Conseil départemental 47 : sur fond de crise économique, prises de bec entre l’opposition et la majorité

Sans surprise, la situation de crise budgétaire en approche au Département a souligné quelques tensions entre la majorité à gauche et son opposition de droite.

0 Shares

L’unité politique que la présidente Sophie Borderie appelle de ses vœux n’aura pas duré bien longtemps. La semaine passée, elle avait invité les diff érents chefs de groupe à une réunion préalable à la session du vendredi 25 octobre portant sur le budget. Sauf qu’entre-temps, l’équipe de 100% Lot-et-Garonne, emmenée par Pierre Chollet, s’est répandue dans la presse. Un « moyen de faire avancer le débat » pour les uns, une action « juste stérile » pour les autres… Chacun se fera son avis. Au-delà de ces considérations purement politiques, comme l’a rappelé Arnaud Devilliers, élu sur le canton du Pays de Serres, plusieurs empoignades ont agité la séance. Sur l’investissement, l’opposition reproche à l’exécutif départemental de ne pas avoir profi té des faibles taux en sortie de période covid pour solliciter les banques (21 M€ sur deux ans à l’époque, contre 35 M€ d’emprunt pour la seule année 2024 dans des conditions moins avantageuses). « Il fallait investir massivement pendant ces années fastes sur de grands projets départementaux », estime Pierre Chollet. Une position que la majorité trouve quelque peu incohérente. « Il faut rappeler qu’avant le covid, le niveau d’investissement était inférieur à 50 M€. Nous avoisinons aujourd’hui les 90 M€. Dire que nous n’avons pas assez dépensé, c’est déformer la réalité. Quant au reproche de ne pas avoir emprunté quand les taux étaient bas, nous avions la capacité d’auto-financer les projets », rétorque Christian Dézalos, vice-président en charge des Finances.

Manque de concertation

Plusieurs autres griefs ont été portés pêle-mêle par le camp de centre-droit, comme l’instauration du repas à 2€ pour tous les collégiens au lieu d’appliquer le quotient familial, « une mesure démagogique qui coûte 1,5 M€/ an », le manque de mesures pour lutter contre la fraude sociale et d’une « politique volontariste de retour à l’emploi » ou encore l’absence de stratégie pour s’adapter à la nouvelle donne budgétaire… « Votre majorité départementale dépense trop et ne contrôle rien. Nous avions prévenu au moment de présenter le budget primitif 2024 qu’il fallait être debout sur les freins en organisant un plan global de maîtrise des dépenses de fonctionnement. Je regrette que nous n’ayons pas été entendus là-dessus », lance Pierre Chollet. La présidente Sophie Borderie s’étonne de ce qu’elle qualifie d’ « inconstance » : « Selon vous, quand le contexte national se dégradait, il fallait cramer la caisse puis après mettre les deux pieds sur le frein parce que l’on dépense trop… » C’est finalement avec un peu de recul sur ces joutes verbales que l’on comprend mieux la posture de l’opposition devant cette situation inquiétante. « Sans parler de dérapage financier, on estime qu’il y aurait pu avoir un peu plus d’optimisation et de performance dans la gestion du budget sans attendre d’y être contraint par une crise comme celle-ci. Certaines opportunités n’ont pas été saisies. Selon nous, c’est sur le fonctionnement qu’il faut faire des économies en renforçant le contrôle de gestion sur tous les postes. L’investissement, lui, doit être sanctuarisé. Un autre reproche que nous faisons, c’est sur le fait de ne pas être associés et consultés dans certains arbitrages. La présidente nous annonce qu’elle a trouvé 29 M€ d’économies mais sans rien détailler. Il est diffi cile d’être solidaire et de soutenir des mesures auxquelles nous n’avons pas participé et sur lesquelles nous avons peu d’informations », développe Arnaud Devilliers.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

− 2 = 1