Déchets : Agen passe aux poubelles 2.0… tout ce qu’il faut savoir

Six quartiers du centre-ville basculent vers les Points d’Apport Volontaire (PAV) ce 2 novembre. Une étape clé dont nous vous faisons le guide, au sein de cette « Révolution des poubelles » entamée il y a quelques années sur l'agglo.

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©Photo Ville d’Agen

Une révolution engagée depuis 2023

Depuis 2023, l’Agglomération d’Agen a engagé une transformation majeure de la collecte des déchets, baptisée la « Révolution des poubelles ». L’objectif : améliorer la propreté urbaine, réduire les volumes de déchets incinérés et encourager le tri sélectif. Cette initiative a été expérimentée dans le quartier Jasmin, avant d’être étendue à l’ensemble du centre-ville. Aujourd’hui, six quartiers sont concernés par le déploiement des PAV : Hôtel de Ville, Carnot, Victor Hugo, Saint-Hilaire, Cathédrale et Jasmin. 120 colonnes ont été installées dans ces quartiers (60 pour les ordures ménagères, 60 pour les emballages), positionnés pour que chaque habitation se trouve « à moins de 150 mètres d’un PAV. » Cette réforme s’accompagne également du tri des biodéchets. L’Agglomération prévoit ainsi de valoriser 40 % des déchets ménagers actuellement incinérés, soit environ 10 000 tonnes de biodéchets par an.

1. Déploiement des points d’apport volontaire (PAV)

À partir du 2 novembre 2025, la collecte en porte-à-porte cesse dans les quartiers cités ci-dessus. Les habitants devront désormais déposer leurs ordures ménagères, emballages et biodéchets dans les PAV à proximité. Chaque point est organisé pour faciliter le tri : ordures ménagères, emballages recyclables, verre et, pour certains points, biodéchets accessibles uniquement avec un badge fourni par l’Agglomération. « Les sacs noirs ne devront pas dépasser 50 litres, et les emballages devront être déposés en vrac ou dans un sac de 50 litres maximum », précisait la municipalité il y a quelques mois, à l’annonce de la date fatidique du 2 novembre. Le nettoyage des PAV est quotidien à l’extérieur, avec un entretien complet mensuel en saison chaude. Les PAV biodéchets sont collectés deux fois par semaine en été et une fois par semaine le reste de l’année, avec un nettoyage complet à chaque collecte.

2. Introduction du tri des biodéchets alimentaires

Depuis 2024, le tri des biodéchets alimentaires est obligatoire dans l’agglomération d’Agen. Pour accompagner ce changement, chaque foyer reçoit un bioseau, des sacs biodégradables et un kit d’information. Les PAV dédiés aux biodéchets sont accessibles avec un badge personnel, tandis que certains foyers en zones pavillonnaires utilisent des bacs marron ou des composteurs individuels. En 2024, 851 tonnes de biodéchets ont été collectées et transformées via la plateforme de traitement du Moulinot au Passage d’Agen. Les déchets sont méthanisés, produisant du gaz injecté dans le réseau et des digestats utilisés comme engrais agricole, contribuant à réduire de près de 2 000 tonnes les ordures ménagères incinérées.

3. Une ville plus propre, mais avec sanctions possibles

La municipalité mise sur la pédagogie dans un premier temps. Novembre sera un mois de transition : pas de verbalisation systématique, mais des rappels aux usagers pour s’approprier les nouvelles habitudes. Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen, assurait : « Il ne s’agit pas seulement de collecter, mais de responsabiliser chacun. La propreté est l’affaire de tous. » À partir de décembre, les contrevenants risquent une amende pouvant grimper à 155 euros pour le nettoyage des dépôts sauvages.

4. Application et accompagnement pour les habitants

Pour localiser facilement les PAV, l’application gratuite « Mes déchets – Agglo Agen » permet de repérer les points proches de chez soi, sans création de compte. Elle fournit aussi des informations personnalisées sur le tri et les collectes. Pour les foyers qui n’ont pas reçu leur badge ou kit biodéchets, plusieurs distributions sont prévues dans différents quartiers , jusqu’au 20 décembre 2025, avec des horaires de 10h à 17h.

5. Pour les professionnels : une évolution parallèle

La réforme concerne également 3 500 usagers non ménagers, qui utilisent les services de collecte et de déchèteries, au nombre de neuf dans l’Agglomération : Le Passage-d’Agen, Foulayronnes, Boé, Castelculier, Colayrac-Saint-Cirq, Brax, Fals, Dondas, Pont-du-Casse,.. Les seuils de déchets autorisés seront limités à partir de 2026 : au-delà, les professionnels devront recourir à des solutions privées. La vidéosurveillance est installée dans toutes les déchèteries pour sécuriser l’accès et contrôler les passages.

6. Les étapes suivantes et la TEOM incitative

La collecte en porte-à-porte sera progressivement remplacée par des PAV dans d’autres quartiers dès 2026, avec un système adapté « sur mesure ». L’objectif est d’introduire une taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitative (TEOMi), en 2027 ou 2028, modulée selon les efforts de tri. Cette taxe reposera pour moitié sur la valeur du logement, pour moitié sur la quantité de déchets produits. Ainsi, ceux qui trient bien paieront moins.

7. Transformer nos déchets en énergie

La « Révolution des poubelles » ne se limite pas à améliorer le tri et la propreté, elle ouvre aussi la voie à une valorisation énergétique moderne et écologique des déchets. Deux projets sont en lien avec celle-ci l’Agglomération d’Agen. Le premier concerne le réseau de chaleur urbain (RCU), inauguré cette semaine et utilisant la chaleur produite par l’incinération des 23 000 tonnes de déchets ménagers non-recyclables pour chauffer l’équivalent de 4 000 logements à Agen et au Passage. « Cette initiative permet de transformer un résidu de la consommation quotidienne en une ressource locale et circulaire. » Le second projet est la création de deux méthaniseurs destinés à convertir les biodéchets en biogaz, énergie renouvelable injectée dans le réseau ou utilisée pour la production de chaleur. Patrick Buisson, vice-président en charge de la transition écologique à l’Agglo, confiait à ce sujet : « Chaque kilo de biodéchets trié devient une ressource. Cette énergie locale, propre et circulaire, est un pas concret vers une ville plus durable. »

Combien ça coûte ? //

Réalisée pour près de 100 000 habitants, la « Révolution des poubelles » constitue le plus grand projet logistique jamais entrepris par l’Agglomération d’Agen, mobilisant d’importants moyens humains et matériels. Chaque année, le service de collecte et de traitement des déchets représente un budget global de 14,5 millions d’euros. Malgré ce coût conséquent, la collectivité assure maintenir depuis 2011 un taux de Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM) stable à 11 %, soit environ 150 euros par habitant et par an. La généralisation du tri à la source des biodéchets permettrait déjà de réaliser une économie estimée à 300 000 euros par an, en réduisant les volumes incinérés et en limitant la progression de la Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP). Le déploiement des points d’apport volontaire, sans impact direct sur les finances, apporte d’autres profits : « amélioration de la propreté urbaine, réduction de la pénibilité du travail des agents et optimisation des moyens humains pour la collecte des biodéchets », pour citer l’Agglo qui n’y voit que du bénéfice.

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