
En refusant l’acier, le bronze ou le béton, Stéphane Munoz a choisi une matière injustement oubliée : le carton. Il en fait pourtant une matière première de sculpture publique, exposée dès la fin de ce mois de juin dans les rues du centre d’Agen. À rebours des installations spectaculaires conçues pour les grandes capitales, l’artiste travaille avec ce qui lui donne gratuitement les commerçants agenais. L’exposition, sobrement intitulée « Ça cartonne en centre-ville », articule ainsi réemploi et expression artistique, dans un geste à la fois critique et localisé.
Un matériau fragile
« Je travaille le carton depuis 17 ans. Et depuis 7 ans, professionnellement je ne fais plus que ça. » Loin d’un simple bricolage, Stéphane Munoz dont l’atelier est situé dans le Lot, revendique un processus rigoureux, entamé par la modélisation 3D, poursuivi par une découpe vectorielle, et achevé à la main. Le passage entre le numérique et le geste artisanal donne naissance à des sculptures de plusieurs mètres de haut, montées, pliées, assemblées à partir de couches de carton croisées. Certaines de ses œuvres peuvent atteindre huit mètres. Leur apparente fragilité contraste avec leur gabarit massif. Les œuvres seront implantées dans le centre-ville, à même les espaces de circulation piétonne. En s’appuyant sur le réseau des commerçants d’Agen qui ont fourni la matière première le projet inscrit l’art dans une logique de circuit court.
Une intervention urbaine

En convoquant la ville elle-même comme espace d’exposition, Ça cartonne en centre-ville engage une réflexion sur les usages ordinaires du centre-ville et sur sa fréquentation. En cela, la municipalité poursuit une ligne déjà amorcée : « On avait organisé il y a deux ans l’exposition Stratos. Cette année, on a fait le choix d’un artiste local, et d’un projet qui intègre aussi les cartons des commerçants. C’est un clin d’œil à notre travail avec l’agence de commerce », détaille Clémence Brandolin-Robert, première adjointe au maire.
La collecte des matériaux a été coordonnée avec le service déchets de l’Agglomération. Mais au-delà du dispositif logistique, c’est une logique d’interaction avec le tissu économique local qui se dessine. L’artiste, lui, ne revendique pas de message écologique, mais insiste sur la malléabilité de son art : « Sur ce principe-là, on peut tout faire. C’est infini de possibilités. »
l’exposition sera principalement située sous les cornières et ira même jusqu’à l’église, l’inauguration est prévue le 26 juin à 17h. Les sculptures resteront visibles en accès libre dans l’espace urbain tout l’été.
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