Quidam Hebdo : Comment vous sentez-vous dans ce nouveau rôle qui est très récent ?
Raphaël Lagarde : Cela n’a rien à voir ! Ce n’est pas toujours facile, mais on s’y fait. On fait beaucoup de vidéos et d’analyses. Il y a énormément de recherches et de remises en question sur les exercices. Le but est d’amener du contenu intéressant mais qui n’est pas rébarbatif. Je suis quand même bien épaulé dans le staff et j’ai quelques relais. Les résultats font que tout va bien. L’équipe est en forme et les gars bossent bien sur et en dehors du terrain. Je vois de jolis matchs et je me régale pour le moment. On en profite et on capitule sur ça.
Q.H. : Quelle plus-value apportez-vous dans votre fonction d’entraîneur ?
R.L. : Ce n’est jamais évident quand un nouvel entraîneur extérieur au club arrive. Toutes les cartes sont rabattues. Ce dernier ne connaît peut-être pas les joueurs ni les points forts et les faiblesses de l’équipe, y compris le plan de jeu. Deux mois de préparation estivale, ce n’est déjà parfois pas assez, alors imaginez quelqu’un qui arrive à Noël. Moi, je ne mets pas de nouvelles choses en place mais je suis dans la continuité d’un projet instauré en début de saison. Je garde un fil rouge sur le plan de jeu tout en étant proche des gars au vu de mon passé. Si le groupe a de bons résultats actuellement, c’est parce qu’on a changé pas mal de choses au niveau des plannings. En période d’hiver, on s’entraîne plus tard donc on est moins fatigués. Ces changements jouent sur les organismes. Mon arrivée a coïncidé avec le changement de mode de travail saisonnier et cela m’a facilité les choses.
Q.H. : Votre connaissance du terrain cette saison vous permet-elle d’enlever une barrière que pouvait avoir Manny Edmonds ?
R.L. : J’ai une position plus simple qu’un entraîneur normal compte tenu de mon récent passé avec le terrain. Je suis là pour dépanner et j’ai encore ce lien avec les joueurs où l’on peut se dire les choses sans problème. Ce n’est pas toujours simple pour moi mais les joueurs ont beaucoup de bienveillance à mon égard et cela me met en confiance.
Q.H. : Y a-t-il quelque chose qui vous a surpris dans le vaste travail d’entraîneur ?
R.L. : Pas vraiment, mais il est vrai que la charge de travail se fait ressentir. En termes d’analyses vidéo et de préparation des entraînements, on perd son temps libre. Il n’y a pas de lundi, ni de dimanche. Tu es tout le temps en train de réfléchir et de garder les prochaines échéances au fond de ta tête. C’est intéressant, car tu n’as pas l’occasion de faire autant de vidéos en tant que joueur et j’apporte mon expertise du terrain là-dessus. C’est un travail qui est chronophage mais qui nous rend heureux le week-end quand les résultats payent.
Q.H. : Regrettez-vous de ne pas avoir pu faire vos adieux en tant que joueur sur la pelouse ?
R.L. : Tout le monde me le demande mais non. C’est un sport de combat, donc choisir un match pour dire adieu et au final perdre de 40 points et que je ne suis pas au niveau, on fait comment ? On reprogramme un adieu la semaine suivante ? Honnêtement, je comprends ce point de vue, mais cela serait égoïste de raisonner comme ceci.
Q.H. : Quelle est votre vision du jeu des arrières que vous gérez à présent ?
R.L. : Je veux qu’ils touchent des ballons et se fassent plaisir. Je suis un attaquant de nature, donc j’ai l’envie de les voir faire vivre le ballon. Entreprendre de nouvelles choses. Il faut tout de même respecter l’adversaire et appréhender leur jeu comme contre Biarritz vendredi dernier. Entre jouer et surjouer, la limite est fine et peut t’empêcher de marquer. Les conditions vont petit à petit s’améliorer et cela sera propice aux offensives où l’on perce les lignes adverses parce que c’est ça le rugby.
Q.H. : Que pensez-vous des forces en présence à votre poste de demi d’ouverture ?
R.L. : Thomas Vincent est en forme et met les ingrédients de l’entraînement en entier sur un match. Elton Jantjies maîtrise désormais le plan de jeu et les annonces, donc on va rapidement le voir entrer de plus en plus dans la rotation. Danré Gerber est l’homme à tout faire avec ses capacités multiples. Enfin, Emile Dayral est le futur avec Thomas. Il a énormément de qualités qui ont déjà été remarquées par les équipes de France de jeunes et il nous les a montrées en décembre dernier. Il faut qu’il grandisse mais il va s’y atteler avec l’expérience. Ce bloc, où il reste cinq rencontres, sera utile pour faire tourner un peu ces quatre-là.
Q.H. : Que dire du défi qui vous attend vendredi contre Grenoble ?
R.L. : C’est un schéma similaire à Biarritz. C’est une équipe en place qui met énormément de jeu derrière avec ses arrières. Elle n’a pas peur de se dévoiler et d’insister sur les ailes et les contre-attaques. Elle est totalement décomplexée et joue tous ses ballons à ses risques et périls, mais souvent, cela passe. Il nous faudra être solide défensivement et savoir exploiter les ballons qu’on aura.
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