Depuis 1961, le centre de loisirs de Saint-Férréol fait figure d’institution. Voilà plus de 60 ans que des générations de Cassipontains, de Bon-Encontrais, de Boétiens et bien d’autres fréquentent le site ouvert par René Lajunie. 9 hectares sur les coteaux de Bon-Encontre qui accueillent 1100 enfants de 718 familles réparties entre Pont-Du-Casse, Bon Encontre, Boé, Lafox, Saint-Pierre-de-Clairac et Saint-Caprais-de-Lerm. Un centre qui ne ferme jamais et s’occupe des enfants toutes l’année.
Et dans ceux qui l’ont fréquenté, ils sont nombreux à être passés d’enfant à animateur. Notamment grâce au dispositif du contrat d’engagement éducatif (CEE). « Grâce à ces contrats, nous pouvions employer des jeunes que nous payions de 28 à 40 euros », explique Laurent Cluchier,directeur du site. « En contrepartie de cette rémunération plus basse, nous financions les BAFA et formation au secourisme aux jeunes ». Un échange de bons procédés avec les jeunes qui évitent ainsi de financer leur formation au BAFA qui coûte au minimum 1200 euros, soit 16 000 euros par an d’investis sur la centaine de jeunes qui passent les portes du centre. « À l’époque, je n’aurais jamais pu passer la formation du BAFA », explique Clotilde, ancienne animatrice et membre du bureau de Saint-Fé. Pareil pour Margaux, 19 ans qui n’avait pas non plus les moyens de se financer le BAFA. Grâce à ce fonctionnement, pas de pénurie de recrutement pour le centre qui profitait ainsi d’un roulement constant dans ses équipes à raison de 100 jeunes accueillis et formés par an.
Mais serait-ce bientôt la fin ? Fin 2021, le gouvernement a présenté un plan pour un « renouveau de l’animation en accueil collectif de mineurs ». Ce plan propose de réserver l’usage de ces CEE aux seuls centres de loisirs avec hébergement, comprenez par là les colonies de vacances.
300 000 euros de hausse de masse salariale
Un coup de massue pour Saint-Fé où monte l’inquiétude. Le constat y est clair, la situation serait dramatique en cas d’application de ce plan. Le centre est financé de plusieurs façons : Par le prix, très bas, que paient les parents, par les collectivités et par la CAF. « Si le plan passe, notre masse salariale augmenterait d’un coup de 300 000 euros », se désole Laurent Cluchier. Problème, même en répercutant une hausse des prix sur les journées, le centre ne parviendrait selon ses calculs qu’à récolter 100 000 euros. Les collectivités elles, dans un contexte compliqué, ne peuvent plus mettre la main à la poche malgré leur envie d’aider le centre et il n’y aura pas de miracle venant de la CAF. « Dans le contexte budgétaire actuel, les collectivités n’ont pas de marge de manoeuvre », appuie Laurence Lamy, maire de Bon-Encontre et présidente du Syndicat intercommunal à vocation unique du centre de loisirs de Saint-Ferréol (SIVU).
Un problème insolvable et inquiétant pour l’association qui redoute de devoir, à terme, refuser des enfants (environ 700) et faire face à la professionnalisation d’un métier qui, pour beaucoup de jeunes, leur mettait le pied à l’étrier. « Et puis c’est une fausse bonne idée. Les colonies de vacances vont faire face à encore plus de difficultés de recrutement, car les animateurs préféreront, dans ce cas-là, des contrats classiques », analyse Laurent Cluchier. « Ce qui nous inquiète d’autant plus sur ce sujet, c’est que même les syndicats ont du mal à être clairs vis à vis de cette réforme. »
Avec moins d’animateur, le centre serait également contraint de revenir sur son accueil sans réservation, chose qui fait une de ses particularité. « Pour nous, cela serait tragique pour les jeunes qui profitent de ces contrats mais aussi cela serait une véritable chute d’un service public. » Pour faire bouger les choses, les équipes du centre et les communes ont envoyé une lettre à Sarah El Hary, Secrétaire d’Etat chargée de la jeunesse et du service national universel. Ils y demandent de maintenir l’usage du CEE pour les accueils collectifs de mineurs gérés par des associations d’éducation populaire à but non-lucratif dans le cadre extrascolaire ainsi que l’ouverture d’un débat sur la revalorisation des CEE. « Cette réforme, c’est une mise en danger de la structure », a commenté Christian Delbrel, premier édile cassipontain.
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