Agriculture : colère des agriculteurs : un premier coup de semonce avant les vraies manifs ?

À l'image de ce qui se produit en plusieurs endroits de France, les agriculteurs lot-et-garonnais ont témoigné de leur détresse avant les fêtes mais préparent surtout l'après.

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Jeudi matin, plusieurs ronds-points de la RN21 entre Agen et Villeneuve ont été barricadés par des bottes de paille, obligeant les automobilistes et les transporteurs routiers à prendre d’autres itinéraires. « C’était pour marquer le coup, faire prendre conscience au grand public que la situation est dramatique », glisse José Pérez, co-président du syndicat agricole Coordination rurale 47. Vendredi, c’est devant la préfecture, théâtre plus habituel des manifestations, que le monde paysan lot-et-garonnais s’est retrouvé. Au programme ? Des simulations de pendaison en guise d’appel à l’aide. « Ce n’est rien de moins qu’une réalité qui nous touche au quotidien. Cette semaine encore, un ami à nous s’est suicidé », rappelle José Pérez. Face à un préfet en instance de départ pour de nouvelles fonctions, il est surtout question de mobiliser les élus locaux. « On veut que tous nos maires, tous nos parlementaires et tous ceux que ça intéresse entendent notre détresse. Comme on a du mal à être écoutés, on se dit qu’en donnant la parole à d’autres, ce sera un peu différent. En amont et en aval de la partie agricole, il y a une chaîne entière de structures privées ou coopératives qui se retrouvera en péril. On parle de milliers d’emplois susceptibles de disparaître », insiste le leader syndical. La CR 47 met fortement la pression en annonçant qu’un « registre relèvera les présents et les absents » et que les agriculteurs seront « sévères » avec les absents… En tant que président de l’Association des maires du Lot-et-Garonne, Jean Dionis du Séjour a apporté « une solidarité entière, fraternelle et sincère » avec une nuance toutefois : « Nous n’avons besoin, pour cela, ni de contraintes ni de menaces, qui sont à la fois maladroites, inutiles et contre-productives ».

Un redémarrage encore plus fort en janvier

La crise de la dermatose nodulaire contagieuse a agi comme un « détonateur », ainsi que « le traitement intolérable de nos collègues en Ariège et dans le Doubs ». « Même sans ça, les manifestations de notre colère seraient reparties. La dermatose, c’est grave et il faut s’en occuper. Mais c’est toute la filière qui est au plus mal », estime José Pérez. Et ce dernier de prévenir : « Que nos dirigeants se tiennent prêts ! Dès le début de l’année, le 2, le 3, le 4 janvier, je ne sais pas encore, ça va taper encore plus fort ! » Il faut donc s’attendre à de nouvelles manifestations agricoles de grande ampleur, à l’image de celles de janvier 2024. Y aura-t-il une trêve pour Noël et le Nouvel An ? Dur à dire à ce stade. « Je ne sais pas ce que les uns et les autres décideront. Les fêtes sont l’un des rares moments où les agriculteurs peuvent profiter de leur famille et ils en ont bien besoin. De surcroît, les sphères administratives, en vacances, ne seront pas là pour nous écouter. Alors pourquoi se fatiguer inutilement ? En revanche, en janvier, on saura s’épuiser pour défendre notre cause ! » Les revendications pour tendre vers un début d’apaisement sont posées. « La vérité, c’est que l’État est incompétent pour gérer cette crise, déclare José Pérez. C’est pourquoi on demande tout simplement un moratoire pour en finir avec la surtransposition française. On applique les réglementations européennes et c’est tout. Qu’on se remette à produire comme nos voisins. Les prix, on les gérera. »

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