniversaire en grande pompe //

La grande célébration du cinquantenaire se déroulera le mercredi 28 mai avec un programme plus intense que d’habitude. Ateliers culinaires, marché gourmand midi et soir, concert, inauguration de la rue portant désormais le nom des deux fondateurs, balade commentée avec un raconteur de pays… La journée s’annonce très belle ! « On tient à ce que ce soit une grande fête conviviale. On souhaite montrer que bio ne rime pas seulement avec santé et écologie. On est aussi très bons sur les plaisirs de la table et la «ripaille». Faire un marché gourmand bio en surprend certains mais ce n’est même pas un challenge pour nous. On sait faire », assure Pierre Pernix. La radio 47 FM animera une émission en direct sur place. Retrouvez le programme détaillé de
la journée sur le site marchebiovsl.fr

Une opportunités de lever les idées reçues //

Moralisateur, trop cher… Voilà le genre de choses que l’on entend régulièrement à l’endroit de l’agriculture biologique. « Concernant les prix élevés, c’est totalement une idée reçue, en particulier en vente directe. À l’exception des produits transformés et carnés qui sont effectivement plus chers, tout le reste demeure accessible. On le voit sur des marchés traditionnels auxquels on participe aussi. Il ne faut pas en faire une mauvaise excuse pour se détourner du bio et se donner bonne conscience », glisse le président de l’association. Sans renier ses convictions sur les pratiques agricoles, ce dernier se défend de tout sectarisme : « Il n’y a pas la secte du bio contre le reste du monde. Notre priorité est de défendre les marchés de plein vent dans leur ensemble et les producteurs. Nous avons tous la même démarche de circuit court et un vrai rôle social. »

Un avenir connecté //

« La période Covid nous a appris une chose : notre clientèle potentielle va au-delà des personnes, un peu âgées il faut le dire, que l’on voit sur le marché le mercredi. Les jeunes actifs aussi sont demandeurs. Mais entre le manque de temps et les facilités offertes par les grandes surfaces, il est difficile de changer les habitudes. C’est pourquoi nous réfléchissons à de nouvelles pistes pour faire entrer un peu plus notre marché bio dans les usages du XXIe siècle », détaille Jacques Réjalot, vigneron de père en fi ls à Saint-Léon et secrétaire de l’association. L’ambition est de pouvoir déployer des solutions numériques de type click & collect avec des possibilités de livraison via les services logistiques spécialisés de La Poste. Par sa taille limitée, le marché bio de Villeneuve ne pourra pas porter à lui seul le projet. Toutefois, il entend bien être moteur en embarquant dans son sillage d’autres organisations similaires ainsi que les élus locaux et nationaux.

Témoignage // « Mon grand-père avait ce côté fédérateur »

Matieu Simonet, plus connu sous son pseudonyme radiophonique Di Papet, est le petit-fi ls de Paul Simonet, l’un des cofondateurs du marché bio de Villeneuve et qui sera honoré avec une rue portant son nom. « J’ai des souvenirs d’enfance assez marquants sur ce marché. À l’époque, il n’y avait pas encore la halle. J’arrivais sur place vers 8h9h, mon grand-père y était bien sûr depuis longtemps. Il avait de la gouaille, avec ses défauts et ses qualités, mais on ne pouvait pas lui enlever ce côté fédérateur. Avec ma grand-mère, on s’occupait de la caisse et c’est comme ça que j’ai appris à compter. Je passais aussi du temps avec eux dans les champs et j’étais fasciné par le fait de voir pousser les légumes et les retrouver ensuite sur son étal. Aujourd’hui, je mesure tout cet héritage en partageant des moments précieux avec ma fille de cinq ans dans le potager, même si je m’y suis finalement mis assez tard. Aujourd’hui, on se doit d’être le porte-voix de cette histoire, de la raconter, la partager. On peut être fi er de tout ça 50 ans plus tard. »

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