Quidam Hebdo. : Quel est votre parcours qui vous a amené il y a plus d’un an jusqu’à ce poste de directeur du château de Bonaguil ?
Gauthier Rosso. : Je suis natif de Villeneuve-sur-Lot. J’ai fait une licence de maîtrise d’histoire de l’art à Bordeaux. Pour ma dernière année de fac, je me suis orienté vers Cahors, plus exactement sur l’antenne de la fac de Toulouse et j’y ai fait un master pro valorisation du patrimoine, avec l’objectif à l’époque de travailler un jour dans un site comme celui-ci. Entre ces années-là, j’ai fait une saison au château en tant que guide saisonnier. C’est là que j’ai fait la rencontre de Patrick Arassus, l’ancien directeur. J’ai finalement terminé mes études en 2007 et je suis arrivé à l’Office de tourisme de Villeneuve-sur-Lot en 2008. Au départ, j’étais en charge du volet patrimoine. Mon poste s’est par la suite orienté sur la communication quand le service Pays d’art et d’histoire de la Ville a été monté en ville. J’ai appris que Patrick Arassus allait quitter son poste de directeur du château, donc j’ai postulé en avril 2022, avant la parution d’une offre d’emploi. Il m’a fallu attendre le mois de décembre de la même année pour avoir une bonne nouvelle à ce sujet. Enfin, j’ai pris la position de directeur au mois de mars 2023. Aujourd’hui dans ce travail se rejoignent ma passion pour le patrimoine et mon expérience de la communication et l’événementiel. C’est la synthèse de tout ce que j’ai aimé faire dans ma vie.
Q.H. : Quel est votre premier souvenir du château ?
G.R. : Je connaissais ce château dès petit, comme tous les gamins du Villeneuvois qui y faisaient au moins une fois une sortie scolaire. Mais mon premier souvenir marquant avec Bonaguil ne prend pas place durant l’enfance, mais plutôt l’adolescence, je venais voir l’embrasement du château, mais là encore, on ne parle que de l’extérieur de l’édifice. Quant au cœur du bâtiment, il faut revenir à mes années de fac. J’avais choisi comme sujet de Maîtrise « La politique des sites majeurs d’Aquitaine ». J’ai pu alors visiter les 13 sites majeurs d’Aquitaine, dont le château de Bonaguil.
Q.H. : Qu’est-ce que vous évoque ce monument ? Qu’a-t-il de si particulier par rapport aux autres châteaux ?
G.R. : C’est un château fort monumental qui est resté dans cette même configuration à travers les siècles. Souvent, les châteaux ont évolué à partir du 18ème siècle. Bonaguil, quant à lui, a été un temps abandonné, donc pas de changement en vue. C’est un château très cohérent avec le style architectural de son époque de sortie de terre, et ça, c’est très différent. Je pense aussi que son côté médiéval fait rêver une grande variété de publics. Il a été mis en tourisme dès les années 50, donc il a eu un certain temps pour se faire un nom et devenir le site patrimonial le plus visité du département.
Q.H. : Alors, quel bilan avez-vous tiré sur la dernière saison touristique pour Bonaguil ?
G.R. : Quand je suis arrivé l’an passé, le château avait déjà ouvert ses portes au public un mois avant. Il fallait gérer les urgences et préparer la saison en me basant sur ce qui se faisait au château avant que je n’y arrive ? J’avais aussi une certaine volonté d’observer une saison entière pour en conclure ce qui fonctionnait ou non à Bonaguil. Je ne voulais pas tout révolutionner, au risque de changer quelque chose qui marchait bien. La saison s’est très bien passée, après, il faut aussi rappeler qu’en 2022, nous connaissions un vrai retour d’affluence touristique post crise sanitaire, mais pas total, alors en 2023, il était assez logique de faire mieux. On a retenu 5% d’augmentation de fréquentation (60 000 visiteurs au total).
Q.H. : Depuis, quels sont les éléments forts sur lesquels vous voulez travailler à l’avenir pour le château ?
G.R. : J’aimerais travailler un positionnement. Comment vend-on le château ? Bonaguil c’est un château fort mais des châteaux forts, il y en a d’autres. Donc on travaille sur comment le différencier des autres et que mettre en avant quand on communique sur Bonaguil pour se démarquer. Par exemple, le château de Castelnau en Dordogne, c’est le château et musée de la guerre au Moyen Age. On sait d’emblée ce qu’on peut trouver sur ce lieu. Nous à Bonaguil, on n’a pas de personnage marquant ni une collection particulière sur laquelle tabler, on est plus sur une ruine dans un superbe état de conservation. Pour le public, il nous faut lui trouver une identité propre.
Q.H. : Quel est le potentiel d’un monument comme Bonaguil ?
G.R. : Je pense qu’on en a encore sous la pédale ? Cela dépend de l’ambition et de la volonté des élus. Après tout je ne suis que directeur. Je ne décide pas des moyens attribués au château. S’il est décidé d’injecter de l’argent sur ce lieu, on pourrait ouvrir huit salles supplémentaires dans la partie du logis seigneurial. On pourrait aussi imaginer une scénographie, avec une thématique à chaque salle, remeubler d’autres avec des copies de mobilier d’époque. Ainsi, on développerait facilement la fréquentation.
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