
©Photo Agropole Agen
Née il y a plus de trente ans sur la commune d’Estillac, l’Agropole s’est imposée comme un fleuron de l’agroalimentaire français. Sur ses 80 hectares, une centaine d’entreprises totalisent 3 100 emplois et 873M€ de chiffre d’affaires, pour 448M€ d’investissements privés depuis l’origine. Le site, porté à l’origine par le Département, est devenu une vitrine nationale avec son concours de la création d’entreprises organisé chaque année au Sénat.

Mais derrière cette success story, un imbroglio institutionnel s’est installé. Avec la loi NOTRe, le Département a perdu sa compétence économique, rendant impossible le renouvellement de la délégation de service public (DSP) actuelle, qui s’achève le 31 décembre 2025. Pour assurer la continuité, tous les partenaires publics (Région Nouvelle-Aquitaine, intercommunalités et chambres consulaires) avaient validé durant l’été la création d’un Groupement d’intérêt public (GIP). Tous, sauf l’Agglomération d’Agen, pourtant territoire d’origine du projet.
Un patrimoine à 11 M€ au cœur du désaccord
Le principal point de blocage tenait à la propriété du patrimoine immobilier de l’Agropole, estimé entre 11 et 13M€. Le président de l’Agglomération d’Agen, Jean Dionis du Séjour, insistait alors sur un point de principe : « Il ne peut y avoir de GIP crédible sans que celui-ci soit propriétaire de ses murs », affirmait-il, estimant que ce transfert était indispensable pour garantir « la pleine autonomie et la cohérence économique » de la future structure.
De son côté, la présidente du Département, Sophie Borderie, restait ferme sur la question. « Il n’est pas question de spolier le Département, qui a investi 32M€ depuis la création de l’Agropole », rappelait-elle à plusieurs reprises. Tout en refusant un transfert à titre gracieux, elle se disait néanmoins ouverte à une solution « négociée et équilibrée ». Après des mois de discussions tendues, un protocole d’accord global a vraisemblablement été acté, comme confirmé lors de la dernière séance du Conseil départemental.
Un compromis scellé
Selon ce protocole, le Département mettra à disposition à titre gracieux son patrimoine (foncier, immobilier et mobilier) au GIP dès sa création, prévue pour le 1er janvier 2026. Une évaluation par les Domaines de l’État sera ensuite réalisée avant le 31 décembre 2026 afin d’estimer la valeur des biens au prix du marché. Sur cette base, le Département proposera au GIP, ou à défaut aux intercommunalités membres, d’acquérir ces actifs. Pour Sophie Borderie, ce compromis marque une étape importante : « Les tensions sont aujourd’hui apaisées, et nous avons désormais un cadre clair pour l’avenir », a-t-elle déclaré. Une bonne nouvelle pour le modèle Agropole, appelé désormais à se déployer aux quatre coins du département à l’avenir. Sans doute le seul point sur lequel l’ensemble des partenaires du projet ont réussi à accorder leurs violons dès le départ.
Le GIP Agropole, c’est quoi ?
Le Groupement d’Intérêt Public (GIP) est une structure juridique souple permettant de regrouper plusieurs partenaires publics autour d’un projet commun, à savoir : la Région Nouvelle-Aquitaine, le Département, les principales intercommunalités du Lot-et-Garonne (Agen, Val de Garonne, Grand Villeneuvois, Confluent et Coteaux de Prayssas) ainsi que les trois chambres consulaires (CCI, CMA et Chambre d’agriculture). Dans le cas de l’Agropole, il doit permettre de prendre le relais du Département à la fin de la DSP et d’assurer la gouvernance de la technopole agroalimentaire.





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